Léa Wiazemsky

Léa Wiazemsky : une jeune romancière à l’écriture sensible et juste

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Par Emmanuelle de Boysson –bscnews.fr/ Clara a 27 ans. Elle est serveuse dans un bistrot où Clément, un vieux monsieur, déjeune seul une fois par semaine. Ils s’attendent, s’observent, s’apprivoisent comme le petit prince et le renard. Intriguée et attirée par cet homme qui pourrait être son grand-père et lit des romans, Clara se prend d’affection pour lui. Des liens se tissent entre ces deux êtres que tout sépare. Pourtant, comme souvent dans les histoires d’amitié, des fils secrets les unissent. Clara cache une tristesse et des blessures que les garçons de son âge ne peuvent effacer, Clément, une histoire douloureuse que le temps ne lui a pas permis de surmonter. Tous deux portent le poids des drames de la Seconde Guerre Mondiale. Peu à peu, chacun va dévoiler à l’autre son vrai visage et lui apporter bonheur et sérénité. Clara découvre en Clément le grand-père qu’elle n’a jamais eu. A travers Clara, Clément reconnaît la petite fille dont il rêvé. Une magnifique leçon de vie, l’histoire d’une amitié où chacun transmet à l’autre ce qu’il a de meilleur. Sensible, juste, tendre, écrit avec le coeur, ce roman est un des meilleurs du printemps. Une romancière est née. François Mauriac, son grand-père et Régine Deforges, sa mère, seraient fiers d’elle.

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Comment vous est venue l’idée de cette rencontre entre Clara et Clément ?
L’idée de cette rencontre entre Clara et Clément m’est venue il y a quelques années lorsque je travaillais encore dans un restaurant pour arrondir mes fins de mois. Je m’ennuyais derrière mon bar, et j’ai imaginé cette histoire ; celle de deux êtres aux âges bien différents, perdus dans leurs douleurs secrètes.

Avez-vous déjà vécu une amitié avec un homme de l’âge de Clément ?
Malheureusement, je n’ai pas fait une si belle rencontre, sans doute est-ce pourquoi j’ai eu besoin de me l’inventer. Mais j’ai eu un grand père formidable !

Parlez-nous de Clara ? Comment avez-vous crée ce personnage ?
Sa tristesse lui vient d’une culpabilité qu’elle n’a pas à porter, d’un secret familial mal gardé. Elle a besoin de se faire payer, comme pour racheter la faute commise par son grand-père.

D’où viennent sa tristesse et ses blessures ?
Clara me ressemble un peu… surtout dans ses goûts d’un autre temps, et dans ce sentiment de n’être pas née à la bonne époque ! Mais je n’ai pas sa noirceur ! Clara existe surtout dans le regard de Clément.

Clément, lui aussi cache une histoire douloureuse. Quelle fut sa vie ? Qu’attend-il de ce lien avec Clara ?
Clément, a lui tout perdu à cause de la barbarie humaine et n’a fait que survivre toutes ces années, jusqu’à sa rencontre avec Clara. Elle va lui montrer qu’il peut encore être heureux, et lui donner ce sentiment unique d’être grandpère et d’avoir ainsi une famille.

Pensez-vous que nous nous récréons une nouvelle famille, pour Clara un nouveau grand-père ?
Je crois qu’on peut se créer une famille de coeur ! J’ai pleins de cousins , d’oncles et de tantes que je me suis trouvée.

L’amitié intergénérationnelle et la transmission vous semble-t-elle être une valeur forte aujourd’hui ?
J’ai un amour et un respect immense pour les personnes âgées, elles ont tant de choses à nous apprendre, à nous donner. Mes grands parents ont été de vrais piliers !

Comment avez-vous écrit ce roman ?
J’ai écrit ce roman en plusieurs temps et en plusieurs années. J’écrivais d’une manière totalement irrégulière. Je savais ou j’allais, donc je n’étais pas pressée de quitter mes personnages,
surtout Clément que j’aime tant !

Avez-vous des projets ? Au cinéma, à la télévision, un nouveau roman en cours ?
Oui, j’ai quelques projets dont j’attends confirmation… Je suis un peu superstitieuse, je n’en parle pas. Et pour un nouveau roman, j’ai une idée que j’ai commencé à mettre sur le papier.

Parlez-nous de ce nouveau prix Regine Deforges de Limoges. Et si vous le souhaitez de votre chère maman.
C’est formidable que ce prix voie le jour ! Ma mère aimait beaucoup ce salon ! Que puis-je vous dire sur elle, si ce n’est qu’il est très dur de vivre sans elle. Ce fut un tel soleil…

Le vieux qui déjeunait seul
Léa Wiazemsky
Editions Michel Lafon
176 pages
14,95 euros

Crédit -Photo : Nathalie Sanchez

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