José Luis Peixoto : une magnifique ode à la figure du père

par
Partagez l'article !

Par Nicolas Vidal – bscnews.fr/ José Luis Peixoto est devenu indéniablement l’une des grandes voix littéraires du Portugal. L’auteur a commencé comme journaliste et critique littéraire, parallèlement à une écriture poétique soutenue pour laquelle il a remporté plusieurs prix à l’aube de l’an 2000 et a connu un succès retentissant en 2001 avec son recueil A Criança em Ruinas. Puis ce fut une suite ininterrompue de parutions littéraires – romans et pièces de théâtre – jusqu’à la parution de La mort du père, écrit entre 1996 et 1997 puis publié en France en 2013 par les Editions Grasset.

Partagez l'article !

Joao Luis Peixoto entretient un lien très fort avec ses racines et son rapport à la figure paternelle. C’est d’ailleurs le cas dans plusieurs de ses ouvrages tant l’auteur portugais reste très attaché à cette thématique. La mort du père est un petit objet littéraire d’une puissance incroyable, cristallisant le réceptacle d’une maîtrise littéraire de haut vol. Le narrateur revient dans la maison familiale après la mort de son père. Voilà le temps du souvenir et de l’absence où la terre d’origine est désormais «cruelle», où le père n’est plus, tout autant que ce qu’il représentait. En réalité, c’est un chant littéraire qui porte les louanges du père et de la dramaturgie de l’absence. Le fils revient sur les derniers instants de son géniteur à l’heure où la pudeur de ce dernier tente de minimiser son imminente disparition « Tu t’éloignais par les couloirs chargés de gris et d’éclairage morne, tu t’éloignais : alors, la sensation terrible que tu ne reviendrais jamais. » La mort du Père étudie avec talent les sentiments les plus durs et l’impuissance face à la mort dans ce rapport au père et ce qu’il induit pour un fils : la perte de repères et la disparition d’une figure qui a construit et qui a transmis « Oui, papa, tu as réussi. Tu as tout réussi. Tu m’as donné ce que j’ai. Tu m’as construit, tu as construit l’espoir dans tout ce que tu touchais».
Au-delà du rapport paternel, ces quelques milliers de mots choisis et agencés avec soin invitent à une formidable réflexion sur le rapport que nous entretenons avec le deuil, la mort et l’absence. Bluffant. La Mort du Père est un formidable chant d’hommage autant qu’il est un recueil poétique merveilleux parce qu’il touche, secoue et remue en vous ce qui se sent sans pouvoir se formuler. Un grand livre qui fera date.

La mort du père
José Luis Peixoto
Editions Grasset
10 euros – 64 pages

A lire aussi:

Nakamura Fuminori : « La philosophie de l’arme à feu…. »

Belén Gopegui fait vibrer notre corde sensible

Ji-Young Gong : une écriture lumineuse contre la peine de mort

L’histoire ordinaire de Tsukuru Tazaki

Joanna Smith Rakoff : l’alibi Salinger

Radhika Jha : « Le désir peut-il être la cause de toutes nos souffrances ? »

Ogawa Ito : le secret de l’âme

Georges Leroux remporte pour Wanderer le Prix du Gouverneur Général 2011

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à