Cesare Battisti : une fuite soutenue « par le monde politique et éditorial » selon lui

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“Je demande pardon bien que je ne puisse pas renier qu’à cette époque-là, pour moi et pour les autres adhérents de la lutte armée, il s’agissait d’une « guerre juste’’. Avec ces mots, Cesare Battisti a exprimé pour la première fois une forme de regret pour ses années passées dans les rangs des Prolétaires Armés pour le Communisme.

L’ex-activiste italien d’extrême gauche, actuellement incarcéré dans la prison de haute sécurité de Oristano (Sardaigne) a été interrogé par le procureur Alberto Nobili, le chef de l’équipe antiterroriste du parquet de Milan. L’interrogatoire a parmi de connaître plusieurs aspects de la fuite de Battisti qui a duré 37 ans.

Les déclarations de l’ancien militant rouge, prouvent qu’il a été largement soutenu, en particulier dans le domaine politique. “Je peux dire – a déclaré Battisti – que pour beaucoup d’entre eux (ceux et celles qui soutenaient son innocence, ndlr) le problème ne se posait pas. Il fallait simplement soutenir mon idéologie de l’époque des faits”. De plus il a admis avoir été soutenu par “des partis, des groupes d’intellectuels, en particulier dans le monde éditorial […] Mon rôle d’intellectuel était une garantie du fait que, indépendamment de mon passé, j’étais devenu une personne qui n’était plus dangereuse et personne ne m’a pourchassé”.

Grâce à la “Doctrine Mitterand”, la France a été l’un des pays où Cesare Battisti a passé une bonne partie de sa cavale. Dans l’hexagone, il est devenu aussi un écrivain à succès. Même après le 12 janvier 2019 – date de son arrestation en Bolivie – l’ancien membre des Prolétaires Armés pour le Communisme, a obtenu des récompenses honorifiques. Par exemple, la Ville de Paris lui accorde toujours sa protection spéciale (lire ci-dessous la délibération du 4 mars 2004). La ville de Frontignan (34), compte toujours Cesare Battisti parmi ses citoyens d’honneur.


Délibération affichée à l’Hôtel-de-Ville et transmise au représentant de l’Etat le 4 mars 2004. Reçue par le représentant de l’Etat le 4 mars 2004.

Mardi 10 février 2004, l’écrivain Cesare Battisti a été arrêté à son domicile parisien dans le 9e arrondissement et placé sous écrou extraditionnel.
Aujourd’hui, il est toujours incarcéré à la prison de la Santé. Il demeure sous la menace d’une extradition vers l’Italie, où il est sous le coup d’une condamnation à perpétuité prononcée par contumace il y a plus de 25 ans dans le cadre de lois d’exception mises en place par le gouvernement italien concernant « les tentatives d’insurrection contre l’Etat ».
Réfugié en France depuis 1990, comme plusieurs autres militants d’extrême gauche italiens, il a bénéficié de l’engagement pris par le Président de la République française, en 1985, selon lequel la France s’opposait à l’extradition d’anciens activistes à la condition qu’ils acceptent de rompre avec leurs luttes politiques passées. Nul ne conteste que Cesare Battisti a respecté cette condition. En 1991, une première demande d’extradition avait d’ailleurs échoué du fait de l’avis négatif émis par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Paris. Depuis Cesare Battisti a respecté cette condition de rupture avec son passé politique, ce que personne ne conteste.
En France, à Paris, il a fondé une famille et est devenu écrivain, publiant de nombreux romans.
Cette protection de l’Etat français n’avait jamais été remise en cause par les gouvernements précédents, qu’ils soient de droite ou de gauche.
En conséquence, sur proposition de l’Exécutif et des élus du groupe socialiste et radical de gauche, du groupe « Les Verts », du groupe communiste et du groupe Mouvement des Républicains et Citoyens,

Le Conseil de Paris, émet le vœu :

Que le respect des engagements de la France et la libération sans conditions ni délais de Cesare Battisti.
L’assurance que tous les autres réfugiés politiques italiens bénéficiant des mêmes engagements ne seront extradés.
Tant que Cesare Battisti ne sera pas libéré ou qu’il sera menacé d’extradition, il soit placé sous la protection de la Ville de Paris.

 


(crédit photo à la une : image publiée sur le compte Twitter de la police italienne @poliziadistato)

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