
Philippe Manoeuvre : « Nous sommes entrés dans l’ère du Karaoké »
A l’occasion du Festival Livres et Musiques de Deauville, Philippe Manoeuvre est venu en Rockstar pour électriser le festival et narrer une énième fois son immense histoire du rock. Intarissable, subversif, sans filtre et passionnant, Philippe Manoeuvre traverse les époques, raconte mille anecdotes, éclate de rire et hypnotise le public venu en masse pour écouter le gardien du temple et le conservateur émérite de la mémoire du Rock.
Entre plaisanteries et éclats de voix joyeux, le célèbre journaliste Rock le dit et l’assume « nous sommes entrés dans l’ère du karaoké ». Derrières ses lunettes noires, vêtu de son perfecto, Philippe Manoeuvre a accordé à Putsch une interview matinale au milieu des effluves de café et de larges tranches de rire.
Pensez-vous que l’univers musical que vous connaissez si bien est en train de disparaître auprès de la nouvelle génération ?
Oui, bien évidemment. Les jeunes ont d’autres sujets de préoccupations que le Rock. Nous arrivons d’une situation totalement différente. Quand j’étais jeune et que je vivais en Châlons en champagne, le rock était tout ce qui nous reliait à la jeunesse. C’était notre seule actualité. Aujourd’hui, il y a les jeux vidéos et le cinéma. À mon époque, lorsque j’avais 14 ans, aucun film n’était fait pour les jeunes. Il y avait d’une part, les films pour les adultes ou les programmes pour les petits. Les films WoodStock ou Easy Rider étaient les premiers films qui nous ont intéressés. Donc tout participait à ce mouvement qu’était le Rock. Ce fut une sorte de religion à la fois mondiale et souterraine qui charriait toutes les idées de l’époque. Et puis il y avait la guerre du Vietnam qui unifiait la jeunesse mondiale. Tous les chanteurs de l’époque dénonçaient la Guerre du Vietnam. Lemmy Kilmister, le chanteur de Motorhead me disait « Nous avons stoppé la guerre du Vietnam, nous les rockeurs ». Et je pense sincèrement que c’est vrai.
Comme disait Jean-Louis Aubert, nous rêvions d’un autre monde que celui qui se mettait en place. Puis ces chansons avaient une puissance et un impact. Elles étaient comme des hymnes pour nous.
« Le Rock fut une sorte de religion à la fois mondiale et souterraine qui charriait toutes les idées de l’époque »
Est-ce que le rock à cette époque-là a émancipé une partie de la jeunesse ?
Le rock a cassé clairement tous les codes bourgeois. Nous nous sommes laissés pousser les cheveux longs, on s’habillait avec des jean collants et des …