Cold Blood : la petite mort du Printemps des Comédiens

par
Partagez l'article !

Par Romain Rougé – Dans leur nouveau spectacle, Jaco Van Dormael, Michèle Anne De Mey et le collectif Kiss & Cry, nous propose de vivre l’expérience de la mort pour la 30ème édition du Printemps des Comédiens. Rien de moins.

Partagez l'article !

Cold Blood, c’est aussi une funeste expérience qui fait mourir d’envie de voir davantage de spectacles de cette qualité.
« Vous allez vivre sept morts. » Une phrase à glacer le sang qui introduit une œuvre pourtant bien vivante. Qu’elle soit brutale, poétique, accidentelle ou naturelle, Cold Blood imagine la mort pour mieux parler de la vie. Une existence parsemée de souvenirs mais dont un seul remonte à la surface lorsqu’on rend notre dernier souffle : une odeur, un lieu, un sentiment, un objet, une personne.

Cold Blood et la nano-danse tel le cœur de la représentation au Printemps des Comédiens

Pour nous faire voyager dans cet instant inconnu, Jaco Van Dormael et Michèle Anne de Mey ( lire l’interview ici) improvisent un scénario en associant leurs compétences : le cinéma pour l’un, la danse pour l’autre. Dans la pénombre de la salle, un écran géant flotte au-dessus de la scène. En-dessous, les danseurs, les comédiens et l’équipe technique s’affairent pour donner vie au film projeté en direct. Hypnotisé, le spectateur pose son regard entre la technique et la création, un rêve éveillé durant lequel des mains et des doigts sont les héros d’un monde miniature et gigantesque à la fois.
La nano-danse, cœur de la représentation, nous emporte dans un ballet de mystère et accentue l’effet irréel de l’œuvre. Les index, majeurs et annulaires personnifient des inconnus qui vivent leurs derniers instants et partagent leurs éphémères réminiscences avec le public.
Des parcours de mort, qui, pendant un peu plus d’une heure, font valser les émotions. On est triste d’une mort naturelle, intrigué par une mort brutale, amusé par une mort loufoque. La musique, mixée en direct, nous guide dans le tragi-comique de ces situations chimériques. Lou Reed entonne « Perfect Day » et c’est l’absurdité de la vie plus que de la mort qui nous prend aux tripes. Ce qui est funèbre dans Cold Blood, c’est lorsque la représentation et le songe s’arrêtent.

« Vous êtes vivant » sont les derniers mots que l’on entend. Oui, on l’est. Et on a ressenti une douleur exquise lors cette onirique balade pour cette 30ème édition du Printemps des Comédiens.

Cold Blood
Un spectacle de Jaco Van Dormael, Michèle Anne De Mey et le collectif Kiss & Cry
Texte de Thomas Gunzig
Production déléguée : Le Manège.Mons
Production exécutive : Astragale asbl
Production associée : Théâtre de Namur

Le Printemps des Comédiens

( Crédit Photo Julien Lambert )

Lire aussi dans les actualités du Théâtre :

Le Visiteur : Une rencontre entre Freud et son subconscient

Classe ! : Le spectacle audacieux et talentueux de Giroud & Stotz

Stavanger: un huis-clos aux relents de repentance

Le Petit Oiseau Blanc : du rêve à l’état pur !

Sunderland: une comédie sociale qui parle aux ados

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à