Picasso : l’incontournable musée dédié à Pablo Picasso

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Par Florence Yérémian – Lorsque Pablo Picasso est mort, son héritage artistique était si important que l’état français mit en place un système de dation en accord avec ses héritiers : ces derniers paieraient tout simplement leurs droits de succession à la France en oeuvres d’art picassiennes ! Belle manoeuvre de Valéry Giscard d’Estaing qui gratifia ainsi Paris du remarquable Musée National Picasso pour en faire l’écrin de la plus importante collection mondiale.

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Edifiée en 1985 au sein de l’Hôtel Salé entièrement restauré, cette institution unique célèbre aujourd’hui ses trente ans d’existence à travers une magnifique exposition anniversaire.

Picasso était un boulimique de travail qui peignait à longueur d’année et conservait la moindre petite parcelle de ses créations. A sa mort, en 1973, les responsables de son inventaire parisien dénombrèrent plus de cinq mille oeuvres d’art importantes qui furent à l’origine de moult conflits familiaux. Par-delà la « Saga Picasso » dont de nombreux journaux populaires s’emparèrent durant des années, l’exposition de l’Hôtel Salé souhaite aujourd’hui mettre en avant l’insatiable puissance créatrice qui coula dans les veines du Maître de Malaga tout au long de sa vie.
La scénographie de ce cheminement artistique est fort bien faite car elle présente les toiles et les dessins de Picasso sans pour autant négliger ses objets en céramique, ses collages ou ses inventions sculptées. Conjointement à toutes ces variations picturales, cet ingénieux accrochage se penche également sur la partie personnelle de Picasso en déclinant un florilège peu connu d’archives et de photos intimistes.

Les « Variations Picasso »

Le parcours proposé aux visiteurs est extremement fluide car malgré la quantité impressionnante d’oeuvres sélectionnées (près de 900!), ces dernières sont très diverses et elles se déploient harmonieusement à travers les 38 salles du musée. Il y a une véritable interaction entre la collection et l’architecture lumineuse de l’Hôtel Salé qui se ressent en permanence lorsque l’on s’y promène. Au fil de ces cinq étages labyrinthiques, on se laisse successivement entrainer dans la période bleue de l’artiste (avec notamment le très beau portrait de La Célestine) l’on déambule devant les saltimbanques évanescents de sa phase rose puis l’on vient s’interroger face à ses papiers collés et son étonnante conquête cubiste entreprise aux côtés de Georges Braque.
A l’inverse des habituelles expositions chronologiques, il est ici très intéressant de pouvoir comparer sur un même mur des toiles de différentes périodes: en effet, les oeuvres de jeunesse de Picasso confrontent ingénieusement ses ultimes créations, ce qui nous laisse imaginer l’évolution perpétuelle de sa pensée. Depuis ses débuts académiques jusqu’à sa phase surréaliste en passant par ses compositions proches de l’abstraction, cette rétrospective nous livre un extraordinaire éventail de médiums, de techniques et d’expressions qui nous prouve une fois de plus le génie prolifique du Maestro catalan.

Un artiste poète et militant

En arrière plan de ce grand laboratoire créatif peuplé de baigneuses alanguies, d’esquisses sur la tauromachie ou de multiples croquis des Demoiselles d’Avignon, l’exposition de l’Hôtel Salé nous laisse aussi entrevoir les autres visages de Picasso: celui de l’aède, par exemple, ou du militant communiste qui s’effacent bien trop souvent derrière la figure dominante et adulée du peintre. En déchiffrant les quelques feuillets calligraphiés placés au fil des vitrines, on découvre ainsi un Picasso poète, taquinant la prose à ses heures perdues! Mêlant les mots au dessin, cet amateur lyrique a tout de même produit près de trois cent textes poétiques durant les années 40!
Parallèlement à cet aspect peu connu du démiurge espagnol, une autre salle nous laisse percevoir l’influence qu’exerça sur lui le parti communiste français au sortir de la guerre: à travers de vieilles coupures de journaux, on discerne le visage militant de l’artiste pris dans cette mouvance politique. On sourit d’ailleurs devant certaines esquisses presque naïves où Picasso lève vaillamment son verre à la santé du camarade Staline!

Des « Epouses-Modèles »

Reste enfin sa vie amoureuse et familiale essentiellement exposée à travers une sélection de couvertures en papier glacé signées Paris Match: père à quarante ans, Picasso se laisse prendre en photo alternativement aux côtés de Paulo, Maya, Claude ou Paloma, mais ce sont surtout les silhouettes de ses maitresses et voluptueuses compagnes qui reviennent sempiternellement au devant de la scène.
A ce propos, ne ratez pas le dernier étage du musée qui consacre plusieurs salles à ses « femmes-modèles »: l’on y voit un très beau portrait de la hiératique Jacqueline Roque, une huile sur toile dédiée à la photographe Dora Maar, sans parler du sublime tableau d’Olga Khokhlova, cette belle danseuse russe qui fut sa toute première épouse. Lorsque l’on dévisage ces muses, l’on se dit que c’est peut-être en elles que réside la clef de tout le processus créatif de Picasso : en faisant fusionner son art et sa vie quotidienne, ce petit homme a atteint le stade de la création perpetuelle et il est devenu l’une des figures les plus marquantes de monde moderne.

PICASSO: L’exposition anniversaire
Musée Picasso-Paris
5, rue de Thorigny – Paris 3e
Métro: Saint Paul, Saint Sébastien Froissart ou Chemin Vert
A partir du 20 octobre 2015
Ouvert tous les jours sauf le lundi, le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai.
Renseignements: 0185560036
> www.museepicassoparis.fr

> Le site officiel de Pablo Picasso

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