Stephen Smith : « Il n’y a ni nécessité économique, ni nécessité démographique qui rendrait l’immigration inéluctable »
En février 2018 est paru l’essai « La ruée vers l’Europe: La jeune Afrique en route pour le Vieux Continent » écrit par Stephen Smith. L’auteur est un ancien journaliste américain et professeur d’études africaines à l’Université américaine de Duke. Huit mois après la publication du livre, le thème des migrations reste central. Mais il est souvent l’objet de stigmatisations car les enjeux politiques de la gestion des migrations sont énormes. Récemment, les thèses du professeur Smith ont été contestées par François Héran, professeur au Collège de France sur la chaire «Migrations et sociétés» et ancien directeur de l’Institut National d’Études Démographiques.
Dans votre livre « La ruée vers l’Europe », vous vous inscrivez en faux par rapport à « l’immigration nécessaire ». Pouvez-vous préciser votre position ?
L’immigration est un choix de société, et je m’empresse tout de suite d’ajouter qu’à mes yeux, ce n’est pas un « bon » ou un « mauvais » choix. Tout dépend des circonstances. J’évoque à ce sujet le Japon et les Etats-Unis, qui ont pris des options diamétralement opposées sans que l’on puisse trancher qui aurait raison ou tort dans l’absolu. En revanche, il n’y a ni nécessité économique ni nécessité démographique qui rendrait l’immigration inéluctable.
Pour l’économie, les enquêtes sur les bénéfices et les coûts ne sont pas concluantes dans un sens ou dans l’autre et, dans tous les cas de figures, le solde est marginal. Alors que l’automation et la robotisation compriment le marché du travail dans les pays développés, l’immigration de main d’œuvre étrangère — sauf hautement qualifiée — ne s’impose donc pas. Cependant, encore une fois, on peut la choisir au nom de la « diversité » ou par solidarité avec une partie moins développée du monde, par exemple l’Afrique (même si je ne crois pas que …