Hélène Tysman : « Simplement, j’aime Bach dans ce qu’il offre d’éternellement renouvelable dans l’imagination de chacun »

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« Trop longtemps nous avons cru Bach une musique « sobre » alors qu’elle est tout le contraire. Nous avons enfermé la musique classique comme une langue « morte », sans couleurs alors qu’elle est la vie ! » La pianiste Hélène Tysman à l’oeuvre déjà riche revient avec ce nouvel album « Prisme Bach » et nous invite à écouter ou à réécouter Bach pour nous réapproprier la musique classique. Entretien.

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Hélène, tout d’abord comment avez-vous vécu cette crise sanitaire en tant qu’artiste ?
Comme une introspection, c’est-à-dire le quotidien d’un artiste. Plonger en soi pour y trouver sa lumière. Traverser tout ce qui nous ferait douter, nous scinder ou nous enfermer pour au contraire embrasser toutes les parties de soi et s’ouvrir à ce qui ne demande qu’à danser, même sous la pluie ! Bref, retour à l’essentiel, le vrai. Pas celui du supermarché. Celui qui nous nous interroge sur ce que nous ferions de vraiment important s’il nous restait 24h à vivre…

A quand remonte votre passion pour Bach ? Et pourquoi ?
Depuis toujours ! N’est-ce pas le cas pour vous, si je vous parle du cosmos, de Dieu, de la Vie ? Voilà ce qu’est Bach…

On imagine que vous aimez aussi la période baroque. Qu’est ce qui vous attire à ce sujet ?
Oui, et non ! Je ne suis pas musicologue. Simplement j’aime Bach dans ce qu’il offre d’éternellement renouvelable dans l’imagination de chacun. En Allemand, imagination se dit « Fantasie ». Et c’est le propre de la musique baroque que d’aimer la fantaisie à tout va, celle qui nous permet de créer et recréer chaque parcelle de notre vie à chaque instant. Trop longtemps nous avons cru Bach une musique « sobre » alors qu’elle est tout le contraire. Nous avons enfermé la musique classique comme une langue « morte », sans couleurs alors qu’elle est la vie !

«Une pianiste inspirée d’hypnose aux notes hypnotiques ». Qu’est ce que cela nous dit de vous et de Prisme ?
Que je me suis intéressée aux sciences humaines depuis plusieurs années (en réalité depuis toujours mais plus officiellement dernièrement !), curieuse de l’esprit humain. je me suis formée à l’hypnose et accompagne depuis plusieurs années les hommes et les femmes de tous bords à manier leur esprit dans le sens qu’ils le souhaitent. Ainsi, la vie est un prisme qui nous permet de voir, d’expérimenter, de vivre et d’aimer ce que nous choisissons. Un outil pour voir. Et la conscience qu’il existe une infinité de facettes d’un même prisme : la conscience.

Est-ce que Bach peut redonner le sourire à celles et ceux qui l’ont perdu durant cette crise sanitaire, humaine et sociale ?
Évidemment ! Bach a eu une vie bouleversante. Il a été raillé, insulté par ses pairs, traité de médiocre, enfermé en prison, a provoqué, s’est rebellé, a pardonné et s’est pardonné, a instruit ses dix enfants tout en composant des chefs-d’œuvre et ses cantates hebdomadaires. Or ce que l’on entend dans sa musique n’est rien d’autre que la joie. Même dans ses pages les plus profondes, les plus graves, surtout dans celles les plus mystiques, la joie est éternellement là, légère, précédent toute chose. Il n’y a rien de lourd, jamais. On y sent l’homme qui passe à travers sa vie d’homme, avec sagesse et discernement. Il y a dans nos pires abimes tout le souffle de notre lumière. Voilà ce que dit Bach. Et il ajoute, comme un testament entre deux lignes musicales, que chaque partition est à recréer, à inventer, perpétuellement, comme savaient le faire les musiciens de l’ère baraque, eux qui ornementaient toujours toute partition, improvisant ou inventant…

 

Hélène Tysman « Prisme Bach » – Klarthe Records

( crédit photo Lou Sarda)

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