Sylvain Jaeger (France 3): « Rémi Gaillard est coutumier de ce genre de pratique. Il ne m’a pas prévenu de l’enregistrement de notre conversation »

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Sylvain Jaeger est le rédacteur en chef adjoint de France 3 Occitanie. Rémi Gaillard, youtubeur et candidat à la Mairie de Montpellier, ulcéré de ne pas avoir été invité au débat des municipales sur France 3, a enregistré à son insu une conversation téléphonique avec Sylvain Jaeger pour connaître les raisons de sa non-invitation. Cette séquence enregistrée et diffusée par Rémi Gaillard a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Elle a dépassé sur Twitter les 300 000 visionnages.

propos recueillis par

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Depuis ce débat du 11 mars a été annulé car certains candidats ont dénoncé « une disqualification abusive ». On rappellera qu’il y a 14 listes à Montpellier et 4 candidats étaient conviés à ce débat. Sylvain Jaeger a accepté de répondre à nos questions sur cette polémique.

Une question très générale pour commencer, comment se positionne France 3 Occitanie sur ces élections municipales : pourquoi le choix éditorial d’élargir aux villes moyennes par rapport aux années précédentes ?
Jusqu’à présent, lors des élections municipales, France 3 ne réalisait des débats que dans les métropoles régionales. Cette année, en cohérence avec la priorité que nous donnons à la proximité, nous avons invités également les candidats des villes moyennes. Pour les cinq départements couverts par notre antenne, nous avons réalisé douze débats dans la région.

Nous avons réalisé tous ces débats dans notre site montpelliérain, un studio dont les dimensions et les contraintes liées à la sécurité ne permettent pas d’accueillir un grand nombre de candidats. Notre projet éditorial était aussi de permettre des échanges entre candidats, de proposer des débats de fond sur les programmes des différentes listes, de conserver la maîtrise des thèmes abordés.
Proposer une succession de candidats disposant de 3 minutes chacun pour exposer leur projet ne correspond pas à l’idée que nous nous faisons d’un débat politique. Pour ces différentes raisons, nous avons fait le choix de ne pas inviter plus de quatre candidats par débat.
Par ailleurs, nous avons organisé 3 débats citoyens à l’issue de ces débats très politiques. Il s’agissait de donner la parole aux citoyens sur de thèmes de campagne : les centres villes, les problèmes d’environnement et de transport. Nous nous sommes également interrogés avec des jeunes, des gilets jaunes… sur l’impact des mouvements sociaux sur les programmes politiques des candidats . Une manière d’élargir le débat au-delà des partis traditionnels.

 

« Notre projet éditorial était aussi de permettre des échanges entre candidats, de proposer des débats de fond sur les programmes des différentes listes, de conserver la maîtrise des thèmes abordés »

 

Vous avez déjà organisé 12 débats pour ces municipales où vous n’avez invité que 4 candidats. Est-ce que les sondages sont-ils un marqueur pour identifier les candidats les mieux placés? Ou y-a-t-il d’autre indicateurs?
Les sondages ne sont qu’un des marqueurs, d’autant que chaque sondage donne des résultats souvent très divergents (c’est d’autant plus le cas sur Montpellier et sur cette campagne). Un sondage n’a pas valeur d’élection et c’est pour cette raison que nous prenons un autre marqueur : Les résultats des précédentes élections. Nous regardons également la capacité d’une liste à animer une campagne.

 

« Les sondages ne sont qu’un des marqueurs, d’autant que chaque sondage donne des résultats souvent très divergents (c’est d’autant plus le cas sur Montpellier et sur cette campagne) »

 

 

Rémi Gaillard a diffusé un enregistrement d’une conversation que vous avez eu ensemble sur le fait qu’il n’ait pas été invité à ce débat. La séquence a fait le buzz. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet? Assumez-vous toujours ce choix?
Rémi Gaillard est coutumier de ce genre de pratique. Il ne m’a pas prévenu de l’enregistrement de notre conversation, ce qui est contraire à la loi. Maintenant, je n’intenterai aucune procédure à son encontre car je n’ai rien à cacher. Mon seul regret concerne les mots utilisés à propos d’un autre candidat et je m’en suis excusé auprès de ce dernier. Je voulais simplement exprimer que personne n’avait été privilégié contrairement à ce que voulait faire croire Rémi Gaillard.

 

« Rémi Gaillard est coutumier de ce genre de pratique. Il ne m’a pas prévenu de l’enregistrement de notre conversation, ce qui est contraire à la loi. Maintenant, je n’intenterai aucune procédure à son encontre car je n’ai rien à cacher »

 

Pour le reste, j’ai rappelé que la démocratie était garantie par des règles. La liberté de la presse en fait partie. Mais liberté ne veut pas dire absence de contrôle. Pendant toute la durée de la campagne, les temps de paroles donnés à chaque candidat sont contrôlés par le CSA à qui nous rendons des comptes. De même, chaque candidat qui se sente sous représenté peut se retourner vers le CSA pour demander arbitrage et réparation.

Enfin, France 3 Occitanie a finalement décidé de ne pas organiser ce débat et l’a annoncé ce 10 mars. L’annulation est-elle liée à la diffusion de cette séquence par Rémi Gaillard? Et comprenez-vous le sentiment de « disqualification abusive » de la part des autres candidats?
Les deux invités les mieux placés dans les sondages ont décidé de se retirer du débat. Nous n’allions pas organiser un débat dans ces conditions .

 

(capture d’écran du compte twitter de Rémi Gaillard)

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