Christophe Baeza (Vélos Thirtyone) : « Espérons que la mobilité ne devienne pas une vaine promesse électorale pour les municipales »

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Il est le fondateur de « Thirtyone » une startup toulousaine qui produit des vélos électriques de nouvelle génération. C’est dans cette entreprise qu’a vu le jour le premier vélo électrique français qui se recharge à la décélération. Christophe Baeza a abordé pour Putsch des sujets qui sont à l’ordre du jour de la campagne pour les municipales 2020, la plus « verte » de l’histoire de France.

propos recueillis par

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D’abord, quelle est la spécificité de vos vélos ?

Depuis nos débuts nous avons toujours cherché à fabriquer des objets de mobilité plus que des vélos et ce n’est pas qu’un argument marketing. Dans « objet », on entend un vélo que vous puissiez mettre dans votre salon tout en respectant la beauté des lieux. Tous nos choix sont dictés par le design. Il faut que ce soit beau (du moins à nos yeux). Par « la mobilité », on entend un vélo qui mette l’innovation en avant et ce n’est pas un hasard si nous avons été le 1er vélib électrique de France, le 1er vélo à changement de vitesse automatique et le 1er vélo qui recharge à la décélération.

A quel public vous adressez-vous ?

Nous nous adressons aux particuliers à travers des demandes d’essai que vous pouvez faire sur notre site internet. A partir du mois prochain, nous serons présents sur Toulouse, Montpellier, Bordeaux puis dans les 20 plus grandes villes de France avant la fin de l’année. Nous nous adressons aussi aux collectivités et aux entreprises à travers des solutions comprenant des vélos, des bornes et des services de maintenance.

La marque Thirtyone a-t-elle reçu des récompenses ?

Il y a un fort intérêt autour de nos modèles de vélo et, en effet, nous avons reçu des prix. Par exemple celui de l’ « Entreprise coup de cœur d’Occitanie » et celui de l’ « Entreprise la plus innovante de Haute Garonne ». De plus, actuellement, nous sommes en finale nationale de « Let’s Go France », l’énorme concours des startups françaises.

 

« Les collectivités doivent s’emparer des nouvelles mobilités »

 

La mobilité est un sujet d’actualité. Quel est le point d’observation pour aborder cette question ?

Nous pouvons partir d’un point d’observation chiffré et quantifiable. Si on prend l’exemple de Toulouse, la démographie augmente de 15000 personnes par an, ce qui oblige à créer 50 000 déplacements quotidien supplémentaires. Vu que nous ne pouvons pas élargir les rues, nous sommes obligés de penser à de nouvelles formes de mobilité autre que la voiture dans les centres ville et le vélo est certainement le plus adapté.

 

Quel regard portez-vous sur les propositions faites par les candidats  aux prochaines élections municipales ? Par exemple, que pensez-vous de l’idée de créer de voies réservées aux différents véhicules ?

Je trouve fantastique que les différents candidats s’emparent du sujet des mobilités, c’est une très bonne chose. Espérons que ce ne soit pas une vaine promesse électorale. Dans tous les cas, la mobilité intra-urbaine et la mobilité rurale sont de gros enjeux sociaux et un candidat qui mettra ces sujets sous le tapis pendant son mandat est sûr de ne pas être ré-élu (tout comme l’écologie). Quand aux mesures, nous partons de pas grand chose, donc toute initiative est bonne à prendre même si je ne suis pas favorable aux voies en contresens réservées aux vélos dans les petites rues, il en va de la sécurité des cyclistes. Selon moi, nous devons penser l’aménagement urbain du plus vulnérable (le piéton) au plus sécurisé (la voiture).

 

« Il faut garder du lien entre le milieu rural et la métropole et la mobilité en est le fil »

 

Les entreprises pourraient-elles faire plus pour soutenir la mobilité douce ?

Il me semble que c’est en premier lieu les collectivités qui doivent s’emparer des nouvelles mobilités. Deuxièmement, ce sont les entreprises et elles commencent à le faire en proposant et surtout en déployant des plans de déplacement qui favorisent les mobilités autre que la voiture soliste (co-voiturage, vélo, trottinettes…). Maintenant, l’État doit les accompagner, il existe de timides mesures et des incitations fiscales mais nous devons passer à la vitesse supérieure.

Comment imaginez-vous les villes de demain ?

Je distingue deux types de villes. Les métropoles qui seront très connectées et où il n’y aura quasiment plus de voitures mais cela passe par une coordination et une plus grande efficacité des transports en commun. L’idée de certains candidats de mettre des pôles de parking aux entrées des villes me semble pertinent seulement si le temps de déplacement pour rentrer dans la ville ne s’en trouve pas rallonger en prenant un métro par exemple. Ensuite je pense aux villes rurales, qui devront être mieux desservies par le train et la voiture. La problématique n’est pas la même que dans les centres villes des grosses métropoles. Il faut garder du lien entre le milieu rural et la métropole et la mobilité en est le fil.

 


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(crédit photo à la une : Christophe Baeza fondateur de Thirtyone – © Thirtyone)

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