Remaniement ministériel : les actes doivent changer autant que la méthode !

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Tribune de Bruno Pomart – Président fondateur de l’association Raid Aventure Organisation

Les 55 jours de confinement que nous avons vécus ont engendré la plus grande récession économique de l’Histoire moderne : l’économie mondiale se retrouve atteinte dans ses fondements les plus profonds. L’Europe est touchée de plein fouet par ses conséquences, et la France, en particulier, devrait faire partie des pays les plus affectés.

Aujourd’hui, plus encore qu’à l’ordinaire, nul ne peut prédire ce dont demain sera fait. Cette incertitude fait naître chez bon nombre de nos concitoyens des craintes justifiées… Mais également, chez certains, un besoin de « faire payer » des boucs-émissaires à travers des actes, eux, tout à fait inadmissibles – je pense notamment à ce chauffeur de bus tabassé à mort pour avoir demandé à quatre individus de respecter le protocole sanitaire dans son véhicule, ou encore à cette gendarme du Lot-et-Garonne fauchée par un chauffard !

Suite au remaniement ministériel du 7 juillet 2020 et à la nomination de Jean Castex en remplacement d’Édouard Philippe à Matignon, le Président Macron a appelé à un « changement profond de la méthode » gouvernementale, orientée autour de quatre grands axes : la relance et la reconstruction du pays, la volonté de s’associer le concours plus récurrent des élus locaux et régionaux ainsi que des forces vives de notre pays, le patriotisme républicain et le renouveau européen.

Face à tous les défis, sociaux et environnementaux, que cette récession inédite, brutale – et surtout volontaire – va imposer à notre société, j’ose espérer que cet appel au changement ne s’arrêtera pas à la « méthode », mais que les actes vont bel et bien suivre, avec efficacité, rapidité et humanité.

Ce « gouvernement de combat », il faudra certes qu’il lutte, mais sans oublier que ses objectifs ne sont pas guerriers. C’est une lutte pour l’égalité des chances, pour un cohésion sociale retrouvée, pour un pacte républicain restauré. Si méthode guerrière il doit y avoir, il faut qu’elle choisisse bien ses cibles, et ces cibles, pour ne citer que les plus importantes à mes yeux, ce sont l’intégrisme religieux, les enclaves territoriales délaissées par l’État, le grand banditisme, et le décrochage scolaire.

Il reste 600 jours à ce nouveau gouvernement pour convaincre et nous mener à ce « changement » tant attendu. Mais les Français, eux, ne restreignent pas leur vision de l’avenir aux 600 prochains jours : leur avenir, ce sont les 5 à 10 prochaines années – selon les projections des économistes – durant lesquelles nous paieront notre tribut au Covid-19. J’espère donc aussi que ce gouvernement va agir avec une portée à moyen et à long terme, car de nombreux quartiers sont déjà de véritables poudrières et ne sauraient admettre un nouvel « échec politicien » !

 

« J’espère donc aussi que ce gouvernement va agir avec une portée à moyen et à long terme, car de nombreux quartiers sont déjà de véritables poudrières et ne sauraient admettre un nouvel « échec politicien » ! »

 

Le premier impératif, à mon sens, consiste donc à rétablir l’autorité de l’État, à la fois par sa présence sur l’ensemble du territoire – y compris les quartiers et y compris au-delà des « Quartiers d’été » auxquels mon association Raid Aventure s’associe pleinement – et par son soutien sans faille, dans les mots comme dans les gestes, à ses représentants : les forces de l’ordre et la justice.

Face aux flambées de violence que connaît actuellement notre pays, donner les moyens à notre police de faire correctement son travail et former ses membres à intervenir dans des situations de plus en plus dangereuses n’est plus une option : c’est non seulement une affaire de confiance entre population et police, mais surtout une affaire de vie ou de mort pour ces hommes et ces femmes de terrain.

Un peuple qui ne se sent pas en sécurité se met à chercher des coupables et finit par se venger lui-même : nous ne pouvons pas nous permettre d’en arriver là. Il faut « remettre la mairie au centre du village », si M. Darmanin me permet de reprendre son expression, et revenir à un ordre républicain juste.

 

« Un peuple qui ne se sent pas en sécurité se met à chercher des coupables et finit par se venger lui-même : nous ne pouvons pas nous permettre d’en arriver là »

Pour cela, le gouvernement doit aussi miser sur l’éducation. « Méritocratie » ne devrait plus être un « gros mot » dans notre pays. Oui, nos enfants méritent d’avoir les mêmes chances de réussir et de pouvoir en être fiers, peu importe leur origine sociale ou géographique. Récompenser le mérite est le seul moyen, selon moi, de redonner le goût de l’apprentissage, notamment aux décrocheurs. Et quand je parle de mérite, je n’inclus pas seulement les résultats scolaires, trop souvent restrictifs, mais aussi les savoir-faire et savoir-être propres à chaque enfant, qui devrait s’en trouver félicité autant que possible.

Mais pour que ces mérites « périscolaires » soient détectés et valorisés, il faut également donner les moyens au maillage associatif de se redensifier dans les quartiers où il a pratiquement disparu, et s’appuyer sur les élus et les collectivités locales afin d’encourager les initiatives, tant économique, que sociales et culturelles, adaptées au niveau local.

Concernant les associations, nous devons à tout prix mettre au point une charte républicaine, que toutes les associations percevant des subventions publiques s’engageraient à signer et à respecter, assortie de contrôles des destinations de ces subventions. Acteur associatif moi-même, il me paraît normal de devoir justifier nos dépenses quand nous percevons une partie de l’argent des Français. Cela permettrait ainsi de juguler le flot de subsides qui financent des associations contraires aux valeurs de la République.

 

« Concernant les associations, nous devons à tout prix mettre au point une charte républicaine, que toutes les associations percevant des subventions publiques s’engageraient à signer et à respecter, assortie de contrôles des destinations de ces subventions. »

J’ai conscience que la mission de notre gouvernement ne sera pas aisée et je suis sûr qu’il mesure pleinement l’étendue de sa tâche. Si j’ai souhaité m’exprimer ici, c’est pour lui rappeler que les attentes et les espoirs des Français ne sauraient être déçus cette fois-ci : il leur faudra « trouver un sens » à l’épisode Covid-19, et ce sens, il faudra que l’action gouvernementale le leur apporte en s’engageant véritablement – et non plus seulement par des discours – sur une voie écologique et humaniste où chacun pourra trouver sa place.

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