Athenais : une folk intimiste et assumée
Par Nicolas Vidal – Athénais est une jeune artiste montpelliéraine, qui étrangement, a fait ses premières classes à Londres. Elle défend l’idée d’une folk intimiste et qui parle d’amours malheureux et parfois heureux. Nous avons voulu en savoir plus suite à la sortie de son premier EP « Ciao Ciao.
Rencontre à Montpellier avec une jeune songwriter qui pourrait faire parler d’elle très rapidement.
Des influences telles que Fiona Apple, Pj Harvey ou Cat Power. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre culture musicale ?
Quand j’étais petite, on n’écoutait pas beaucoup de musique à la maison. Pour mes quatorze ans, j’ai découvert qu’on pouvait emprunter des CD à la médiathèque et c’est comme ça que je me suis faite ma culture musicale. En fouillant dans les bacs, je suis tombée sur « Tidal », le premier album de Fiona Apple, le gros plan sur son visage m’avait intriguée, je suis allée écouter et cela a été « l’amour à la première écoute ». De la même façon, j’ai découvert entre autres PJ Harvey, Cat Power, Feist et beaucoup d’autres chanteuses. Je les ai toutes les quatre vues en concert quand j’étais adolescente. L’adolescence est une période importante car c’est là que nos rêves se forment. Quand j’ai vu Polly sur scène avec sa belle Gretsch rouge, je ne rêvais que d’une chose : apprendre à jouer de la guitare, écrire des chansons et monter sur scène comme elle.
Premières scènes à Londres et une éclosion musicale à Montpellier. Comment expliquez-vous cela ?
Lorsque j’étais ado, je rêvais de parler anglais couramment. Je voulais comprendre toutes ces chansons que je chantais. J’étais censée rester dix mois en Angleterre, mais j’y ai finalement passé 6 ans. Là bas, j’ai commencé à jouer de la guitare, à écrire, à monter sur scène. Et puis c’est l’envie d’entrer dans une école de musique qui m’a fait revenir en France. J’ai participé au tremplin du JAM (école de jazz et musiques actuelles de Montpellier) je l’ai remporté et j’ai fait des rencontres que je n’étais pas parvenue à faire à Londres, comme mon arrangeur Sylvain Briat et mon label, Le Petit Chat Noir. Bref j’ai trouvé une effervescence musicale qui m’a donné un nouvel élan.
Quel est votre rapport avec la Folk, Athénaïs ?
J’adore Neil Young et j’écoute aussi beaucoup de groupes de la « nouvelle folk » si on peut l’appeler comme ça, comme Villagers, Laura Marling, First Aid Kit, Fleet Foxes… Mais je pense qu’il faut faire attention avec ce mot, folk, c’est un genre qu’on a tendance à attribuer à tort à n’importe quel artiste qui s’accompagne à la guitare acoustique. Je joue souvent avec un capo parce que j’adore les accords à cordes à vide mais j’ai encore beaucoup de progrès à faire sur mon instrument pour m’assumer en tant que vraie folkeuse. Cependant, la folk rime aussi avec chanson à texte et s’il y a une chose qui me rapproche de ce genre, c’est bien ça. J’aime raconter des histoires, faire des jeux de mots, jouer avec les expressions… Ma musique reste quand même plus pop que folk.
Ciao Ciao, un premier EP qui fixe déjà un style. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur sa genèse ?
À l’époque de l’écriture des chansons de l’EP, je commençais tout juste la guitare et j’écoutais beaucoup Cat Power. C’est grâce à elle que j’ai eu l’audace d’écrire. J’écoutais en boucle « The Cover Record » et « You Are Free », deux albums dont la plupart des chansons ne contiennent pas plus de 3 ou 4 accords. Je me suis dit, je vais faire comme elle et voir ce que ça donne. Après une nuit inspirée, « Love Me More », ma toute première chanson était née.
