Jean-Marie BESSET

Jean-Marie Besset : Jean Moulin Évangile, une lutte déterminée contre l’oppression

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Par Nicolas Vidal – Après son éviction en 2014 du Théâtre des Treize Vents (Montpellier) par la Ministre de la Culture de l’époque, Jean-Marie Besset a commencé à écrire une pièce sur Jean Moulin, figure par laquelle il a été fasciné depuis de très longues années.

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En juin 2016, la pièce « Jean Moulin Évangile » a été présentée à Angers au Festival d’Anjou puis à Carcassonne au Festival de la Cité. Elle sera jouée cet été dans le cadre du Festival Del Catet du 20 au 25 juillet ( Hérault). Jean-Marie Besset revient sur la figure du héros qu’est Jean Moulin avec cette volonté de « mêler la grande Histoire et l’histoire intime, et voir en quoi elles se répondent, elles se complètent ».

Qu’est ce qui vous attiré dans le héros qu’a été Jean Moulin ?
Le fait sans doute qu’il est apparemment un homme « normal », discret, peu porté à l’emphase ou à faire parler de lui. C’est un homme au milieu des hommes. Mais qui a une intelligence aigüe des évènements. Il comprend tout de suite que le salut viendra des Français de Londres. C’est un préfet, jeune, courageux, qui partage avec De Gaulle une certaine idée de la France. Il a l’amour de la France chevillé au corps.

« Jean Moulin comprend tout de suite que le salut viendra des Français de Londres »

La pièce est découpée en 4 actes. Pourquoi ce choix ?
En 4 années terribles, 1943 surtout, qui concentre l’essentiel de la tragédie. Elle est surtout divisée en 22 scènes qui correspondent à des moments clés, des moments charnières, des points de passage obligés, comme autant de stations d’un chemin de croix.

Qu’entendez- pour par un « héros christique » ?
De sa première opposition aux brutes nazies lorsqu’il est préfet de Chartres, à sa mise à mort par Klaus Barbie, le boucher de Lyon, en passant par son laborieux travail de recrutement de compagnons de résistance, la geste de Jean Moulin ressemble à celle de Jésus, de son entrée dans la vie publique, du début de sa prédication jusqu’à son supplice, passion et crucifixion, en passant par le recrutement de disciples.

Au delà de la trame historique, est-ce que la pièce est-elle une réflexion plus large sur le figure du héros et son rôle dans la société ou dans l’Histoire ?
Il y a en effet une dimension miraculeuse dans le côté banal, quotidien, l’accumulation de petites actions, de mille déplacements, notations, gestes et précautions, tous accomplis dans le même but immense: libérer la France du joug de l’ennemi.

A la lumière de cette réflexion, quel est le fil rouge que vous souhaitez tisser dans cette pièce ?
Comme nos auteurs classiques, par exemple avec Racine dans Britannicus, j’entends mêler la grande Histoire et l’histoire intime, et voir en quoi elles se répondent, elles se complètent. En quoi elles s’éclairent.

« Comme nos auteurs classiques, par exemple avec Racine dans Britannicus, j’entends mêler la grande Histoire et l’histoire intime »

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le titre de la pièce ? Pourquoi ce choix ?
C’est une « bonne nouvelle » (un « évangile ») d’avoir des hommes de la trempe et du style de Moulin dans des époques aussi humiliées, chaotiques.

Est-ce aussi une pièce sur l’engagement et plus largement sur la lutte contre l’oppression ?
C’est une lutte déterminée, absolue contre l’oppression qui est discrète, presque invisible, qui ne s’affirme jamais au gré d’actions d’éclat ou de coups spectaculaires.

En quoi Jean Moulin est-il un personnage dramatique ?
Avant guerre, il aimait la vie, le luxe, la vitesse et le plaisir, c’était un dandy qui était au ski en hiver, sur un yacht en été, ce qui était rarissime voire exceptionnel parmi les Français de l’époque. Et puis cet homme du monde, à l’occasion d’une épreuve exceptionnelle, se révèle: il naît au monde. Il se met au service de ses frères dans le malheur. On pense à Saint François, fils de famille débauché, qui se dépouille soudain en public sur la place d’Assise. C’est moins soudain pour Jean Moulin. Le crescendo est dramatique. La pièce est la chronique de son éveil progressif, de son avènement au monde. Il se retrouve face à une série d’épreuves, une suite d’énigmes, il est un peu comme Oedipe, un Oedipe qui serait finalement dévoré par le Sphynx.

Enfin, on imagine que cette pièce a nécessité un gros travail de recherches et de documentation. Comment avez-vous organisé cela pour bâtir la pièce ?
J’ai rêvé à cette pièce pendant 25 ans. Et puis, quand la Ministre m’a brutalement remercié du théâtre de Montpellier ( Théâtre des Treize Vents), j’ai eu du temps devant moi, j’ai repris mon bâton d’enquêteur (des dizaines d’heures d’interviews), mes lunettes de lecteur, ma plume d’écrivain (mon ordinateur) et je me suis mis au travail.

Jean Moulin Évangile
Thézan ( Hérault) – du 20 au 25 juillet 2017 ( relâche le 23 juillet )
Paris – du 5 octobre au 22 octobre 2017 au Théâtre 14

Fiction historique de Jean-Marie BESSET
Mise en scène de Régis DE MARTRIN-DONOS
Scénographie Alain Lagarde
Lumières Pierre Peyronnet
Costumes David Belugou
Son Emilie Tramier
Assistant mise en scène Patrice Vrain Perrault
Avec Jean-Marie Besset, Gonzague Van Bervesselès, Stéphane Dausse, Arnaud Denis, Anthony Devaux Laurent Charpentier, Odile Cohen, Michael Evans, Loulou Hanssen, Anne Elodie Sorlin, Sophie Tellier

FESTIVAL LES NUITS DEL CATET
Du 20 au 29 juillet 2017
Domaine de Ravanès, Thézan-Les-Béziers
Jacques Weber, Jean-Claude Carrière, Anthony Joseph, Cie Rasposo, François Salque &Samuel Strouk, Jean-Marie Besset et bien d’autres surprises…
Festival Les Nuits (inattendues) Del Catet
Du 20 au 29 juillet – Domaine de Ravanès, Thézan-Les-Béziers
De 22 à 12€
Retrouvez toute la programmation du festival sur www.sortieouest.fr (onglet festival) – 04.67.28.37.32
Cie In situ, associée à sortieOuest, Domaine départemental de Bayssan, 34500 Béziers

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