Charline Vanhoenacker et le concept du débat vertical

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Le regard des étrangers sur un pays est toujours intéressant surtout quand ils y résident. Ce regard extérieur est capable parfois de mettre en évidence les vices et les vertus du pays d’accueil, ainsi que de ses habitants.

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De plus, si on vit en France – ou dans un autre « grand » pays, dont la taille ou le nombre d’habitants tendent à favoriser le « nombrilisme national » – en tant qu’étranger, on a cette chance inouïe : celle de « rassurer » les habitants du pays hôte.

On peut rappeler que « non, en dehors de ce pays, le choses ne vont pas mieux. Mais, ne vous inquiétez pas… Chez nous, nous avons trouvé d’autres solutions. Essayez-les et elle pourrait fonctionner ici aussi ».

Un étranger peut, et doit critiquer son pays d’accueil, mais il doit une certaine forme de respect à celui-ci. Il ne doit pas perdre de vue également que s’il continue à vivre loin de sa patrie, il doit y avoir une raison.

Dans une interview parue dans Le Parisien l’humoriste belge Charline Vanhoenacker – qui travaille à France Inter – a critiqué le choix des médias français d’inviter Marine Le Pen : « Je suis toujours hallucinée qu’on déroule le tapis rouge à l’extrême droite ». Elle a rappelé qu’ « en Wallonie, l’extrême droite n’est jamais invitée sur les plateaux et, aux européennes, elle a fait moins de 5 %. En France, Marine Le Pen est partout et a gagné le scrutin… ».

L’humoriste belge a attaqué frontalement la presse hexagonale : « Les médias sont responsables de la banalisation de ses idées. Surtout des médias comme Sud Radio dont les théories d’Alain Soral sont le fond de commerce ». Madame Vanhoenacker a ajouté que «Les Terriens» tout comme l’émission « On n’est pas couché » n’existeraient pas en Belgique ».

Personnellement je connais très peu la Belgique. Mais après onze ans passées de ce côté des Alpes (et après avoir été naturalisé français) j’ai quelques notions assez précises sur la France.

De fait, je connais très bien l’Italie, d’où je viens. Après cette décennie à Paris, je crois avoir compris qu’en France, nous avons encore le droit de débattre. Ce n’est pas tout le temps aisé de le faire ( de surcroît, si l’on affiche une couleur politique différente de celle du gouvernement en place) mais nous avons suffisamment d’ouverture d’esprit pour s’intéresser aux idées politiques différentes voire divergentes des nôtres.

Affirmer que les médias français déroulent « le tapis rouge à l’extrême droite » équivaut à dire qu’une partie des sensibilités politiques des Français ne peut pas s’exprimer. En somme, que les Français qui votent pour le Rassemblement National seraient contraints à changer de convictions. Mais, est-cela la démocratie ? Bien sûr, on est en droit de critiquer tel ou tel parti. Mais le combat doit se porter sur le terrain des idées, et non pas à l’aide de punchlines péremptoires insérées dans des billets d’humour.

Personnellement, ce qui m’étonne dans le système français, c’est cette verticalité du pouvoir et de sa concentration dans le main d’une seule institution, comme le prévoit la Constitution de la Vème République.

Mais, en le comparant avec les formes de démocratie participatives adoptées en Italie,  le système transalpin n’est pas parfait non plus. Je rappelle aussi que certains journaux télévisés de la Botte n’ont pas toujours été équidistants du gouvernement en place.

En ce qui concerne les émissions françaises, dire que certaines d’entre elles n’existeraient pas ailleurs, c’est une lapalissade. Chaque public a ses préférences, ses goûts et c’est entièrement normal. Ainsi, de nombreuses émissions italiennes ne pourraient pas exister en France, faute de public. Il est à parier aussi que certaines émissions en Belgique ne connaîtraient probablement pas, non plus, un franc succès dans l’Hexagone. Et vice-versa. Faut-il, pour autant, condamner les aspirations politiques d’une partie des Français ?

La France n’est sans doute pas un pays parfait. Néanmoins, il faudrait essayer sereinement de l’améliorer. La censure, le discrédit moral et les critiques stériles, ne sont pas, à mon sens, les meilleurs alliés du débat et d’une démocratie saine.

 

 


(crédit photo. Capture d’écran du compte twitter de France Inter )
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