François Normag: « C’est le défi des professeurs et  des gens de théâtre de permettre au jeune public de découvrir et de prendre plaisir à ces textes ainsi qu’à l’art théâtral »

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Le Festival d’Avignon ouvre ses portes le 7 juillet prochain. Ce sera l’occasion de se réapproprier les salles de spectacles, les petits théâtres et apprécier de très nombreuses pièces concoctées par des troupes indépendantes. François Normag, magicien, plusieurs fois primé et reconnu à l’international proposera dans la cité des Papes un Scapin new look dans une comédie qui associera magie, illusion dans l’univers de Molière. Entretien pour découvrir les coulisses de ce Wanted Scapin.

propos recueillis par

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D’où vous vient ce goût pour Molière?
Mon goût pour Molière remonte à ma découverte du film éponyme  d’Ariane Mnouchkine  que j’avais vu quand j’étais au collège. Cette révélation et la chance d’avoir eu une très bonne professeure de français m’ont conduit à explorer passionnément les textes classiques, j’ai  souvent pensé  au collégien que j’étais  lors du montage de Wanted Scapin. C’est le défi des professeurs et  des gens de théâtre de permettre au jeune public de découvrir et de prendre plaisir à ces textes ainsi qu’à l’art théâtral.

Qu’est ce qui vous plaît dans le personnage de Scapin?
C’est le metteur en scène Patrice Vrain Perrault qui m’a incité à développer le personnage de Scapin sous l’angle de la magie. En effet Scapin agit en illusionniste, non seulement dans sa façon d’aborder l’existence (on pourrait presque parler de philosophie) mais aussi de relever toutes sortes de défis à la façon d’un  magicien.  Le nom même de Scapin vient de l’italien scappare qui signifie s’évader… c’est une sorte d’Houdini.

Wanted Scapin, une pièce qui puise dans l’oeuvre de Molière. Comment avez-vous choisi la matière dans cet oeuvre monumentale pour donner à la sortie une intrigue policière?
Plusieurs pièces de Molière abordent les questions de justice (à laquelle l’auteur avait eu à faire!). On  y trouve des commissaires, des juges, des avocats… bien sûr dans Les Fourberies de Scapin, où ce qui est dit de la justice est étonnement actuel, mais également dans l’Avare, Le Tartuffe, Monsieur de Pourceaugnac…

 

 

Comment êtes-vous parvenu à mêler la magie et le merveilleux utilisés dans la pièce à l’écriture de Molière ?
Wanted Scapin est en quelque sorte le préquel des Fourberies. Il s’agit d’une course poursuite où se mêlent plusieurs extraits de comédies et l’on retrouve plusieurs personnages emblématiques. Ils se trahissent à tour de rôle, la trahison est un sujet récurrent chez Molière, notamment dans Le Misanthrope. Alceste est selon moi la face sombre de Scapin. Il s’agit en fait de deux solitudes. Chacun composant un personnage à sa façon, se réfugiant soit dans une sombre intransigeance, soit dans une éclatante fantaisie.

La pièce se déroule dans les années 1900. Pourquoi cette date charnière ?
Le choix de l’année 1900 permet de faire des références au cinéma. On voit dans la pièce des extraits de films de Méliès, ainsi que  plusieurs courts-métrages réalisés par Rénald Magnier. Au début du 20e siècle, on projetait dans les théâtres forains les toutes premières œuvres cinématographiques. On y présentait  également des numéros de magie… autant d’éléments que je souhaitais voir apparaître dans le spectacle.
On dit souvent que notre époque est une époque de mutations, que dire alors de 1900 ?  Il s’agissait carrément de bouleversements sociaux, techniques, philosophiques… Dans la pièce,  la « Fée Electricité » joue un rôle particulier et on y voit que le progrès technique n’est pas toujours pour le bien de l’humanité, comme le démontre une terrible machine qui apparaît à la fin du spectacle.

Crédit Photo : J.Muller

 

Plus largement, qu’apportent selon vous l’illusion et la magie au théâtre ?
Cette machine est justement une machine magique, il s’agit d’une grande illusion originale qui s’intègre dans l’histoire, de même que tous les autres effets magiques.
Le jeu du théâtre est illusion : les deux arts sont apparentés, et dans notre cas l’illusionnisme est au service de l’intrigue et devient un langage théâtral.
A l’époque de Molière, on assiste à une émergence des thèmes merveilleux notamment dans les opéras de Lully (auxquels Molière avait participé ) avec des machineries et des effets qu’on appellerait aujourd’hui effets spéciaux. Là encore Wanted Scapin se situe dans cette tradition des « divertissements » du XVIIème  siècle où la musique avait aussi une part importante : la musique du spectacle a été composée par Edison Pullas Villaroel et soutient l’action.

Enfin pour revenir sur la question de ma découverte du théâtre, le fait d’avoir intégré des effets magiques rend la pièce particulièrement attractive  notamment pour des adolescents pour qui,  il faut bien le dire, les textes peuvent  être quelque peu  rébarbatifs… Nous faisons même des allusions à leur environnement musical contemporain. Ce ne sont pas des facilités pour séduire  le public. Au contraire nous multiplions les difficultés et les exigences (en terme de mise en scène et de technique magique entre autres). Mais sur la question de « plaire »,  rappelons la célèbre phrase de Molière : « je voudrais bien savoir si la plus grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire ».

 

Festival d’Avignon du 7 au 30 juillet 2021
Représentations tous les jours à 15H10 : Espace ALYA, 31 bis rue Guillaume Puy
Relâche les lundis 12, 19, 26
Réservations : 04 90 27 38 23

Comédie de François Normag avec Charly Labourier, Aurélie Lepoutre et Pierre Carbonnier. Mise en scène Rachel Ruello et Patrice Vrain Perrault

Plus d’infos sur la pièce : www.wantedscapin.com

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