Stéphanie Charles : « C’est très agaçant pour un libraire d’entendre un client qui parle d’Amazon »

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Les libraires indépendants incarnent des bastions de la littérature, aussi bien en ville qu’en province. Ils permettent la transmission de la culture et contribuent à la survie de la filière éditoriale. En France, ils subissent de plein fouet la baisse du lectorat conjuguée à la concurrence des ventes sur internet notamment via Amazon.

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Putsch poursuit son  « Tour de France des libraires indépendants » pour permettre aux lecteurs de découvrir (et de soutenir) cet écosystème fragile. Aujourd’hui, nous recevons les libraires de La Tremblade, commune de 5.000 habitants nichée en Charente-Maritime où, il y a deux ans, Stéphanie Charles a ouvert la librairie – salon de thé « L’encre et la boussole ».

 

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre librairie ? 

C’est une librairie-salon de thé que j’ai pensée comme un centre culturel de proximité (implantée sur une commune touristique de 4 800 habitants). J’avais envie de mettre à disposition des habitants d’une petite commune excentrée le moyen de découvrir la culture sous toutes ses formes. Pour cela le salon de thé permet, je crois de faire changer de mentalité, à ceux qui pensent que les librairies ne sont accessibles qu’aux personnes qui lisent et ont fait des études.

Comment avez-vous choisi de devenir libraire ? 

J’ai surtout choisi d’ouvrir un lieu de culture accessible à tous. Le livre est un vecteur qui m’a toujours attiré.  C’est un bel objet tangible qui joue la diversité et qui se transmet (ce qui est important dans nos sociétés de l’éphémère et à l’heure de la dématérialisation). J’ai encore du mal aujourd’hui à me définir comme libraire, peut-être parce que ce n’est pas mon métier d’origine et que je l’exerce seulement depuis 2 ans. Pour moi, on peut se qualifier de libraire à la fin d’une longue carrière tellement il y a d’auteurs et d’ouvrages à connaître !

Pourriez-vous définir un profil type de vos clients ?  Dans quel genre se spécialise votre libraire ?

J’essaie de mettre en avant les livres sur les thématiques de la nature et du bien-être. Et je développe également mon rayon poésie qui trouve son public. Je suis convaincue que dans la société dans laquelle nous sommes en train de vivre, nous pouvons aller mieux grâce à la culture, l’art tout en étant en harmonie avec la nature. Cela porte un nom, l’art-thérapie.

 

Page Facebook de la Librairie ( capture d’écran )

 

Concernant la rentrée littéraire, quelle place a-t-elle dans la vie économique de votre librairie ?

Il n’y a pas vraiment d’habitude encore ici pour la rentrée littéraire, mais je pense que d’ici quelques années, la tendance devrait évoluer. C’est l’un des défis d’avoir ouvert dans un milieu rural.

Quel est votre regard sur Amazon aujourd’hui et le fait que les lecteurs achètent sur cette plateforme ?

C’est très agaçant pour un libraire d’entendre un client qui parle de cette plateforme. Cette entreprise bénéficie d’une telle notoriété, que les gens croient qu’ils peuvent disposer de tout très vite, sans bien envisager les conséquences sur le commerce indépendant, ni sur l’économie nationale de manière générale. Les modes de consommation sont avant tout une question d’éthique aujourd’hui. Les libraires, et tous les intervenants de la chaîne du livre ont un gros travail d’éducation à poursuivre.

 

Page Facebook de la Librairie ( capture d’écran )

 

Si vous étiez Ministre de la Culture, quelle mesure prendriez-vous pour remettre le livre au cœur de la politique culturelle ?

Déjà, je commencerai par une très grosse campagne de communication valorisant les librairies indépendantes et le prix unique du livre pour contrer qui l’on sait et permettre aux consommateurs de faire travailler les commerces de proximité. Ensuite, je mettrai en place un partenariat durable entre les établissements scolaires et les librairies de proximité afin de commencer tôt à transmettre des messages sur l’importance du livre au quotidien et la place qu’occupe une librairie dans la vie d’une commune.

 

Voulez-vous rencontrer cette libraire ? Rendez-vous à la librairie « L’encre et la boussole » – 3 rue de la Seudre – 17390 La Tremblade

La page Facebook ici – Le site internet par là

 

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