NAncy Goudinaki -

Nancy Goudinaki : de la Grèce à New York pour exprimer son talent

Partagez l'article !

Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Nancy Goudinaki a grandi en Grèce au contact de grands musiciens de son pays. Très jeune, elle s’est passionnée pour la guitare. Quelques années plus tard, elle débarque à New York pour donner un nouvel élan à sa carrière. Avec cet album, son pari semble être en bonne voie de réussite.

propos recueillis par

Partagez l'article !

Nancy, quand avez-vous pour la première fois découvert le jazz ?
J’ai découvert le jazz à l’âge de 15 ans alors que j’écoutais Ella Fitzgerald qui reste pour moi la Grande Dame du jazz. J’étais stupéfaite par la profondeur et la portée de cette voix. Son intonation, son phrasé étaient tous deux impeccables. Je suis tombée sous le charme dès la première écoute au coeur même de mon apprentissage intense de la guitare classique.

Vous avez commencé sur la guitare classique en Grèce, comment avez-vous découvert cet instrument et qu’est-ce qui vous a attiré au premier abord vers la guitare ?
J’ai commencé à jouer de la guitare classique à l’âge de huit ans. C’était mon jeu préféré que de produire des sons et de jouer mes airs favoris. Ce n’était pas facile à jouer comme instrument. Je me souviens de revenir de l’école et de filer m’exercer à la guitare plutôt que de regarder la télé ou de jouer avec ma soeur. J’écoutais une musique à la radio et immédiatement je tentais de la jouer, c’était magique. Heureusement que ma famille me soutenait énormément et ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Quand les choses se sont concrétisées pour moi lors de mes études de guitare classique, mes parents ont décidé de m’envoyer étudier chez Costas Cotsiolis, un musicien grec très reconnu où j’ai obtenu ma licence et mon diplôme.

Qu’est-ce qui vous a incitée à devenir compositrice ?
La vie ! Les expériences, les sentiments que l’on veut exprimer, quelle meilleure façon de le dire si ce n’est en chanson n’est-ce pas ? Raconter une histoire qui, heureusement, ne raconte pas juste mon histoire, mais plutôt une histoire qui puisse toucher l’âme du public. C’est quelque chose de tout à fait incroyable, cela représente une sorte de victoire pour l’artiste !

Pourquoi avoir choisi de vous installer aux États-Unis ?
Selon moi, si l’on veut étudier la voix du jazz, il n’y a pas de meilleur endroit que les États-Unis. Ma maîtrise de musicologie en poche, j’ai pris ma valise, mon ampli, mon micro et mes rêves pour m’installer à New York. J’ai eu énormément de chance de pouvoir étudier aux côtés de chanteurs d’exception comme JD Walter, Cynthia Scott, Miles Griffith et le légendaire Barry Harris.

Si vous aviez à citer une dame du jazz qui vous a beaucoup influencée, qui serait-elle ?
J’ai beaucoup de chanteuses préférées à qui je pourrai faire référence, c’est en fait très dur de choisir. Comme je l’ai déjà dit, j’étais une grande admiratrice d’Ella Fitzgerald. Je n’étais pas très Billie Holliday jusqu’à ce que je commence à lire sa biographie. Elle a eu une telle vie, vécu tant de souffrance que cela transparaît dans sa voix. Carmen McRae est également artiste que j’apprécie tout particulièrement.

