Vieux Bob : le recueil de nouvelles talentueuses de Pascal Garnier

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Par Eric Yung – bscnews.fr/ C’est une belle surprise que seule, parfois, le monde de l’édition nous réserve. Pascal Garnier, l’artiste, l’essayiste, le romancier, le peintre aussi, revient sur les rayons des librairies (et sur l’un de ceux de notre bibliothèque) avec un recueil de nouvelles titré « Vieux Bob ». Un livre paru aux éditions In8, dans la collection Polaroïd dirigé Marc Villard.

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Certes, les nouvelles ne sont pas inédites puisqu’elles ont été éditées une première fois chez Syros, en 1990. Mais l’ouvrage était -à tort- passé inaperçu. Alors, aujourd’hui, voir réapparaître sur la « une » de couverture le nom de Pascal Garnier avec ce « Vieux Bob » revu et corrigé et qui rassemble dix courts récits, ça réjouit l’âme d’un lecteur. Histoires ordinaires que celles contenues dans l’ouvrage mais qui, sous la plume et par le style de Pascal Garnier, prennent chacune, à travers la description du quotidien de gens que l’on croit ordinaires la dimension de la tragédie et du drame. Pour donner aux lecteurs que nous sommes autant d’émotions –puisqu’il en est ainsi- avec une banalité de petits événements successifs qui n’en sont pas vraiment, il faut tout le talent de Pascal Garnier. Un talent soutenu tout au long des textes et qui permet, souligne l’éditeur avec justesse, à « une œuvre construite de chair et d’os, grâce à une écriture fine, précise, ciselée parfois à grands coups de haches, de mettre en scène avec minuties des « vies aussi invisibles que des faits-divers ». Un seul exemple ? Dans la nouvelle « Vieux Bob » qui donne le titre générique du recueil… « Bob » est « un berger allemand marron noir avec des taches jaunes sous le ventre et des poils blancs un peu partout. Il n’a plus de griffes mais ses ongles bigorneaux font « tac tac tac » sur le carrelage bleu et beige ». Et Bob, lorsqu’il était jeune a passé une partie de son existence à se frotter la couenne sur les jambes des clients du bistrot de la mère Denise. Denise, la maîtresse de Bob, est morte. Alors, Bob, fatigué par la vie, s’est installé derrière le comptoir parce qu’il s’est dit « quand on est vieux et qu’on a trouvé une place, qu’on est bien là, même si c’est étroit, même si on vous marche dessus, même si on a pour voisin le nerf de bœuf et le fusil à canon scié accroché sous les verres, » on ne la ramène pas. Mais les chiens sont innocents. Ils ne croient pas au malheur de l’abandon. Or Bob est trop vieux aux yeux des enfants de la mère Denise. Et un jour, un après-midi exactement, m’sieur Jean-Pierre, le barman « qui n’est pas un assassin et qui aime bien les bêtes » fait monter Bob dans le coffre de sa « 404 », une bagnole « qui sent le plastique chaud et la gauloise froide ». La voiture s’est arrêtée dans un bois et m’sieur Jean-Pierre en a fait descendre Bob, l’a conduit au pied d’un arbre et lui a passé une corde au cou. Bob s’est dit « ça tire un peu mais c’est pas grave, on est bien ici » aussi. La parution de « Vieux Bob » est peut-être l’occasion de relire quelques livres de Pascal Garnier et l’on songe, bien sûr, à « Comment va la douleur » ou à la « Théorie du panda » deux romans fort remarqués parmi la bonne soixante de livres (romans, nouvelles et livres pour la jeunesse) qu’il a signé. Qu’il a signé ? Oui, Pascal Garnier a perdu son combat contre le cancer. Il est mort en 2010.

« VIEUX BOB » de Pascal Garnier. Editions IN8 dans la collection « Polaroid »

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