Pieter Aspe : Fantasia au Plat Pays

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Le métier de flic à Bruges n’a rien d’une sinécure. Van In l’expérimente une nouvelle fois lorsqu’un crime est commis dans le milieu du cinéma flamand. Le corps calciné d’un inconnu, l’absence d’indices sérieux, ça sent mauvais. Comble de malchance, l’enquête se déplace à Anvers, où les Brugeois sont regardés comme des paysans.

Betterave sur le lisier (métaphore régionale de cerise sur le gâteau), il faudra se farcir le tandem Stoon et Chaerden, les inévitables fins limiers locaux. Déjà décontenancé à la vue de filles aux petits seins et aux hanches épaisses, puis franchement contrarié par l’obligation de renoncer à sa Duvel chérie, au profit de la bière locale, Van In est résolument désarçonné par les mœurs d’une communauté anversoise à la liberté sournoise. Le commissaire revenu de tout n’était cependant pas préparé à rencontrer Titinne, impressionnante sylphide aux battements de cils qui évoquent les ailes d’un colibri et aux soutiens-gorges qu’aucune femme ordinaire n’oserait jamais porter. Un polar qui vire au polhard. On l’a compris, cette enquête n’a rien d’une sinécure ; le lecteur devra déployer des trésors d’opiniâtreté pour en suivre les méandres. Et que dire de la morale de ce morceau de bravoure : Un Hollandais reste un Hollandais… Quand Magritte danse la java avec Breughel.

« Alibi », Pieter Aspe, Albin Michel, 300 pages, 19 €

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