Coupe du monde : Hasta la victoria, Siempre !

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Philippe David est journaliste sur Sud Radio. Il présente notamment « Seul contre tous » de 9h30 à 10h, « Le grand soir » de 18 h à 20 heures et actuellement « Sud Radio fait son Mondial » pendant la Coupe du monde de 19h à 20h.

Depuis les victoires sur l’Uruguay et l’Argentine, deux équipes ayant conquis deux titres mondiaux chacune, la France entière se met à rêver à une nouvelle victoire pour les rejoindre au palmarès de la coupe du monde, une victoire qui arriverait vingt ans après la première et douze ans après la finale perdue contre l’Italie en 2006, finale parfaitement résumée par le une de l’Equipe du 10 juillet 2006 : « Regrets éternels ». Il faudra désormais vaincre nos voisins et amis belges avant d’affronter les anglais ou les croates pour pouvoir rêver d’une nouvelle descente triomphale des Champs-Elysées.

Vingt ans après…C’est ce que doit penser l’ensemble de l’Amérique latine au vu de ce mondial où aucune équipe issue du continent ne fait partie des demi-finalistes, comme en 2006 lors de la coupe du monde en Allemagne. Pire, depuis la victoire du Brésil en 2002, une seule équipe latino-américaine s’est qualifiée pour une finale, l’Argentine, battue 1-0 par l’Allemagne après prolongations il y a quatre ans. Il y aura donc au minimum vingt ans, à la condition expresse qu’une équipe sud-américaine s’impose au Qatar, entre les deux derniers triomphes sud-américains, ce qui n’est jamais arrivé sauf entre les victoires uruguayennes de 1930 et 1950, mais il y avait eu la guerre et deux coupes du monde annulées entre temps…

Comment expliquer ces fiascos à répétition venant du continent qui a vu naître Pelé, Garrincha, Jaïrzinho, Maradona, Francescoli, Batistuta, Ronaldo, Rivaldo, Ronaldinho, Cavani ou encore Messi, continent sur lequel le football est la plus grande religion dont les grands-messes sont célébrées chaque weekend dans des cathédrales nommées Maracana, Morumbi, Monumental ou Bombonera ?

Il n’y a pas, bien évidemment une seule raison mais plusieurs. Tout d’abord, arrêt Bosman oblige, les transferts dans les clubs européens sont « open bar » puisqu’il n’y a plus de places limitées aux joueurs non sélectionnables, l’Inter Milan a d’ailleurs gagné la Ligue des Champions en 2010 avec aucun italien sur le terrain au coup d’envoi et un entraineur portugais sur le banc. Ainsi, les jeunes surdoués de ce continent partent très jeunes sans avoir eu le temps de finaliser leur formation dans leur pays et partent sous des latitudes plus froides où il y a beaucoup moins de folie et beaucoup plus de tactique sur le terrain.

Ces départs et la mondialisation des images ont pour conséquence une standardisation du jeu partout sur la planète. Où est le « joga bonito » brésilien ? On ne l’a plus vu depuis les 3R (Ronaldo, Rivaldo, Ronaldinho) au mondial 2002 et par intermittence jusqu’en 2006. Où sont les défenses de fer qui avaient permis aux argentins de gagner les coupes du monde 1978 et 1986 ? Disparues ! Il faut malheureusement dire que l’Argentine n’a plus eu de grand gardien depuis la coupe du monde 1990 et que son équipe vieillissante qui est sortie des poules par miracle ne pouvait rien, vu les boulevards offerts aux attaquants français. L’Uruguay ? Sorti sans combattre face à la France et l’absence de Cavani n’est pas seule responsable de cette défaite…

Ceci est un drame pour tous les amoureux du football : qu’il était beau le milieu de terrain brésilien Zico, Socrates, Falcao, Toninho Cerezo qui jouait sans calculer un football magnifique… Qu’elles étaient belles les offensives argentines avec Kempes et Luque approvisionnés par le lutin Ardiles… Que le « toque » pour les hispanophones, le « futebol arte » pour les lusophones nous manque…

Un point d’espoir cependant mais de ce côté-ci de l’Atlantique : on a revu par moments contre l’Argentine et l’Uruguay du jeu « à la française » fait de passes courtes à une touche de balle.

Allez amis latino-américains, revenez aux fondamentaux si vous voulez à nouveau revenir au sommet dans les coupes du monde…Hasta la victoria : siempre !

( Crédit Photo : Anthony Ghnassia – Philippe David / Sud Radio )

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