Crises en Amérique du Sud : inquiétudes à la frontière Pérou – Chili

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Par Guillaume Asskari, depuis Tacna (Pérou) – Depuis la crise économique au Venezuela ou encore la crise politique en Bolivie, les mouvements à la frontière entre le Pérou et le Chili sont plus importants. Nombreux ont essayé de passer la frontière pour vivre au Chili. Après un refus d’entrée, certains restent au sud du Pérou, dans la ville de Tacna.

Concernant la présence d’immigrés, les habitants ne sont pas tous du même avis à Tacna, ville du sud du Pérou. “Ils ne sont pas en conformité avec la loi péruvienne. Depuis un an, il y a une augmentation de la délinquance”, explique Camila, une vendeuse du centre La Caplina. “On ose pas trop se plaindre par peur de représailles” ajoute-t-elle. Il y a un an, la ville frontière était remplie de tentes et de commerce ambulants. Des migrants du Venezuela, de Colombie et d’Amerique Centrale s’accumulaient dans le centre ville et les alentours. L’objectif : partir vivre au Chili. Au consulat chilien de Tacna, le traitement des demandes étaient très long. « Pour faciliter le traitement, le gouvernement chilien a choisi de centraliser les demandes à Lima. Donc, ils sont tous partis vers la capitale. Il en reste quelques uns», explique Maria, vendeuse de bijoux au centre El Rey.

Désormais, le calme semble être revenu à Tacna. La crise chilienne et le refus des autorités compétentes ont découragés plusieurs migrants. “Certains sont repartis au Venezuela d’autres ont choisi de rester au Pérou”, raconte la vendeuse. Depuis la crise politique en Bolivie, il n’est pas rare de rencontrer des boliviens mais cela reste occasionnel. La majorité des habitants sont originaires de Puno, ville située à l’Est du pays, à la frontière avec la Bolivie.

« L’Etat nous aide pas assez pour le développement ni pour la gestion de la immigration »

Mario Ruiz, avocat et ancien maire du district de Gregorio Albaracin, nous dresse son bilan de la situation. « L’Etat nous aide pas assez pour le développement ni pour la gestion de la immigration. Je pense que la immigration est positive mais elle doit être régulée. Moi-même, je suis migrant. Ma famille est originaire du nord du Pérou et j’ai choisi le Sud. Je pense qu’il faut aider les populations les plus reculées, leur donner des moyens et des ambitions. C’est ce que j’essaye de mettre en œuvre pour mon district. », affirme-t-il en terminant un meeting politique. Mario Ruiz a décidé de se lancer pour les élections régionales qui auront lieu en 2021. “Il ne faut pas laisser grandir les inégalités dans les districts. Il est important de responsabiliser les habitants…”, ajoute-t-il.

Pour l’actuel gouverneur, Juan Tonconi, la gestion de la migration n’est pas la priorité de la ville. Ce dernier, qui n’a pas souhaité donner suite à notre demande d’interview, estime que le développement des infrastructures est une priorité.

 

Un impact sur le tourisme et l’économie

Tacna est la ville favorite des chiliens. L’une des raisons, il ne paye pas d’impôts sur les produits ou la santé est à moindre coût. Depuis la crise politique en Bolivie et la crise sociale au Chili, Tacna a connu un ralentissement économique. “Il y a moins d’affluence que l’année dernière en décembre” note Henri Belligand, gérant de la chaîne d’hôtels Casa Andina dans la zone sud (sans préciser cela ait dû aux différentes crises qui touchent l’Amérique du Sud)

Selon les statistiques de l’office de migration de Tacna, la fréquentation a chuté à partir du mois d’octobre. Environ 21% de chiliens en moins par rapport à l’an passé (pour le mois d’octobre-novembre), ce qui représente une perte considérable pour la ville de Tacna qui vit grace au tourisme.

 

Guillaume ASSKARI
Journaliste et producteur TV
Spécialisé sur l’Amerique Latine

(crédit photos G.Asskari)

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