Irina Dubois: « Ce qui est très difficile est de réunir des personnes vraiment opposées aux positions russes ou à la Russie »

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Irina Dubois est en charge du Dialogue franco-russe installé à Paris, qui met au coeur de son projet de « renforcer les relations franco-russes ». Coprésidé par Thierry Mariani et Sergueï Katasonov, le Dialogue franco-russe sous la direction d’Irina Dubois, elle-aussi franco-russe, organise plusieurs fois par mois des conférences sur des sujets qui ont trait à l’ensemble de ces questions. Irina Dubois évoque pour nous la mise en place de ces rencontres de haute tenue mais pour lesquelles elle rencontre des difficultés à élargir les intervenants, opposés à la Russie et à sa politique.

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Quelle est la genèse du Dialogue franco-russe ?
L’association Dialogue Franco-Russe a été créée en 2004 par des personnalités françaises et russes d’horizons différents mais toutes désireuses de renforcer la coopération entre les deux pays. Elle a été placée, dès sa création, sous le patronage des présidents français et russes, Jacques Chirac et Vladimir Poutine. Le Dialogue Franco-Russe est aujourd’hui l’un des instruments de communication entre les milieux politiques, économiques et culturels des deux pays mais aussi géostratégiques et les sociétés civiles. L’association est coprésidée par Thierry Marini, eurodéputé du côté français et M Serguei Katassonov, député de la Douma du côté russe.
On reçoit des personnalités de tout bord politique comme la porte-parole du Ministère des Affaires Russe, ou culturel comme Emir Kusturica, réalisateur et musicien mondialement connu.

Depuis sa création, avez-vous perçu une émulation de la part les personnalités conviées à débattre sur les relations franco-russes ?
Bonne question. En ce moment, nous sommes dans la position où je choisis et décide qui j’invite en tant que responsable de l’activité du Dialogue Franco-Russe. Toutes les semaines, nous recevons des ouvrages de différentes personnalités connues et moins connues pour les présenter au Dialogue. C’est un signe encourageant. Évidemment, le cœur de notre activité est la relation entre la Russie et le monde dans tous les aspects, ce qui limite en quelque sorte le nombre de manifestations. Mais en même temps, nous réalisons l’importance de la Russie dans le monde justement par un nombre croissant de sujets potentiels que le Dialogue pourrait évoquer. C’est aussi la fameuse globalisation.

Vous organisez des rencontres hebdomadaires. Comment choisissez-vous vos thèmes ?
À moment donné, j’ai compris qu’il est parfois intitule de planifier des événements 6 mois à l’avance à l’exception de manifestations culturelles dont l’instrument de langage est universel. Donc, l’idée est d’évoquer des sujets d’actualité brûlants dans le domaine franco-russe ou russo-occidental. Puisque c’est chaque fois un vrai succès, comme par exemple, notre conférence sur le vaccin Spoutnik V du 11 mars dernier qui a généré 180 k vues ce qui est très positif pour notre type et notre taille d’organisation. Je mets  également l’accent sur les experts et leur niveau ce qui permet de tirer la qualité des débats vers le haut et faire venir un public très varié.

Le panel des invités est très large et très souvent de grande qualité. Avez-vous su surmonter les réticences de certains à venir sur ces événements au fil des mois ?
La réticence existe et va continuer d’exister pour des raisons diverses. Les clichés comme ‘’la Russie est un pays de dictateur où le méchant président va occuper l’Europe et les mythes autour de l’extrême droite’’ ne sont pas nouveaux pour le Dialogue. En même temps à partir du moment où vous mettez de côté cette réflexion et que vous invitez tout le monde à la même table, vous vous apercevez que les gens sont curieux. Par contre, ce qui est très difficile est de réunir des personnes vraiment opposées aux positions russes ou à la Russie comme pays. Le risque est malheureusement de se réunir entre nous, dans notre petit cercle de confort dans lequel tout le monde pense pareil. C’est un piège et il est difficile de l’éviter. Je rêve de mettre soi-disant des ennemis de la Russie avec ses amis ensemble et observer ce que ça peut donner.

Quels seront les grands moments pour cette nouvelle rentrée ?
Nous accueillons jeudi 9 septembre Patrick Buisson, ancien conseiller politique et historien. Des personnalités de ce niveau intellectuel contribuent beaucoup au prestige de notre activité. Nous évoluons avec nos invités. Nous attendons également avant la fin d’année Emmanuel Todd et Sylvain Tesson sur des sujets très variés mais toujours en lien avec la Russie.

Et une question plus personnelle : quel rapport intime entretenez-vous avec la France, Irina depuis que vous y êtes installée?
Cela fait précisément 10 ans que je suis en France. C’est mon deuxième pays duquel je suis très proche, intellectuellement et affectueusement. D’abord par sa langue et après par sa culture, mais aussi par mes filles franco-russes, je m’y suis liée pour toujours. Sincèrement, je considère que l’union franco-russe est indispensable pour l’Europe, et à mon très petit niveau je vais continuer à nous rapprocher peu importe le contexte.

 

Plus d’informations sur le site du Dialogue franco-russe

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