« Mes Poings sur les I » : Soufyan Heutte théâtralise La Paillade à Montpellier

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L’auteur qui a grandi dans ce quartier populaire de Montpellier fait ses premiers en tant qu’acteur. On a pu le voir sur les planches du théâtre Jean Vilar, dans une adaptation réussie de son roman éponyme. « Mes Poings sur les I » part en tournée dans plusieurs salles en France.

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« Ici, la raison est en tension avec les pulsions » Le poing d’une petite frappe du quartier atterrit sur la mauvaise mâchoire et celui que l’on surnomme « Kamel-la-poisse » se retrouve devant un juge peu enclin à se montrer indulgent… Mais le maelström judiciaire est finalement qu’une infime couche de l’épaisseur de la pièce.

Dans Mes Poings sur les I, Soufyan Heutte parle surtout de son quartier (sans jamais le nommer) avec lucidité, franchise, poésie et humour.
Sur fond d’anecdotes autobiographiques, il dépeint un Kamel solitaire et rêveur. Autour de lui, des tours de béton comme seul horizon, où même les commerces ne se distinguent pas : « A croire qu’on ne mange que des tajines et qu’on ne boit que du thé à la menthe ! » Un lieu d’ailleurs desservi par une ligne de bus qui a toujours le même chauffeur, évidemment issu du même quartier… Kamel réalise. « Avec un décor pareil, on arrive vite à parler de communautarisme ! »

Si La Paillade m’était contée… autrement

Sur scène, une partie du public est assise sur des blocs de béton, ces mêmes blocs qui remplacent les bancs publics dans une cité à la marge de la ville, peut-être la symbolique des difficultés de s’échapper. Une scénographie immersive pour se mélanger aux autres, pour parler autrement du quartier et de ses habitants (au théâtre Jean Vilar, l’optique d’inclusion et de lutte contre l’exclusion va jusqu’à proposer la représentation en langue des signes).
L’auteur met l’accent sur les problèmes, mais n’omet pas d’en dénoncer les causes, bien souvent occultées : des cités nées dans les années 60, pour « poser là » une population. Dès lors, pour Kamel, « la violence ne saurait être individuelle, elle est définitivement structurelle ». Il ne voit pas ses copains comme des « méchants », seulement comme des jeunes « rongés par l’ennui » et se définit lui-même comme « un vide avide de [se] remplir. »
On est véritablement touché par ce personnage, tiraillé entre espoir et violence liés à un contexte. « Il y a peu, pas tant que ça, j’ai pris le pli d’écrire sur mon quartier et ce qui y a trait. Le présenter comme je le voyais et non plus défiguré comme il l’était à travers l’écran LCD », dit Soufyan Heutte, aussi à l’aise à l’écrit que sur scène. Pour sûr, ses mots évocateurs sont prononcés pour résonner bien au-delà de la banlieue montpelliéraine.

Soufyan Heutte (© Catherine Vantecombreux)

 


Repères

« Mes Poings sur les I »
Théâtre Jean Vilar Montpellier / Compagnie Primesautier Théâtre
Texte : Soufyan Heutte / Adaptation et mise en scène : Virgile Simon et Antoine Wellens / Régisseur général : Nicolas Buisson /
Scénographie : Emmanuelle Debeusscher
Avec : Soufyan Heutte
Durée : 1h15
En tournée, notamment en partenariat avec les Scènes Croisées de Lozère :
Le 31 Janvier 2019 au CinéThéâtre de Saint-Chély d’Apcher (Lozère),
Le 1er Février 2019 à Villefort (Lozère)
Le 5 Février 2019 au Théâtre Jacques Cœur de Lattes (Hérault)
Le 29 Mars 2019 à L’horizon – Recherche et création de La Rochelle (Charente-Maritime)

« Mes Poings sur les I »
Roman de Soufyan Heutte
Editions L’Harmattan – Collection Rue des écoles (2017)
142 pages – 15 €

https://soufyanheutte.com/

 

 

(crédit photo à la une : affiche « Mes Poings Sur Les I » © Soufyan Heutte)

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