Deauville : le foyer de la révolte dans l’art
Depuis Deauville – Le Festival Livres et Musiques vit sa quinzième année à Deauville. Le célèbre station balnéaire prisée des Parisiens serait-elle le point de convergences des luttes culturelles ? Contre toute attente, on pourrait le penser car elle organise son festival littéraire et musical sur le thème de la révolte et notamment sur les 50 ans de Mai 68.
Philippe Augier, maire de Deauville, l’affirme, « le festival crée des moments de rencontres qui permettent aussi des confrontations ».
Toute une série de rencontres est donc programmée pour apporter de l’eau au moulin de réflexions sur ces thèmes.
Pour mener à bien ces discussions autour de la révolte dans l’art, Patrick Mille et Florent Marchet ont relu Aragon dans un style étonnant et engagé, face à l’océan dans l’espace du Point de vue, avec un public totalement acquis à leur cause.
« En mai 1968, le fil de la transmission a été rompu » selon Jean-Pierre Le Goff qui est bien entendu l’un des invités phares du Festival. Il n’a pas hésité à faire entendre sa voix discordante sur Mai 1968 et son héritage impossible. Une discussion passionnante menée par Baptiste Liger où Le Goff a développé une solide argumentation et distillé des piques d’humour sur certains faiseurs de 68, qui pour lui, « sont depuis entrés dans les médias, qui, est un peu, leur légion d’honneur. » Nous vous recommandons donc de vous plonger dans la bibliographie de Jean-Pierre Le Goff pour y entendre une voix clairement discordante et donc vivifiante.
Les festivaliers (assidus et attentifs pour les rencontres auxquelles nous avons assisté) ont pu entendre notamment sur cette première journée l’écrivain truculent qu’est Yves Pagès et son ouvrage sur les graffitis. Alice Zeniter (qui s’est retirée récemment du comité d’orientation du Pass culture du Ministère de la Culture) et Chloé Chevalier liront des textes sur le thème du féminisme. Olympe de Gouges et Virginie Despentes ( un grand écart étonnant de personnalités) sont aussi à l’honneur dans une lecture musicale proposée par l’actrice Julie Depardieu et le compositeur Matthieu Baillot. Le trépidant journaliste musical Philippe Manoeuvre et Caroline de Kergariou échangeront dimanche sur « les musiques survoltées et révoltées».
Notons que la rencontre d’inauguration organisée à la Villa Cercle a donné lieu à des échanges passionnants entre les écrivains Nicolas d’Estiennes d’Orves, Frédérique Delgehlt, Stéphane Héaume, Michel Bernard et Max Genève, tous anciens lauréats du Prix Livre et Musique de Deauville. Pour les deux derniers cités, ils ont expliqué tour à tour leur rapport particulier à la musique et à leur écriture avec une certaine émotion, une passion incontestable et un sens de l’humour certain.
Enfin, l’organisation du festival a porté une attention toute particulière à la jeunesse avec la mise en place d’ateliers éducatifs. La Mairie de Deauville a tenu à justifier cette programmation « C’est l’un des axes prioritaires de faire aimer les livres aux plus jeunes en les faisant entrer dans les maisons ». Pour cela, 14 auteurs jeunesse ont été conviés afin de transmettre leur passion littéraire aux plus jeunes sur ces trois jours de festival. A Deauville, roulez Jeunesse !
Festival Livre et Musique de Deauville
La révolte dans l’art – Les 50 ans de mai 1968
Du 13 au 15 avril 2018
Deauville