Art Wolfe : un étourdissant voyage photographique
Par Florence Yérémian – Qu’il s’agisse de paysages traditionnels ou de compositions quasi-abstraites, il confère toujours à ses clichés une grande puissance visuelle : entre un troupeau de bisons d’Amérique du Nord et une armée de séquoias géants de Californie, il nous laisse sentir le froid de la neige tombant sur le poil des bêtes ou la mousse verte et douce ensevelissant l’écorce de ces arbres centenaires.
A travers ses images lumineuses, Art Wolfe s’applique à nous révéler les richesses chromatographiques de sa merveilleuse planète : jouant avec les lignes et les couleurs naturelles, il capture aussi bien un ciel rose se reflétant dans un lac chilien qu’une nuée de papillons Monarques se reposant sagement dans l’ombre.
Amoureux des éléments, il saisit la brume, le vent ou les arcs-en-ciel et semble passer ses journées dissimulé dans la savane ou perché sur la cime des montagnes les plus hautes du monde. Par delà l’esthétisation de ses photographies, Art Wolfe s’amuse aussi à leur donner un côté onirique tels ces cygnes chanteurs devant le Kirkjufell islandais ou ce splendide croissant de lune accroché aux pointes rocheuses de la cordillère des Andes.
Hormis les paysages, ce grand interprète de la nature s’attache également à la faune: au fil de ses pérégrinations aux quatre coins du monde, il a ainsi pu croiser de flamboyants flamants des Caraïbes, des lièvres arctiques jouant sur la glace ou même un Nestor Kéa de Nouvelle Zélande. Véritable photographe écologiste, il ne se contente pas d’observer la biodiversité de sa planète, il tente aussi de nous faire réfléchir à un meilleur respect des merveilles qui la composent. Son appel à la protection de l’environnement est l’un des aspects primordial de son travail, l’autre étant une curiosité insatiable à l’égard de ses semblables.
Observateur des Touaregs du Sahara, des Huli de Papouasie ou des chasseurs Yanomami du Vénézuela, Art Wolfe a côtoyé des dizaines de tribus et de peuples indigènes dont certains ont aujourd’hui disparu. Attaché à l’humain, il l’a révélé au fil des années dans d’incroyables portraits réalisés de prés ou de loin à l’exemple de ces guerriers massaïs ou de ces incroyables fauconniers de Mongolie.
Pour découvrir le talent incontestable de cet explorateur photographe, il vous suffit de tourner les pages de son dernier album « Hymne à la terre ». A travers quelques quatre cent planches dont douze panoramiques époustouflants, vous ne pourrez qu’être, à votre tour, subjugué par la beauté du monde.
Hymne à la terre
(Earth is my witness)
Photographies de Art Wolfe
Introduction de Wade Davis, ethnobotaniste et anthropologue
Edité par le National Geographic
396 pages – 450 photographies – Format 285 x 362
www.nationalgeographic.fr
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