Ferenc, un nouvel album depuis « Triumph », quelle a été le déclencheur pour ce nouveau projet ?
En fait, cet album est une série de collaborations, qui s’est déclenchée l’année dernière suite à l’album enregistré avec Javier Vercher «Imaginary Realm». J’ai décidé que j’allais faire deux types collaboration. L’une avec mon propre groupe (Triumph et Night Songs) et l’autre, celle où j’enregistre des chansons que je n’écris pas seul. Pour ce qui est de Bridges of Souls, c’est exactement cela. Nous avons enregistré des airs à la fois d’Attila Laszlo et de moi-même. Il y a même une jolie mélodie de la chanteuse espagnole Lara Bello et une reprise de Radiohead aussi. Donc beaucoup d’efforts de collaboration.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur Attila Laszlo ?
Attila Laszlo était mon professeur dans le BigBang à l’Académie Liszt et je voulais faire une collaboration avec lui parce que j’adore sa façon de jouer, mais aussi parce qu’il écrit des grands airs. C’est une sorte de légende en Hongrie. Il a également collaboré avec Peter Erskine, Bob Mintzer et beaucoup d’autres. Je pense qu’il est temps que le reste du monde le découvre enfin.
Quels sont les secrets du titre de votre nouvel album ?
Il n’y a vraiment pas de secret par rapport au titre du nouvel album. C’est Bridges of Souls, c’est comme cela que nous avons imaginé le projet. Après avoir quitté la Hongrie, Attila et moi n’avons pas été en contact pendant plusieurs années, mais nous avons toujours pu prendre des nouvelles grâce à des amis en communs. Depuis notre rencontre à l’Académie, nous avons construit quelque chose, un pont, à travers lequel nos âmes restent toujours connectées. Puis, soudain, après de nombreuses années, nous avons commencé à travailler ensemble sur ces différents projets. Nous avons alors décidé de faire un truc qui serait vraiment à nous. Bridges of Souls, les Ponts d’Âmes, c’est aussi un pont que je construit avec la musique: par exemple, ici, aux USA avec tous les musiciens que je rencontre, qui sont maintenant aussi ma famille. Et, il y a aussi les ponts qu’un musicien construit avec son auditoire, qui espère toucher l’âme des gens avec sa musique.
Je pense que les gens peuvent aussi s’y retrouver. Il n’y a pas que les musiciens qui construisent ces ponts. Tout le monde le fait à travers différentes relations… J’aime cette idée.
Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Attila Laszlo ?
Attila et moi avons travaillé ensemble avec un compositeur de film Indien, Iliayaraaja, il y a quelques années. Nous avons travaillés en Inde, un peu plus tard, puis nous avons enregistré un album pour Sony, avec les musiciens de la London Symphony. Voilà comment nous avons commencé à réfléchir à travailler sur un projet ensemble.
On sait que vous êtes soucieux d’ouvrir votre musique aux influences les plus diverses. Est-ce le cas aussi dans cet album ?
Oui, je suis définitivement ouvert vers de nouvelles directions et des styles différents. Aujourd’hui, je travaille avec le chanteur tunisien et joueur de oud, Dhafer Youssef. Aussi, avec le guitariste Lionel Loueke Benini, le chanteur de quintet Kenny Werner et Gilad Hekselman. Ils ont tous des styles différents. Je les aime tous. Quand j’étais adolescent, j’avais l’habitude de jouer dans un groupe top 40, on jouait du Elton John, Elvis Presley, Abba, etc. J’ai aussi été dans un groupe avec lequel nous reprenions des morceaux de Metallica, Nirvana et Guns n’ Roses. En même temps, j’écoutais et j’étais surtout influencé par l’album Four and Mores de Miles Davis et Tony Williams. J’aime tout cela.
Comment avez-vous travaillé sur cet album ? Y-a-t-il eu une part d’improvisation ou tout était établi dès le début ?
Russell Ferrante et Jimmy Haslip était dans le groupe depuis les débuts. Quand Attila et moi, nous avons parlé du concept, nous réfléchissions à qui pourrait être intéressé par le projet dans notre entourage. Je connaissais Russell depuis longtemps et nous avions joué ensemble plusieurs fois déjà. Il a même tourné avec mon groupe en 2008. Alors, j’ai pensé qu’il serait parfait. Après, quand je forme un groupe, je pense toujours à des gens qui jouent ensemble, des gens qui peuvent avoir une certaine alchimie ensemble. Le choix le plus évident était donc Jimmy pour la basse. Et en plus, Jimmy venait de quitter les Yellowjackets, alors je me suis dit que ce serait vraiment un bon moyen pour que Jimmy et Russell continuent de jouer ensemble. Nous sommes très heureux que les deux aient accepté d’enregistrer et de faire les tournées avec nous. Puisque nous sommes en train d’organiser une prochaine tournée, je pense qu’ils sont heureux aussi de cette perspective.
Si vous deviez définir votre album en deux mots, que diriez-vous ?
L’expression et l’improvisation.
Où pourra-t-on vous voir sur scène dans les semaines à venir ?
Nous venons de terminer une courte tournée européenne avec Bridges of Souls. Durant le mois de novembre, c’est la tournée de Dhafer Youssef. En décembre, j’enregistre un nouvel album pour Blue Note avec Lionel Loueke et j’ai aussi quelques dates, toujours avec Dhafer, en France et en Allemagne. L’année prochaine commence avec Michael Blake à New York, puis avec Lionel Loueke sur quelques dates américaines à venir. Je continue aussi avec Dhafer Youssef durant le printemps en Europe. En attendant, j’organise la prochaine tournée de mon groupe, aux États-Unis et en Europe. Bref, il y a toujours des trucs à faire et à chercher.
> Ferenc Nemeth & Attila Laszlo
« Bridges of Soul»
Featuring Jimmy Haslip et Russell Ferrante
Dreamers Collective Records
(Photo DR)
>> Le site officiel de Ferenc Nemeth
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