Quels sont les avantages de votre carrière à New York par rapport à celle que vous auriez pu avoir en Grèce ?
C’est en Grèce que j’ai achevé mes études de musique classique. Nous avons, sans aucun doute, une grande tradition autour de la musique classique. N’oublions pas que l’une des meilleures sopranos de mon pays n’était autre que Maria Callas internationalement reconnue, mais la Grèce compte aussi beaucoup d’autres musiciens de talent comme Dimitris Mitropoulos, Xenakis ou bien la très célèbre Nana Mouskouri pour n’en citer que quelques-uns. Bien évidemment j’ai pris des leçons de chant en Grèce et j’ai commencé à chanter le grand répertoire américain de la chanson et quelques hits de la pop classique avec des musiciens de la scène jazz grec de Thessalonique. La plupart d’entre eux ont étudié à Berkeley, à Boston dans le Massachusetts: Lazis Tzimkas, Makis Stefanidis, Charis Kapetanakis, Nikos Variamidis, Yiannis Petropoulos. Puis j’ai eu envie de commencer un nouveau chapitre de ma vie. Et j’ai donc décidé de partir pour les États-Unis afin d’étudier le jazz. Je n’ai pas regretté cette décision. Avoir l’opportunité d’écouter chaque nuit tous ces grands musiciens, les grands groupes qui jouent à New York était l’une des meilleures expériences musicales qui soient. Mais j’ai aussi la chance à New York d’avoir étudié avec de grands artistes. J’ai enregistré mon disque avec Orin Evans, Dwayne Bruno, JD Allen, Rudy Royston, Miles Griffith, Daniel Sadownick et Richie Goods, ce qui apparaissait comme un immense challenge. Pas seulement enregistrer, mais aussi jouer sur la scène jazz new-yorkaise avec tant de musiciens d’exception: Johnny O’Neil, Dwayne Burno, Anthony Wonsey, Ron Affif, Aruan Ortiz, Eric Wheeler, Duane Eubanks, Saul Rubin, George Burton mais aussi mes frères grecs de New-York: Christos Rafallidis, Apostolos Sideris, Petros Klampanis et Yorgos Maniatis. Ces expériences et ces rencontres ont été la meilleure formation pour moi. Jouer dans des différents lieux de New York ou à Philadelphie, jouer au Zinc Bar ou au légendaire jazz club Birdlands c’est un rêve qui devient réalité pour une fille grecque comme moi …

Quelle partie de vos origines grecques est la plus exposée dans cet album ?
Et bien « I wanna be tour star » est en fait un titre original que j’ai écrit et composé avec ma guitare alors que j’étais en Grèce, que j’avais 16 ans et que je connaissais mon premier chagrin d’amour. Cet air a été écrit avec des paroles grecques. Je savais que rajouter ce titre sur l’enregistrement allait donner une tout autre saveur à celui-ci en rappelant mes racines grecques.
Car même si j’ai tenté de chanter le répertoire américain au plus près de ses origines avec respect, on entend forcément mon accent exotique. Quand je parle de respect, je ne parle pas uniquement de respect musical, mais celui du texte. J’ai énormément travaillé à gommer mon accent en assistant à des cours à l’école anglaise. J’ai suivi des séances d’orthophonie, et j’ai travaillé très dur en studio avec Richie pour parvenir à cela.

Pouvez-vous nous parler de la genèse de votre album « I wanna be your star » ?
À l’heure actuelle, pour n’importe quel artiste, avoir un disque équivaut à une carte de visite. En plus de l’aspect business, je désirais vraiment faire un disque qui me ressemblait grâce à mon travail afin de voler de mes propres ailes…

Dans votre prochain album, est-ce que vous inclurez davantage de morceaux instrumentaux à la guitare ?
La guitare classique est une part de mon talent artistique. Je n’aurais pas pu faire un enregistrement vocal sans jouer de la guitare par-dessus. J’ai passé presque toute ma vie a jouer de cet instrument. D’ailleurs, tous les gens avec lesquels j’ai travaillé pour ce disque ont insisté pour que je joue de la guitare. Je suppose que toutes ces personnes, qui sont comme mes professeurs comme Cynthia Scott, Richie, Orrin, Dwayne, JD, savaient bien mieux que moi ce qu’ils devaient faire. Je suis une nouvelle venue sur la scène musicale, et j’ai pu prendre conscience de leurs apports dans ma carrière.
Après la sortie de l’album, j’ai donné l’album à deux producteurs importants pour qu’ils l’écoutent. Suite à quoi, ils ont insisté  » Dans ton prochain album tu dois plus jouer de la guitare avec ton chant. Ça, c’est ta vraie beauté. » Il y aura donc plus de guitare sur le prochain disque, c’est une certitude.

I wanna be your star
Nancy Goudinaki

Le site officiel de Nancy Goudinaki

Lire aussi :

Cyrille Aimée : la frenchie qui cartonne aux USA

Natalia M.King : la Beat Generation, la route et la musique

Buika : la rage de chanter

David Krakauer : un Checkpoint entre Jazz et Klezmer

Dominique Fillon : plus jazz que politique

Macha Gharibian : Au carrefour du texte et du jazz

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à