Le bourgeois gentilhomme: une comédie-ballet de qualité !

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Par Florence Yérémian – On ne se lasse jamais de regarder Monsieur Jourdain: siècle après siècle, ce drôle de bourgeois a si souvent été mis en scène qu’il semble faire partie de notre entourage. Poudré, enrubanné et burlesque à souhait, le voici aujourd’hui sur la scène du Théâtre Michel entouré, comme de coutume, de ses Maitres d’arme, de musique ou de philosophie.

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Entre une leçon de danse, un combat au fleuret et un cour magistral sur la prononciation des voyelles, l’homme est ridicule à souhait! Déambulant sans complexe dans une robe de chambre en peau de vache ou une tenue de jour couverte de pompons roses, le brave Jourdain nous amuse toujours autant sans même s’en rendre compte. Obnubilé par son obsession des nobles et des gens de qualité, il est prêt à sacrifier l’amour de sa fille, l’honneur de sa femme et sa propre fortune afin de gagner quelques titres pompeux ou les faveurs d’une arrogante marquise …

C’est avec beaucoup d’humour et de talent que les comédiens du Grenier de Babouchka s’attaquent à ce grand classique de Molière. Après leurs adaptations de l’Avare ( L’Avare? Avec cette pièce, on en a vraiment pour son argent! ), du Malade Imaginaire ou des Fourberies de Scapin ( Scapin? Une pièce sémillante portée par un valet hyperactif!) , ils se penchent à présent sur les élucubrations de ce pseudo-gentilhomme et nous en offrent une interprétation aussi costumée que chahutante. Faisant honneur à l’esprit de la farce de feu-Poquelin, ils enchaînent les grimaces, les quiproquos et n’hésitent pas à pousser la chansonnette pour le plus grand plaisir du public.
Parmi ces joyeux drilles se distinguent Didier Lafaye dans le rôle de Monsieur Jourdain, Stéphanie Wurtz dans celui de sa servante ruminante et Séverine Delbosse qui compose avec ampleur une Marquise à l’accent québécois dont le rire ne cesse de fuser à travers toute la salle. La très belle Mariejo Buffon nous livre, en contrepoint, une Madame Jourdain aussi fine qu’élégante, quant à Olivier Girard, il surprend allègrement les spectateurs en se déguisant en Karl Lagerfeld pour interpréter le Maitre tailleur du bourgeois gentilhomme!
La palme de l’interprétation revient cependant à Jonathan Pinto-Rocha qui mène la danse en incarnant justement… le Maitre de ballet. Vêtu de fuchsia de la tête aux pieds, cet acteur plein d’audace nous abreuve d’entrechats et de révérences grotesques tout en toquant assidûment de la guitare. La bouche lippue, l’oeil bien rond et la gambette souple, Jonathan fait rire le public par ses excès et sa bonne humeur communicative. Changeant de personnage au fil de la pièce, on le voit également revêtir la tunique du valet Covielle ou celle de l’ambassadeur du grand Turc prêt à transformer ce pauvre Monsieur Jourdain en un grotesque Mamamouchi.

Si vous souhaitez initier vos têtes folles à la prose du grand Molière ou tout simplement vous amuser, cette charmante pièce est l’occasion rêvée !

Le bourgeois gentilhomme
Comédie de Molière
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre
Avec la troupe du Grenier de Babouchka: Mariejo Buffon, Séverine Delbosse, David Slovo, Olivier Girard, Didier Lafaye, Barbara Lamballais, Bruno Dégrines, Jonathan Pinto-Rocha, Yves Roux, Stéphanie Wurtz
Costumes de Catherine Lainard – Décors de Déborah Durand – Musique & chorégraphies de Valentina Casula
1h40 – A partir de 7 ans

Théâtre Michel
38, rue des Mathurins – Paris 8e
Métro Havre Caumartin

A partir de janvier jusqu’en mai 2016
Réservations: 0142653502
www.theatre-michel.fr

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