Festival d’Avignon : quand Lewis rencontre Alice

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Macha Makeïeff pénètre dans le terrier de Lewis Carroll : avec « Lewis versus Alice », elle revisite l’univers fantasque de l’auteur et le connecte à sa vie personnelle.

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Charles Lutwidge Dodgson de son vrai nom, n’aura jamais dévoilé tous ses secrets ou toutes les facettes de sa personnalité. Professeur à Oxford, il a eu une enfance et une vie personnelle décousues. En rupture avec la société victorienne dans laquelle il évolue, il finira vieux garçon dépressif et marginal… Un être contradictoire, voilà ce que Macha Makeïeff décide de montrer en mettant en regard l’œuvre et le créateur. « Je souhaite m’approcher de sa personnalité énigmatique », commente la metteuse en scène. Il est ici surtout question de « Alice » : cette petite fille réelle et fictionnelle qui a eu une grande importance dans sa vie devient le cœur d’un spectacle nimbé de duplicité et de faux-semblants. Il y a deux Charles, il y a deux Alice. Le yin et le yang, l’ombre et la lumière, le rêve et la réalité, la folie et la raison… L’œuvre phare de Carroll est bien sûr le fil rouge de la pièce, car pour Macha Makeïeff, « Lewis c’est Alice ».

Ceux qui ne connaissent Carroll que par le livre seront d’ailleurs peut-être un peu perdus… A contrario, si l’on a eu vent de la vie de l’atypique auteur, « Lewis versus Alice » est une petite gourmandise. Loin des clichés ou de la polémique, ce Lewis nous est présenté comme un éternel enfant, rêveur, avec un « dark side » matérialisé par les personnages farfelus sortis de son esprit. Oubliez tout jugement, la pièce appelle à la nuance et au questionnement. Alice est-elle une transgression ? Ou simplement une admiration ? Les deux certainement.

 

« Lewis versus Alice » est une petite gourmandise. Loin des clichés ou de la polémique, ce Lewis nous est présenté comme un éternel enfant, rêveur, avec un « dark side » matérialisé par les personnages farfelus sortis de son esprit »

 

La scénographie est superbe : on est clairement dans la rêverie avec son lot de chimères, d’animaux humanisés, de glissades célestes et d’objets volants… On passe d’un monde réel à un monde surnaturel en se délectant de l’excentricité de comédiens-musiciens-danseurs à l’humour so british dans des scènes bien connues du « Wonderland », ou extraites de De l’autre côté du miroir, Sylvie et Bruno, La Chasse au Snark, du journal de Lewis… La musique pop gothique et l’impeccable voix de Rosemary Standley (chanteuse du groupe Moriarty – mystérieuse reine de cœur sur scène) déploient une atmosphère planante, mélancolique. On a notamment beaucoup aimé la reprise Protect Me du groupe Placebo, ou quand Lewis entonne As Tears Go By. Petit bémol, le passage de la langue anglaise à la langue et française n’est pas toujours très fluide…

Au centre de cet imaginaire barré, il y a donc l’énigme Lewis. Makeïeff ne percera pas ses secrets pour mieux nous emporter dans son monde merveilleux et insondable. Où est l’enchantement du mystère quand on connaît parfaitement quelqu’un ?

« Pourquoi est-ce que je n’éprouvais plus de plaisir ? » dit le vieux Lewis. « Qu’est-ce qui vous a manqué, Charles ? », demande sa version jeune. « Ma position dans la vie m’interdisait de ne faire plus qu’adoré Alice de loin. Je n’avais aucun espoir. J’ai conservé pour elle une dévotion continue et secrète dont je n’ai jamais fait l’aveu. »

Lewis versus Alice
Avec : Geoffrey Carey, Caroline Espargilière, Vanessa Fonte, Clément Griffault, Jan Peters, Geoffroy Rondeau, Rosemary Standley et à l’image Michka Wallon
Adaptation : Macha Makeïeff, Gaëlle Hermant d’après Lewis Carroll
Mise en scène, costumes et décor : Macha Makeïeff
Lumière : Jean Bellorini 
Musique : Clément Griffault
Son : Sébastien Trouvé 
Coiffures et maquillage : Cécile Kretschmar
Magie : Raphaël Navarro 
Chorégraphie : Guillaume Siard
Images : Clément Vial  
Assistanat mise en scène : Gaëlle Hermant
Assistanat scénographie : Clémence Bezat
Assistanat costumes : Claudine Craulant
Assistanat magie : Arthur Chavaudret, Antoine Terrieux
Conseillère à la langue anglaise : Camilla Barnes
Production : La Criée Théâtre national de Marseille
Coproduction : Festival d’Avignon, Théâtre Gérard Philipe Centre dramatique national de Saint-Denis, Maison de la Culture d’Amiens – Pôle européen de création et de production.
Avec l’aide des Ateliers du Théâtre national populaire Villeurbanne pour la construction du décor, Pavillon Bosio – Ecole supérieure d’arts plastiques de la Ville de Monaco; Haute École des arts du Rhin, Université Caen Normandie, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, LESA Aix-Marseille Université, École Axe Sud – Remerciements à toute l’équipe de La Criée
Prochaines dates
Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis
du 27 septembre au 13 octobre 2019
Le Quai, Centre dramatique national Angers Pays de la Loire
du 17 au 19 octobre 2019
Le Grand R, Scène nationale de La Roche-sur-Yon
les 13 et 14 novembre 2019
La Liberté Scène nationale, Toulon
les 21 et 22 novembre 2019
La Criée, Théâtre national de Marseille
du 27 novembre au 7 décembre 2019
Scène nationale du Sud-Aquitain, Bayonne
du 11 au 13 décembre 2019
Théâtre national du Nice
du 19 au 21 décembre 2019
Célestins, Théâtre de Lyon
du 7 au 11 janvier 2020

Festival d’Avignon
www.festival-avignon.com

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