Grand Ocean : « Une manière de rendre la légitimité à la création instinctive de la musique. »
Par Amélie Coispel – bscnews.fr/Grand Océan, c’est une vague de fraîcheur musicale. Un duo qui allie diverses influences , celle de Clem, musicien du groupe Maniacx, et Flo, que l’on connaît sous le nom de Pep’s. L’année 2014 est celle de la création du groupe, mais aussi de l’enregistrement de leur EP « USA » composé de 5 titres, qui est sorti le 4 mai 2015. Nous sommes allés à leur rencontre.
Vous aviez tous deux des projets différents. Florian, vous aviez Pep’s et Clem, Sweem entre autres. Pourriez-vous nous en parler ?
Flo : En 2000, j’ai commencé avec Pep’s. J’ai réalisé 3 albums et 3 EPs. Puis, il y a eu le succès de Liberta, et plus de 1500 concerts. Ma vie est bercée par la musique depuis que je suis tout petit. Il y a un peu plus d’un an, nous avons créé Grand Ocean. C’est que du bonheur, une grande liberté musicale. J’aime le voyage, et j’espère aller très loin avec la musique que nous faisons.
Clem : J’étais dans un groupe de reggae pendant 10 ans puis je suis entré dans un groupe de hip hop électro, Maniacx, dans lequel j’ai été pendant 3 ans. Désormais, j’ai un nouveau nom d’artiste, Sweem, avec des influences assez différentes.
Comment Grand Ocean s’est formé ?
Clem : Le groupe s’est formé à la suite d’un jam, nous étions entourés de guitares. A la suite de cette rencontre, nous avons eu envie de nous retrouver : c’est ce que nous avons fait. Nous avons repris des instruments et avons eu une nuit musicale très productive. Finalement, nous ne voulions pas faire seulement quelques chansons, nous n’avions pas envie de rester là- dessus. Donc nous avons monté un groupe ensemble, le début de Grand Océan.
Comment écrivez-vous les morceaux ? Y a-t-il une division des tâches ?
Non, tout est fait ensemble. C’est instinctif, comme notre relation.
Pourquoi avoir choisi d’écrire dans la langue de Shakespeare ?
Clem : Moi j’ai toujours chanté en anglais dans mes projets respectifs. C’était donc la suite logique de mon travail, puisque l’anglais aussi ça se travaille. Cela me permet aussi de toujours travailler mon anglais, de le perfectionner. C’était donc naturel de chanter dans cette langue.
Flo : Cela nous permet aussi de développer les mélodies vocales, à plus grande échelle. Je trouve que l’on va plus loin qu’en français.
Vous utilisez pour certains morceaux une Weissenborn, guitare hawaïenne, que l’on connaît notamment parce que Ben Harper l’utilise beaucoup. Est-ce pour vous une inspiration ? Sinon, pourquoi ce choix ?
Flo : D’abord, la Weissenborn n’est pas qu’une guitare hawaienne. Cela remonte au temps des esclaves aux Etats-Unis. Ils travaillaient tellement qu’ils avaient des doigts très enflés et ne pouvaient plus jouer de la guitare normalement. Alors ils la posaient sur leurs genoux et prenaient des bouts de métal issus des voies ferrées et les glissaient sur le manche. Il y a donc plusieurs endroits où le Weiss a été créé, pas seulement à Hawai.
Clem : En effet, nous apprécions Ben Harper, notamment ses trois premiers albums, mais aussi John Butler et tous ces gens qui jouent de la musique organique.
Vous avez réalisé un album dans les conditions du live. Pourquoi ce choix ?
Clem : C’est comme ça que l’on aime la musique. Nous n’avons pas envie de faire semblant, nous avons envie que ce soit vrai, pur et instinctif. Cela rejoint le nom du projet. Grand Ocean, ça a un nom pur, vrai.
Flo : Les conditions du live étaient aussi un contrepied de tous ces gens qui font de la musique montée sur pièce, avec certaines petites notes. Nous, nous avons choisi de tous nous mettre dans une pièce. Les musiciens ne connaissaient pas nécessairement nos morceaux avant de jouer avec nous. Il s’agissait de gens avec qui nous avions déjà fait des jam sessions dans le studio de Jean Lamoot à Paris avec un grand musicien brésilien, Orlando Morais. Nous avons vraiment beaucoup de chance d’avoir travaillé avec eux. Cet enregistrement dans les conditions du live était avant tout une manière de rendre la légitimité à la création instinctive de la musique.
Vous avez travaillé avec Jean Lamoot, connu pour avoir lui-même travaillé avec par exemple Alain Bashung ou Noir Désir. Comment vous-êtes vous rencontrés ?
Clem : C’était lors de la jam session organisée par Orlando Morais. Jean Lamoot a une petite pièce où il réalise tous ses albums. Cela peut paraître surréaliste mais pour moi, c’est un sorcier de la musique, comme les marabouts africains, dans le domaine du son, avec de vrais amplis analogiques, des micros qui remplissent la pièce. C’était une très grande rencontre musicale et c’était un bonheur absolu de travailler avec lui. Je pense qu’il n’existe et n’existera plus trop de personnes avec cette culture, qui ont commencé dans les années 70, 80, qui ont appris avec tous les grands et qui peuvent aujourd’hui mélanger la musique moderne et la musique analogique.
Vous avez aussi enregistré une seconde version du titre « USA », avec Matthieu Tosi. Pourquoi ?
Tout comme les rencontres que nous avions faites avant, c’est arrivé naturellement. Il nous avait proposé un premier remix et nous avons trouvé cela intéressant donc nous avons souhaité approfondir avec lui. Nous réalisons désormais de nouveaux titres ensemble.
L’artwork de votre EP est signé Xoil, jeune prodige du tatouage. Pourquoi avoir fait appel à lui ?
Il est l’un de nos amis. Les tatouages que nous avons, c’est lui qui les a réalisés principalement. Au même titre que Jean, il faisait partie de ces gens dans l’ombre, que l’on ne voit pas mais qui sont importants et qui nous entourent. Pour nous, c’était essentiel qu’il puisse représenter notre groupe et nous faire une pochette. Il a donc accepté gentiment.
Vous avez un showcase de prévu le 4 juin 2015 au China, à Paris. Ce sera l’occasion pour vous de vous confronter au public parisien, peu de temps après la sortie de votre EP. Comment vous sentez-vous à l’approche de cette date ?
Chaque concert est différent. Nous n’appréhendons pas du tout, nous avons plutôt hâte d’y être et de partager ce concert avec les gens qui seront présents.
Crédit-photo: Vanessa Andrieux
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