Consommation : un documentaire sur les supermarchés coopératifs et 100% équitables

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Par Romain Rougé – Dans Le meilleur suffit, Denys Piningre revient sur les origines des coopératives de consommateurs, et rebondit sur l’élan du « mieux consommer » qui les remet au goût du jour.

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Ils s’appellent La Louve, La Chouette, Super Coop… A Montpellier, c’est « La Cagette » qui vient d’ouvrir ses portes. On parle ici de supermarchés coopératifs et collaboratifs, de nouvelles formes de coopératives de consommateurs qui apparaissent ici et là comme autant d’initiatives locales. Leur concept ? Proposer sous forme participative un accès largement ouvert à des produits dits « de qualité », parfois bio, à 100% équitables. Les clients sont eux-mêmes adhérents de la coopérative, moyennant une mise à la patte quelques heures par mois. Ces « Coop », c’est le sujet du documentaire Le meilleur suffit de Denys Piningre, qui a filmé les étapes de la mise en route de l’une d’entre elles en région bordelaise.

« Au-delà de la question alimentaire et consumériste, ce qui m’intéressait, c’était de parler de cette économie sociale et solidaire dans laquelle il n’y a pas de répartition des bénéfices à des actionnaires. D’évoquer aussi, les choix faits en terme de gouvernance, comment des citoyens mettent en place eux-mêmes leurs propres alternatives », commente Denys Piningre à l’issue de la projection au cinéma Utopia de Montpellier.

Pour illustrer son propos, le réalisateur revient d’abord aux origines. Nous sommes en 1844 à Rochdale (près de Manchester en Grande-Bretagne) quand des ouvriers se regroupent pour former la toute première coopérative. L’initiative va se répandre à tout le Royaume-Uni puis en Europe et dans le monde, en créant un mode d’organisation du travail et de consommation en opposition avec le système capitaliste dominant. En France, les coopératives vont progressivement se faire grignoter après la Seconde Guerre Mondiale par la formation de grands groupes agro-alimentaires, avant d’être totalement dévorées par les centrales d’achats.

« En France, nous sommes dans cette situation particulière où les denrées alimentaires sont à 90% commercialisées par la grande distribution. C’est unique au monde », argumente un des responsables de La Cagette de Montpellier. Un monopole qui hante le documentaire et motive un petit groupe de personnes pour (re)créer un mode de consommation plus qualitatif que quantitatif.

Pour autant, Le meilleur suffit met surtout en exergue l’aspect laboratoire de ces coopératives dont le défi est au fond, principalement humain : comment ne pas perdre son âme de coopérateur si les consommateurs affluent ? Comment, dès lors, faire que leur gouvernance reste aussi « équitable » ? Car côté initiatives, l’appétence pour consommer autrement est là, aidée par la transition écologique : le 100% bio des Biocoop et le zéro déchet des commerces en vrac sont aussi au menu de la consommation à la carte.

Le meilleur suffit
Documentaire, 52′, 2017, France
Auteur-réalisateur : Denys Piningre
 Coproduction : Vosges Télévision
Avec le soutien du Centre National de la Cinématographie et de l’Image Animée, de la Procirep-Angoa, de l’Institut du Développement Coopératif et du Peuple Créateur
Site internet : www.vraivrai-films.fr/

( Photo D.R)

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