Librairie LA LORGNETTE - Mende

Paroles de libraires : Librairie La Lorgnette (3/5)

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En partenariat avec l’Association Languedoc-Roussillon Livre et lecture, le BSC NEWS a souhaité donner la parole à des libraires indépendants afin qu’ils nous parlent de leur métier, du livre, de la lecture en général, de leur rapport à internet et de leurs résistances face aux géants tels qu’Amazon.

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les Paroles de libraires vous feront entendre la voix de cinq librairies indépendants au cours d’entretiens publiés durant tout le mois de décembre 2015 à la Une du bscnews.fr. Aujourd’hui la librairie La Lorgnette située à Mende ( Lozère) est à l’honneur.

Pouvez-vous nous présenter votre librairie en quelques mots ?
La lorgnette est une jeune librairie de deux ans. Elle est généraliste, avec toutefois des rayons dominants qui correspondent à mes goûts personnels (littérature étrangère, littérature jeunesse, BD indépendante … ) Elle est toute petite avec ses 60m2, mais agréable. C’est un peu le bazar comme dans toute bonne librairie, on y trouve un canapé, des coussins pour s’installer tranquillement et feuilleter les livres.

Quel est le profil des lecteurs qui fréquentent votre librairie ?
Il n’y a pas de profil type de lecteur. Je reçois beaucoup de jeunes, de personnes âgées, de familles, des professeurs, des personnes qui ne lisent pas mais cherchent un cadeau et qui sont en attente de conseils…

Quelles sont les habitudes de lecture de vos clients ? Ont-elles changé depuis vos débuts en tant que libraire ?
La plupart de mes clients lisent de la littérature française et étrangère, il y en a aussi beaucoup qui lisent des essais. Comme c’est un rayon que je n’ai pas encore développé, ils me commandent leurs ouvrages. Depuis que je suis installée ici à Mende, il est vrai que les habitudes de lecture ont évolué, de par la découverte de nouvelles maisons d’éditions et des auteurs. Pour ma part, j’ai également évolué en faisant des découverte grâce aux contacts de mes clients. La relation libraire-client est basée sur l’écoute et la curiosité dans les deux sens, c’est cela qui est beau et intéressant.

Quel est l’impact des prix littéraires sur les ventes ?
L’impact de certains prix est important sur les ventes (Goncourt, Médicis, … ). Par ailleurs, les clients se méfient de plus en plus des prix (il y en a tellement). Car souvent ils sont déçus. Alors ils attendent mon avis et celui de leurs critiques favoris en plus de la distinction purement littéraire.

Est-ce que vos conseils de lecture sont décisifs en matière d’achat de livres ou les lecteurs savent-ils précisément ce qu’ils viennent acheter ?
Cela dépend, mais c’est vrai que mon avis et les petites notes que je laisse sur mes coups de cœur sont très suivis. La majorité des clients viennent pour le conseil et la sélection, choses qui sont propres à chaque libraire.

Organisez-vous des dédicaces ou des événements autour du livre afin de faire vivre votre librairie ?
J’organise des événements mais moins que je le voudrais, en étant seule je n’ai pour l’instant pas le temps de développer un programme sur l’année digne de ce nom. Heureusement, des éditeurs comme Gallmeister ou Mirobole, me proposent des rencontres et bien sûr j’accepte toujours avec plaisir.

Avez-vous une stratégie pour fidéliser vos lecteurs face à la concurrence d’Amazon et au développement des plateformes de téléchargement d’ebook ?
Pas de stratégie marketing pour ma part, j’exerce mon métier comme je l’entends, vendre des livres est un commerce singulier, cela demande beaucoup de curiosité, oser prendre des risques, proposer des nouvelles choses, soutenir certaines maisons d’éditions, c’est une question de choix et de relation au client. Ainsi c’est en exerçant correctement notre métier et avec passion que l’on peut fidéliser le client afin qu’il se rende compte qu’Amazon, la Fnac et cie vendent les livres comme ils vendraient des machines à laver…
En ce qui concerne le E-book, je ne suis pas fan personnellement, je suis trop attachée à l’objet livre en lui-même, mais je conçois que ce format puisse être utile, et je pense que les deux formats peuvent cohabiter sans problème dans notre société.

Quelle est votre position quant à la vente en ligne ?
Je trouve la vente en ligne impersonnelle, la relation humaine, la relation à l’objet que vous avez en librairie me semble primordiale. Après j’imagine que cela peut dépanner quand il y a urgence, cependant où est passé le plaisir de l’attente, pourquoi vouloir tout avoir tout de suite?

Pensez-vous que les pouvoir publics doivent trouver des solutions pour sauver les librairies ? Si oui, de quelles façons ?
Oui je le pense, mais ils le font déjà, en commençant en 1981 par la loi Lang, ensuite la loi récente sur le non cumul des frais des ports gratuits et des 5% de remise… Le Centra National du Livre fait un travail remarquable de soutien que ce soit financier ou au niveau du conseil. L’association Livre livre et lecture en ce qui concerne la région Languedoc Roussillon fait aussi du beau travail. Le livre est bien soutenu en France et en Languedoc-Roussillon, il faut continuer !

Comment voyez-vous le métier de libraire dans 10 ans ?
Une rentrée littéraire avec 900 titres ! Plus sérieusement, je vois de nouveaux auteurs, de nouvelles découvertes, de nouveaux éditeurs, et de plus en plus de lecteurs…

Conséquemment, comment voyez-vous la place du livre au sein de la société française dans 10 ans ?
Le livre sera évidemment toujours là, avec plus de force car les livres et la littérature sont primordiaux. J’ai du mal à imaginer que les gens ne s’en rendent pas compte. Je vois plein de tout petits ici qui dans 10 ou 20 ans auront une bibliothèque plus fournie que la mienne ! Je suis peut être trop optimiste mais c’est dans ma nature.

Si vous deviez conseiller un livre à nos lecteurs, quel serait-il ?
C’est dur d’en choisir qu’un seul mais je me plie à l’exercice. Le cœur du pélican de Cécile Coulon chez Viviane Hamy, c’est un roman à l’écriture furieuse et violente, on a l’impression de se recevoir une claque en pleine figure et c’est agréable! Pour moi un des meilleurs textes de cette année.
Autrement en BD, je tiens à signaler la collection BDQ chez les requins marteaux, un exercice de style pour des auteurs indépendants autour du sexe, c’est très drôle, souvent d’une beauté ravageuse; Alors n’ayons pas peur de l’érotisme en littérature et BD !

Librairie La LORGNETTE
7 rue d’Angiran
48000 MENDE ( Lozère )
Tél : 04.66.48.17.54
ibrairielalorgnette@outlook.com
https://www.facebook.com/librairielalorgnette

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