« Paulownia » : Femme, intensément à fleur de peau

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La feuille du paulownia a la forme d’un cœur. En avril l’arbre devient orgueilleusement mauve, puis sa floraison se détache, avec une lenteur indolente et déconcertante, incarnant pour la narratrice l’histoire de sa vie.

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Elle a plusieurs fois exprimé le souhait que leur union se désagrège. Un jour, l’homme la quitte. L’hébétude passée, elle éprouve une solitude bien antérieure.

Le sentiment d’avoir traversé les saisons du couple comme une passagère clandestine. Se révolter, certes. Contre quoi ? Contre qui ? Lui, elle, la disparition du désir, le premier accroc à l’inanité tranquille du quotidien ? Ceci est une partition intensément féminine, dont le phrasé si subtile épouse le désarroi et accompagne le rebond, étonnant et salvateur. La poésie s’insinue par toutes les fenêtres de la maison Bocqui, comme le chant des oiseaux au retour d’une saison meilleure. « Deux ans après qu’il l’a quittée, elle commence à le quitter à son tour ». Le rouge est mis. Une femme de l’ombre revient en habit de lumière, aimantée par d’autres mains. Un train part, qu’elle ne prendra pas. Les éclisses, c’est fini.

Pressentie pour le Goncourt du premier roman (Une saison, Arléa, 2013), Sylvie Bocqui donne un troisième opus qui largue les amarres des promesses et cingle vers le grand large.
On mesure le privilège d’embarquer à son bord.

 


« Paulownia »

de Sylvie Bocqui – Arléa éditions
103 pages, 17 euros

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