Dans le jardin de l’ogre : récit viscéral sur l’addiction sexuelle

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Par Jonathan Rodriguez – Saisissant. Leila Slimani nous plonge dans le quotidien d’une sex-addict enfermé dans une dépendance insoutenable et puissante. Un récit captivant qui émeut autant qu’il accroche.

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C’est l’histoire d’Adèle, journaliste de 35 ans, mariée à Richard et mère d’un petit Lucien. Une situation de vie classique, dans le quotidien d’une bourgeoise parisienne. Et pourtant. Un mal la ronge. Un désir, comme inéluctable, doit être assouvi.

« Elle comprit très vite que le désir n’avait pas d’importance. Elle n’avait pas envie des hommes qu’elle approchait. Ce n’était pas à la chair qu’elle aspirait, mais à la situation. Être prise. Observer le masque des hommes qui jouissent. Se remplir. Goûter une salive. Mimer l’orgasme épileptique, la jouissance lascive, le plaisir animal. »

Des relations charnelles et brutales, dont Adèle ne peut se passer. Le livre évite les écueils faciles dans la retranscription d’un mal être pour dresser un portrait de femme saisissant, où les pulsions rongent le personnage, tel un drogué en manque. C’est avec une maitrise du rythme toute particulière que Leila Slimani compose son premier roman. Des chapitres très courts, subtilement variés entre perdition dans le désir et vie de famille. On y saisit les enjeux du personnage et cette alternance permet, lors des séquences les plus « hot », de gagner en puissance érotique, pour saisir ce jaillissement soudain d’un désir compulsif et incontrôlable.

« Dès qu’elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n’être qu’un objet au milieu d’une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu’on lui pince les seins, qu’on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin d’un ogre. »

La force de ce premier livre réside dans sa manière d’aborder le tiraillement psychologique d’Adèle : palpable, sans jugements et tout en nuance. Les mots sont puissants, osés. L’effet est instantané, comme un coup de fouet dans la rétine. Même si le roman n’évite pas quelques faiblesses de rythmes par moments et se laisser aller à quelques clichés sociétaux, il témoigne d’une vraie puissance littéraire.

« Avoir envie, c’est déjà céder. » Vous n’avez alors plus qu’à céder à la tentation de ce roman étourdissant.

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