Dimitri Verhulst : un savoureux hymne aux joies de la démence
Par Marc Emile Baronheid – bscnews.fr / Contemporain considérable dans sa Flandre natale, Dimitri Verhulst franchit allègrement les frontières de la notoriété. Il défend et illustre un humour indigène que, par méconnaissance et suffisance de voisinage, le reste de la Belgique a longtemps tenu pour mineur.
De ce romancier et dramaturge, on connaît surtout « La Merditude des choses », par le truchement de son adaptation cinématographique. Dans un registre différent mais non moins incisif, Verhulst apparaît comme un petit-neveu du grand Hugo Claus, Flamand capital. Dimitri V frappe à nouveau, avec le fabuleux destin de Désiré Cordier, bibliothécaire à la retraite, affligé d’une épouse résolument imbuvable dont il décide de s’affranchir par un moyen astucieux et imparable : simuler la maladie d’Alzheimer… « Je goûtais un plaisir ancien et quasi oublié comme probablement tout gosse ou tout surréaliste en savoure, la simple délectation de mettre la réalité cul par-dessus tête et de priver les choses de leur cohérence quotidienne et sclérosée ». Un savoureux hymne aux joies de la démence, de la sénilité, de l’incontinence. Aussi l’exploration des surprises que peut réserver une maison de retraite, telle la découverte inattendue des fluffstrips. Ce livre de chevet remplacera avantageusement n’importe quelle pharmacopée.
« Comment ma femme m’a rendu fou », Dimitri Verhulst, Denoël, 14,90 euros
Lire aussi :
Saskia de Rothschild : un 1er roman qui révèle d’agréables dispositions au sarcasme
Hanne-Vibeke Holst : Au nord… rien de nouveau !
Jacques Tallote et la liberté bafouée
Caroline Deyns : la vengeance du stylo à plume
A la mesure de nos silences : le roman émouvant de Sophie Loubière
Yves Cusset : le portrait d’un misérable Narcisse de l’éducation nationale
Robert Pico : dernières pensées en sautant d’un building new-yorkais