Journal d’une bipolaire : mettre des mots sur les troubles de l’humeur

par
Partagez l'article !

Par Romain Rougé – Journal d’une bipolaire est l’histoire vraie d’Emilie Guillon, atteinte de maniaco-dépression, maladie aujourd’hui connue sous le nom de bipolarité. A la fois touchant et informatif, ce récit autobiographique dessine les espoirs et les doutes du malade ainsi que les conséquences sur son quotidien et ses proches.

Partagez l'article !

« Quelque chose en toi ne tourne pas rond. » Nous vivons à une époque où les maladies mentales sont de mieux en mieux représentées dans les oeuvres. Journal d’une bipolaire confirme cette idée en relatant la vie de Camille (alias Emilie Guillon, l’auteure), atteinte d’une pathologie psychiatrique aujourd’hui moins énigmatique et mieux traitée. Mais la bipolarité, handicapante et insidieuse, nécessite un suivi. C’est là la force de ce témoignage : réussir à montrer sans fioritures la destruction et la désolation que le trouble laisse sur son passage.

Camille raconte son parcours qui débute avec ses questionnements, se poursuit avec les échecs de traitement et se termine avec l’acceptation de la maladie. Le regard des proches est décrit de manière brute : la maman n’accepte pas la maladie de sa fille, le papa – qui a co-signé le scénario avec sa fille – la soutien, les grands-parents sont effrayés. Les troubles de l’humeur de la jeune fille la conduise à des situations de grand désespoir, entre angoisses profondes, euphories passagères, tentatives de suicide et hospitalisations répétées, rien de moins.

Journal d’une bipolaire : dans peau d’Emilie Guillon

Qu’on se le dise, le récit est éprouvant, les états de Camille suscitent malaise et empathie, notamment face à une pathologie provoquant l’altération de l’estime de soi. Pourtant, cet angle sombre et réaliste est judicieux pour avoir une vision globale et véritable de la bipolarité. Comme précisé dans ce journal, la volonté du patient ne suffit pas à guérir les maux de l’esprit. La guerre qui se joue dans la tête de Camille est violente. Elle ne trouvera un semblant de paix qu’à la condition d’être entourée et soutenue, à défaut d’être comprise. C’est cela qui lui permettra de rester ancrée à la vie, bien que faite de hauts et de bas excessifs. « Up and down. » C’est ainsi.

On ne saurait que trop conseiller cet émouvant journal à tout ceux qui vivent la bipolarité de près ou de loin, ou même à ceux qui souhaitent la découvrir sous un regard frontal et lucide. Mettre des mots sur les symptômes que sont ces émotions anormalement décuplées est probablement le premier pas vers l’acceptation du malade, des proches et du lecteur lambda.

C’est important de savoir, c’est salvateur pour Camille. C’est surtout indispensable pour changer le regard de l’autre.

Journal d’une bipolaire
Scénario : Emilie Guillon et Patrice Guillon
Dessin : Sébastien Samson
Postface du Dr Christian Gay
Editions La Boîte à Bulles
112 pages – 14,50 €

A lire aussi dans Bande dessinée :

Mousquetaire : un premier tome prometteur chez Delcourt

Musnet : une bande dessinée au trait vif et souple

Eric Powell : Big Man Plans ou le comic ultra-violent

L’adoption : Zidrou planche sur la famille et la filiation

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à