Hold-Up, Didier Raoult ou DonaldTrump : la grande confusion
Tribune d’Anne Sophie Chazaud, essayiste et chroniqueuse dans plusieurs titres de presse ( dernier livre paru « Nouvelles formes de la censure contemporaine. » aux éditions L’Artilleur).
La grande confusion.
Difficile de ne pas subir la stratégie du choc qui est actuellement déployée, consciemment ou de façon réflexe, par les bénéficiaires et prébendiers du pouvoir tel qu’il se distribue depuis l’après-guerre, au plan idéologique comme aux plans théoriques et pratiques. Il s’agit à vrai dire d’un festival.
La Confrérie des Diafoirus décide de réprimander le Professeur Raoult, forcément coupable d’avoir soigné avec succès d’innombrables patients pour pas trop cher et de façon pragmatique. Je ne suis ni une adoratrice ni une contemptrice du médecin marseillais : cette partition binaire des choses m’indiffère. Je constate en revanche que, plutôt que de lui opposer des données claires et des contre-arguments solides, ses ennemis font tout pour le disqualifier : les accusations de charlatanisme visant un spécialiste mondialement reconnu et dont le protocole est utilisé dans de nombreux pays prêtent à sourire et je pense que, pour paraphraser Chirac, cela lui en touchera une sans faire bouger l’autre, tandis que d’obscurs aigris tenteront jusqu’au bout de lui mordiller les jarrets.
Ce qui est ici préoccupant est la volonté, hystérique et véhémente (volontiers incarnée par le pétage de plombs de Véran à l’Assemblée) de faire taire les propositions et avis divergents de la doxa officielle (ce que politiquement on appelle la démocratie).
Si par malheur vous la contestez, l’incantation magique de «complotisme» s’abat sur vous aux fins de vous fermer le clapet vite fait bien fait.
« Ce qui est ici préoccupant est la volonté, hystérique et véhémente (volontiers incarnée par le pétage de plombs de Véran à l’Assemblée) de faire taire les propositions et avis divergents de la doxa officielle (ce que politiquement on appelle la démocratie) »
Dans mon livre, je consacre un important chapitre, comme j’ai eu l’occasion de le dire, à cet affrontement idéologique autour des notions de fake news et de «post-vérité» (dont je conteste philosophiquement la validité conceptuelle et opérationnelle). J’y reviens sur la conception d’Hannah Arendt -que je reprends à mon compte- relative à la «vérité de fait» en pointant que l’accès au réel, aux faits, est précisément rendu opaque par ceux qui ont intérêt à cette opacité.
Si vous voulez montrer les exactions commises par Daech, par exemple, ou si vous dites que l’assassin de Samuel Paty était un migrant, vous serez censuré voire psychiatrisé, pour ne prendre que ces exemples récents et particulièrement criants.
On rend le réel inaccessible, indicible, par verrouillage idéologique, on le frappe d’interdit, on en censure l’expression et la manifestation, et ensuite l’on se plaint perversement en accusant le petit peuple d’être complotiste, ce qui permet de lui supprimer ce qui lui restait d’esprit critique.
« On rend le réel inaccessible, indicible, par verrouillage idéologique, on le frappe d’interdit, on en censure l’expression et la manifestation, et ensuite l’on se plaint perversement en accusant le petit peuple d’être complotiste, ce qui permet de lui supprimer ce qui lui restait d’esprit critique »
Le traitement réservé au film Hold Up consacré au délire hygiéniste mondial que nous subissons depuis bientôt un an est un autre exemple de cette injonction perverse et paradoxale. Il est très bien fait, très instructif, présente une certaine vision de cette pandémie à travers de très nombreux témoignages, il y a du bon grain et de l’ivraie, mais c’est un documentaire qui fait réfléchir. Bien sûr, comme il ne va pas dans le sens de l’Ordre sanitaire mondial (premier vrai exemple d’une gouvernance mondiale échappant totalement aux souverainetés populaires et démocratiques), et parce que certains interviewés partent parfois dans des considérations curieuses, le couperet s’abat : complotisme !
« Le documentaire Hold Up très bien fait, très instructif, présente une certaine vision de cette pandémie à travers de très nombreux témoignages, il y a du bon grain et de l’ivraie, mais c’est un documentaire qui fait réfléchir »
Grâce à cette accusation, comme avec «populiste », «fasciste» ou apparenté, on clôt tout débat. Pas besoin de se donner la peine d’apporter de la dialectique ou des démonstrations contraires. Pratique.
Les élections américaines enfin fournissent pareillement un excellent exemple de cette situation paradoxale dans laquelle ce sont les chantres de la démocratie libérale les plus fervents qui refusent et renâclent à ce que les innombrables anomalies de ce scrutin soient étudiées et analysées. Eux qui devraient pourtant avoir soif de vérité et de démocratie et qui couinent au fascisme en toute circonstance.
De nombreux recours vont être examinés, rien n’est joué, il est désormais établi que de très nombreuses malversations ont été organisées autour de cette élection mais le camp du Bien voudrait au plus vite enterrer la recherche de la Vérité ? Qu’est-ce à dire ? Que la fin justifie les moyens ? Que le rapport au réel n’a plus d’importance? Et ce sont les mêmes qui ensuite n’ont que l’accusation de «fake news» à la bouche ? Et une fake élection, ce serait moins dérangeant ? Tout ceci n’est pas sérieux.
Si, au terme d’un examen transparent des malversations, Trump est battu, il partira, comme de normal. Si au contraire il est établi que le scrutin a été modifié en profondeur dans sa sincérité et dans son résultat réel, il demeurera le président élu, ce qu’il est encore jusqu’à ce que le collège électoral en décide éventuellement (ou pas) autrement, n’en déplaise aux médias qui ont subitement décidé de se substituer aux institutions démocratiques.
Il est amusant dans ce contexte de voir que LREM et ses habituels affidés, considérant avec gourmandise les possibilités de fraude offertes par ce système, font subitement l’apologie du vote par correspondance. Plus c’est gros, plus ça passe.
« Il est amusant dans ce contexte de voir que LREM et ses habituels affidés, considérant avec gourmandise les possibilités de fraude offertes par ce système, font subitement l’apologie du vote par correspondance. Plus c’est gros, plus ça passe »
Dans ces différentes affaires, c’est toujours la même question qui revient, lancinante : celle du sentiment plus que dérangeant qu’on préfère, pour préserver un certain ordre établi, une injustice à un désordre.
Les censures (Réseaux sociaux, médias, confréries de carabins etc…) ne changeront pourtant rien à la volonté des peuples de disposer d’un accès libre à l’information, au réel, et à la possibilité de juger par eux-mêmes sans qu’on vienne leur dicter leur pensée.
La tentative de Hold Up sur les procédures globales d’accès des peuples au débat public, aux arguments contradictoires, à l’agora, est toutefois très violente et il importe en ces temps troublés de ne pas se laisser impressionner et de tenir bon la barre, chacun à son poste.