Seulement, je voyais mes guitare-voix comme des croquis de mes chansons. Je les avais toujours imaginées orchestrées mais je ne savais pas du tout comment m’y prendre ni par où commencer. Et puis j’ai rencontré Sylvain Briat, guitariste et arrangeur, il m’a fait écouter ce qu’il avait fait avec d’autres artistes et ça m’a plu. On a enregistré une première chanson dans son studio et il m’a montré ce qu’il pouvait faire, j’ai tout de suite accroché et on a continué à travailler ensemble pour faire l’EP et l’album ( critique de Ciao Ciao à lire ici ).
Quel est le processus d’écriture de vos chansons ? Où allez-vous chercher votre inspiration ?
En général, je me mets à écrire quand j’ai besoin d’extérioriser une souffrance, un mal-être, une colère… je commence toujours par chercher une suite d’accords à la guitare. Ensuite je chantonne et je créé la mélodie, et c’est seulement après que les mots se posent, même si je sais dès le début de quoi la chanson va parler. Les trois quart de mes textes parlent d’histoires d’amour qui ont mal tournées. Même mes chansons « joyeuses » sont nées d’une certaine mélancolie. Mais depuis peu, je m’efforce à ne plus écrire qu’à la première personne, à ne plus parler que de moi, c’est un exercice difficile auquel je prends goût.
Quelques mots sur votre futur premier album ?
Comme mon projet est assez récent, j’ai décidé de sortir d’abord un EP pour que les gens apprennent à découvrir mon identité, mais j’ai enregistré un album entier et quand je joue sur scène, je présente toutes les chansons de l’album. Il réunit quelques chansons qui datent de l’époque de Londres, et d’autres que j’ai écrites à Montpellier. J’ai voulu trouver une esthétique pop tout en gardant le côté acoustique de la folk. En studio, j’ai insisté pour qu’on utilise principalement de « vrais » instruments et pas de sons électroniques. J’ai hâte de le faire écouter.
Quel regard portez-vous sur la difficulté d’émerger en tant que jeune artiste par rapport à l’industrie du disque et de la concurrence sur la scène française ?
Ça dépend à qui vous posez la question. Mon « moi » pessimiste (celui de « Do You Ever ») vous dirait que je me sens parfois découragée face à la ribambelle d’excellents artistes qui existent aujourd’hui, que l’industrie de la musique me paraît comme une immense toile d’araignée dans laquelle j’avance à reculons par peur de me faire piéger, piétiner… Mon « moi » optimiste lui, vous dirait que quand on veut on peut. Je suis chanteuse-auteure-compositrice et je le resterai que j’émerge ou non. Ce qui m’importe c’est avant tout de pouvoir continuer à partager mes chansons avec mon public, d’être heureuse et si possible de rendre des gens heureux grâce à ma musique ! Et puis je ne trouve pas forcément qu’on soit en concurrence avec les autres artistes, on a tous notre place à se faire et on peut se serrer les coudes. C’est pour ça d’ailleurs que j’avais lancé mon propre open mic, j’aime bien rencontrer d’autres artistes, collaborer avec eux. J’ai souvent chanté avec Ndobo-Emma ( lire l’interview ici) d’ailleurs, et je travaille régulièrement avec les artistes de mon label, j’aime bien cette entraide et cette bienveillance qui existe entre les artistes montpelliérains…
Où pourra t-on vous voir sur scène dans les semaines à venir ?
J’ai des dates pour le printemps-été mais mon EP sort officiellement le 30 septembre et il y aura d’autres dates pour accompagner cette sortie.
Le 8 juin au Black Out à Montpellier,
Le 10 juin au Wild Summer Festival au Mas du Ministre à Mauguio,
Le 18 juin au Lézarts Café à Valence,
Le 21 juin à la Ola à Sète,
Le 13 juillet au festival Saint-Cyp en live à Saint Cyprien.
Athénais
Ciao Ciao
Label Le Petit Chat Noire
Site officiel d’Athénais : www.athenaismusic.com
( Crédit photo Anais Armelle Guiraud )
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