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Paroles de libraires : la Lliberia catalana (5/5)

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Par Nicolas Vidal – En partenariat avec l’Association Languedoc-Roussillon Livre et lecture, le BSC NEWS a souhaité donner la parole à des libraires indépendants afin qu’ils nous parlent de leur métier, du livre, de la lecture en général, de leur rapport à internet et de leurs résistances face aux géants tels qu’Amazon. Les Paroles de libraires vous font entendre la voix de cinq librairies indépendants au cours d’entretiens publiés durant tout le mois de décembre 2015 à la Une du bscnews.fr. Aujourd’hui, la Lliberia catalana située à Perpignan est à l’honneur.

propos recueillis par

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Pouvez-vous nous présenter votre librairie en quelques mots ?
La Llibreria a une longue histoire. Dans ses locaux il y a toujours eu une librairie qui a eu par vocation la diffusion du livre en langue catalane et de la production éditoriale locale. Crée dans les années 50, par un exilé catalan avec le nom de Librairie Catalogne, à sa mort elle a été reprise par l’écrivain Jordi Pere Cerdà. Après quelques années d’activité il a mis la clef sous la porte en 1976. Quelques années plus tard elle rouvre sous l’enseigne de Llibreria catalana. Depuis 2011 j’en suis la propriétaire et à la vocation de diffusion du livre catalan et local nous avons ajouté une attention au rayon jeunesse en catalan.

Quel est le profil des lecteurs qui fréquentent votre librairie ?
Les lecteurs sont très variés : amateurs du livre local, lecteurs en langue catalane ou française, jeunes étudiants et adultes en formation dans le domaine de la langue et la culture catalane, enseignants des établissements scolaires,…

Quelles sont les habitudes de lecture de vos clients ? Ont-elles changé depuis vos débuts en tant que libraire ?
Nos clients suivent surtout l’actualité littéraire et éditoriale catalane. Depuis que je tiens la librairie, le rayon jeunesse s’est développé. J’ai donc une nouvelle clientèle qui vient chercher des albums et de la littérature jeunesse en catalan.

Quel est l’impact des prix littéraires sur les ventes ?
La spécificité de la librairie fait que je peux avoir un double impact. D’un côté j’ai les prix littéraires catalans, qui évidemment marquent le rythme des ventes, et les prix littéraires français, qui peuvent très bien marcher en fonction du sujet, cela a été le cas du Goncourt 2014. S’ajoutent aux prix les traductions françaises d’auteurs catalans comme «Confiteor » de Jaume Cabré, ce succès assure les ventes dans les deux versions.

Est-ce que vos conseils de lecture sont décisifs en matière d’achat de livres ou les lecteurs savent-ils précisément ce qu’ils viennent acheter ?
Je dirais, que les deux. Il y a une clientèle fidèle qui sait ce qu’ils viennent chercher et les autres qui demandent conseil. Et oui, les conseils peuvent être décisifs, c’est la force du librairie indépendant face aux chaînes.

Organisez-vous des dédicaces ou des événements autour du livre afin de faire vivre votre librairie ?
Nous organisons une bonne vingtaine de dédicaces, activités et lectures de contes pour les enfants, avec un point fort pour Sant Jordi, fête du livre en Catalogne.

Avez-vous une stratégie pour fidéliser vos lecteurs face à la concurrence d’Amazon et au développement des plateformes de téléchargement d’ebook ?
Je n’ai pas de stratégie particulière, j’exerce mon métier en argumentant sans cesse que les libraires indépendants nous apportons autre chose que les chaînes et les plateformes, et que le commerce de proximité est un élément important pour ne pas perdre les centre villes. Il y a un gros travail de fidélisation avec les enseignants, les associations culturelles en leur proposant tout ce que Amazon et l’e-book ne peux pas proposer.

Quelle est votre position quant à la vente en ligne ?
J’ai un site de vente en ligne, je pense que c’est complémentaire, je vends en ligne surtout à des catalans exilés. Mais je dois dire que c’est fastidieux, ce n’est pas la partie la plus intéressante du métier.

Pensez-vous que les pouvoir publics doivent trouver des solutions pour sauver les librairies ? Si oui, de quelles façons ?
Oui je le pense, il y a pas mal d’incitations déjà, et des aides financières qu’on ne peux pas nier. Je pense plutôt que la municipalité, dans le cas de Perpignan ne croit pas assez aux petits commerces de proximité, ni à la culture et ils préfèrent donner des autorisations à des grandes surfaces commerciales en dehors de la ville. Mais ça, c’est une autre chanson.

Comment voyez-vous le métier de libraire dans 10 ans ?
Je pense que les librairies spécialisés résisteront plus facilement face à la consommation généralisée, basée sur le double clic. Maintenir un bon rythme d’activités et de rencontres autour du livre et la lecture sont toujours indispensables,

Conséquemment, comment voyez-vous la place du livre au sein de la société française dans 10 ans ?
La place du livre m’inquiète moins que la place de la lecture. On peux changer de support et s’adapter aux nouvelles technologies, mais il faut surtout promouvoir la lecture.

Si vous deviez conseiller un livre à nos lecteurs, quel serait-il ?
Je propose un clin d’œil à nos futurs lecteurs, avec un album illustré en catalan de Rocio Bonilla « De quin color és un petó ? ». « De quelle couleur est un bisou ? », est une jolie réflexion sur les émotions au-delà des stéréotypes du prince charmant et des princesses roses. Aux éditions Animallibres.

La Llibreria
7, Plaça Joan Payrà
66000 Perpignan
04 68 34 33 74
lallibreriaperpinya@gmail.com
Horaires d’ouverture
9h-12h i 14h-19h
www.llibreriacatalana.com

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