Marie Gauthier : l’élégante du bal des débutantes

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« Lors de son arrivée, la maison était vide ». Ainsi entre Marie Gauthier en littérature. La première phrase de son premier roman est légère et court vêtue.

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La réussite de ses beaux débuts tient à cette netteté, à cette manière blanche de dire les personnages, de dessiner les situations au trait fin. Dans l’ histoire où se croisent une candeur et une innocence, tout rappelle Moravia : l’érotisme est dans le talent qui suggère ; la pornographie est dans la vulgarité qui décrit. On découvre Gil, 16 ans, fille de l’homme au mégot auprès duquel Félix, 14 ans, est venu découvrir le métier de cantonnier, le temps d’un été. Gil gère la maison et travaille à la supérette. Ses jambes sont magiques, elle se meut avec une légèreté animale. Le soir elle disparaît, vêtue pour aller se dévêtir. Félix peine à l’imaginer, même confusément, dans les bras d’une cascade d’inconnus. Gil se donne sans malice. Marie Gauthier glisse avec élégance sur les échappées, les corps et la sueur, les acteurs sans visage, sans paroles. Les choses sont devinées, en suspension, comme jalouses de leur mystère. Elle fait grâce des mots prononcés qui nous feraient rougir. A peine si Gil remarque l’espoir impalpable de Félix, désarçonné par les accords mystérieux d’un désir qui n’a pas encore de nom. Arrive la fin de l’été et quelque chose surgit, qui bouleverse tout. « Et voilà qu’un jeune homme apparaissait derrière un fin tissu bleu ciel ». Il ne faut pas avoir peur du bonheur. C’est seulement un bon moment à passer disait Romain Gary.

 


« Court vêtue »
De Marie Gauthier
Gallimard
112 pages – 12,50 euros

Disponible au format numérique
Epub – 8,99  euros
Pdf – 8,99 euros

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