
Mouloud Achour : « On croyait épuisée la fécondité littéraire algérienne. Il n’en est rien »
L’un des personnalités phare des Éditions Casbah d’Alger, Mouloud Achour est confiant sur le futur littéraire de l’Algérie. Même si les conditions permettant le développement de la filière de l’édition ne sont pas encore toutes réunies, les raisons pour l’espérer ne manquent pas. Putsch a l’a rencontré.
Vous êtes aujourd’hui l’un des piliers des Éditions Casbah qui compte parmi les premières d’Algérie et vous avez eu un parcours atypique… Des études de droit, un diplôme en lettres de l’École Normale supérieure, puis une carrière de journaliste – comme journaliste et comme directeur de publication – avant de faire un passage dans la haute administration et d’entrer en édition. Y a-t-il une suite logique entre ces différents métiers ?
Il n’y a pas forcément de suite logique. Je parlerai plutôt d’une sorte de fil rouge : un goût précoce – et dévorant – pour la lecture ayant donné très tôt naissance à un besoin d’écrire. Pour le reste, mon oncle qui fut un grand avocat me destinait au droit alors que je voulais absolument être médecin. Ma demande de bourse a pris la mauvaise piste car cette année-là la faculté de médecine a été rattachée au ministère de la santé et de la population et le dossier avait été envoyé à l’enseignement supérieur. Le temps d’une rectification de parcours, ne pouvant m’inscrire en médecine sans bourse, j’ai rejoint la fac de droit. Lorsqu’il a fallu compléter le dossier par une attestation d’inscription en médecine, on était déjà au début du deuxième trimestre. Maître d’internat à cent kilomètres de l’université d’Alger, la première année de droit fut pénible mais un concours inattendu d’admission dans une école normale de professeur de l’enseignement technique me fit changer de cap dès l’année suivante. Au bout d’une formation d’une année comme professeur d’enseignement général, je me suis mis à enseigner le français, l’histoire-géographie, l’hygiène et la législation du travail dans un collège national d’enseignement technique. Ce genre d’école n’existe plus. L’année d’école normale m’a fait côtoyer, grâce au bon Monsieur Merrien, mon professeur de français, toute la …