Lumière et ombre : les deux faces d’Albert Besnard

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Par Virginie Lérot – Le Petit Palais, en collaboration avec le palais Lumière d’Évian, dédie une rétrospective à Albert Besnard (1849-1934). C’est l’occasion de faire plus ample connaissance avec un peintre de la Belle Époque qui fut reconnu en son temps mais a depuis quelque peu sombré dans l’oubli, alors même que nombre de ses œuvres monumentales ornent encore les édifices publics parisiens.

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Dans une scénographie aux couleurs vibrantes rappelant aussi bien la palette de l’artiste que les intérieurs cossus de la Belle Époque, est retracée toute la carrière du peintre et graveur. Carrière débutée en fanfare avec l’obtention du Grand Prix de Rome en 1874, qui lui ouvre les portes de la Villa Médicis. En Italie, Besnard rencontre celle qui deviendra sa femme, la sculptrice Charlotte Dubray, et peint : des sujets mythologiques, historiques et des portraits qui rencontrent déjà un franc succès. Mais c’est en Angleterre, où le couple s’installe de 1880 à 1883, que se produit le tournant déterminant dans sa vie artistique. Il découvre la peinture préraphaélite, qui l’influence notablement, et se lie d’amitié avec le graveur Alphonse Legros, qui l’initie à l’eau-forte. Dorénavant, il mènera ses recherches plastiques dans les deux domaines.
Dans ses portraits, tant à l’huile qu’au pastel, et ses peintures orientalisantes, Besnard fait montre d’une audace certaine dans le traitement des couleurs et des effets de lumière. Le superbe Portrait de Madame Roger Jourdain, qui fit scandale au Salon de 1886, ou le délicat et onirique L’Éclipse ou la femme au croissant de lune (1888) en sont deux exemples. Devant le chevalet de l’artiste passent les grandes figures mondaines, littéraires et artistiques de son temps, mais aussi des modèles anonymes, telles ces femmes en sari allant faire leurs ablutions dans le Gange qu’il peignit lors d’un voyage en Inde.
Outre ces œuvres, Besnard exécute divers décors monumentaux, commandés par l’État, la Ville de Paris ou de riches particuliers. On peut en voir dans l’exposition plusieurs modèles préparatoires, certains ayant donné lieu à une réalisation (par exemple, La Vérité entraînant les Sciences à sa suite répand sa lumière sur les hommes, œuvre imaginée pour le salon des Sciences de l’Hôtel de ville de Paris), d’autres non.
Mais ce qui retient le plus l’attention du visiteur, c’est sans doute le contraste saisissant entre l’œuvre peint, tout de lumière, couleurs chatoyantes et énergie, et l’œuvre gravé. Les sublimes séries d’eaux-fortes présentées – en particulier La Femme (1895), où l’artiste reconstitue en douze planches l’existence désespérée d’une femme, et Elle (1900-1901), qui met en scène la Mort sous l’apparence d’un squelette s’immisçant dans le quotidien des personnages – manifestent en effet, sous un voile d’humour noir, une angoisse sourde, une hantise réelle, violente, que l’on ne perçoit pas dans les peintures.
Besnard, peintre moderne, artiste duel, chantre de la femme et ami du Tout-Paris, vous attend. Ne le ratez pas !

Albert Besnard. Modernités Belle Époque, jusqu’au 29 janvier 2017, Petit Palais (cf. Site), avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.

(Crédit image : Albert Besnard, Portrait de Madame Georges Rodenbach, 1897, Toulon, musée d’Art. © 2015 F. Joncour)

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