Toma, pourquoi avoir appelé votre compagnie Atao ?
Atao est mon premier cheval, le doyen de l’écurie ! Je l’ai eu à 4 ans. Atao signifie en breton « toujours ».
Votre compagnie est en résidence aux Haras nationaux à Pompadour. Comment s’articule votre travail et votre présence au sein des Haras ?
Avec la « fin » des haras en France, le nombre de chevaux diminue et notre présence ici permet au public de voir des chevaux au travail et donne une vision différente du cheval : le cheval artiste. L’image de Pompadour nous sert à travers son cadre prestigieux, sa notoriété. À l’inverse, le haras nous accueille parce que nous développons l’art équestre, une image différente des concours ou des courses. Et nous avons la chance de bénéficier d’infrastructures d’excellentes qualités pour travailler.
Quand remonte votre histoire d’amour avec les chevaux, Toma Chaput ?
J’avais 6 ans lors de ma première rencontre avec les poneys ! Ce que j’aimais par dessus tout, c’était les observer, les brosser, et même si je montais alors à poney, j’en avais peur ! C’est à 8 ans que ma peur a disparu, après avoir appris à les connaître et à les aimer !
Vous pratiquez le dressage depuis de nombreuses années et vous avez travaillé notamment pour Gaby Dew et Christophe Hasta Luego. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre parcours et sur le dressage ? A t-il évolué depuis vos débuts ?
Ces deux rencontres m’ont façonné et m’ont permis de mettre de la technique sur mon feeling. Chacune de ces personnes m’ont apporté de véritables clés techniques pour progresser.
Qu’entendez-vous par le travail de liberté concernant l’art du dressage?
C’est un mélange de fusion, de télépathie, de jeu et de travail. Ce que je recherche, c’est rentrer dans la tête du cheval, devenir un cheval pour communiquer avec eux ; pour ça, je m’aide avec de la technique pour leur apprendre les figures spectaculaires.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre collaboration avec Bartabas ? Qu’avez-vous gardé de cette expérience ? Et que vous a t-il apporté dans votre carrière ?
C’est « grâce » à lui si je fais ce métier aujourd’hui. Mes parents m’ont amené voir un de ces premiers spectacles à l’age de 12 ans « Cabaret équestre »; je suis sorti de ce théâtre en me disant que c’était ça que je voulais faire plus tard ! Faire le groom pour lui a été une expérience enrichissante : voir les coulisses et l’envers du décor m’ont permis de comprendre sa façon de travailler et de mettre tout ça en scène.
Lors de notre visite aux Haras, vous avez présenté chaque cheval avec lesquels vous travaillez quotidiennement. Vous en avez acheté certains. Comment choisissez-vous un cheval ? Qu’est ce qui influe sur votre choix ?
Le premier critère sera sa morphologie, sa beauté extérieure. Ensuite, j’aime les lâcher en liberté pour voir comment il se comporte, ce qu’il regarde et lire dans son regard et imaginer son aptitude ou pas au spectacle. J’aime bien choisir des chevaux «cassés» mentalement parce qu’à force de patience, d’amour et de travail, on obtient une relation quasi indestructible, un lien particulier lorsque le cheval devient enfin heureux, épanoui dans sa nouvelle vie de cheval artiste. Je les choisis très fins, très sensibles et très dynamiques aussi.
Comment définiriez-vous votre relation au cheval, Toma ?
Ma relation avec eux est fusionnelle et vitale !
3 ans après avoir été la révélation d’Equéstria, qu’est-ce que cela vous a apporté humainement et professionnellement, Toma Chaput ?
Humainement, cela m’a apporté une certaine reconnaissance, une remise en question par rapport à mon travail et à la manière dont j’ai amené mes chevaux sur cette piste. C’était ma première grande scène avec mon numéro de liberté et avec le recul, j’y retournerai plus « zen » aujourd’hui ! Cette expérience m’a donné confiance en moi et en mes chevaux et m’a fait grandir ! Professionnellement, elle m’a ouverte plusieurs portes également.
A votre avis, peut-on être dresseur de chevaux sans avoir de formation de cavalier ?
Oui on peut être dresseur sans être cavalier avec beaucoup de feeling, d’observation et de remise en question. Mais d’une manière générale, les dresseurs deviennent forcément cavaliers !
Comment articulez-vous le spectacle entre le travail avec le cheval et la mise en scène ainsi que le son et lumière du spectacle ?
Ce sont principalement des images dans ma tête ! Quand les chevaux savent faire de belles choses, spectaculaires, je les imagine en lumière avec la musique et j’imagine comment mettre en valeur toutes ces belles choses et les émotions que cela pourrait procurer au public Le but de tout ça, est de faire naître des émotions chez les gens qui regarderont les chevaux évoluer sur la piste.
Pouvez-vous nous dire quelques sur votre actualité et vos spectacles à venir ?
Nous rentrons de 4 jours de spectacle dans l’Hérault où nous avons eu la chance de nous produire dans un cadre magnifique avec pour la première fois une piste sur l’eau ! Pour l’avenir, nous avons des contrats en « discussion » parce que c’est aussi ça la vie d’artiste, avoir de nombreux contrats à une période, un peu moins à d’autres ! Mais nous serons présents ici au haras de Pomadour pour les spectacles de Nöel et de fin d’année, ainsi qu’à la prochaine saison estivale.
Toma Chaput
Compagnie Atao
www.compagnieatao.com
Haras nationaux de Pompadour
www.ifce.fr
Antoine Bassaler – Photographe
www.antoinebassaler.fr/wordpress
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