Pendant la paix, la guerre continue : de Lucerne à Liège

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Par Marc-Emile Baronheid – bscnews.fr/ Artiste empêché, car requis par son grand dessein guerrier, Adolf Hitler trouvait tout de même le temps d’exécrer la création qui ne correspondait pas aux normes de l’aryanisation. En première ligne, l’expressionnisme et ses banlieues. L’un des effets tangibles d’une politique de liquidation de l’art dit dégénéré (entartete Kunst) fut la mise à l’encan, en 1939 à Lucerne, de quelque 109 toiles et 16 sculptures de 36 artistes non conformes (certains partiellement, car ils conservaient des admirateurs parmi les hauts dignitaires nazis ).

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Une délégation liégeoise, présente à la vente, réussira à acquérir 9 tableaux de Chagall, Ensor, Kokoschka, Laurencin, Liebermann, Marc, Pascin, Picasso et la dernière œuvre de Gauguin. L’Etat belge emportera les enchères de 6 autres œuvres. Liège sort de sa profonde torpeur provinciale, le temps d’une exposition inédite, puisqu’elle rassemble pour la première fois une trentaine des œuvres dispersées à Lucerne, nombre d’autres étant intransportables, voire intraçables. L’intéressant catalogue qui sous-tend l’exposition est complété par une section qui recense, montre et commente l’ensemble des œuvres vendues par la galerie Fischer à Lucerne, le 30 juin 1939, soit la partie émergée d’un iceberg de 16.000 à 20.000 confiscations Il est acquis que ladite exposition ne voyagera pas. À bon amateur …

« L’art dégénéré selon Hitler – la vente de Lucerne, 1939 », à la Cité Miroir, Liège, jusqu’au 29 mars 2015 (www.citemiroir.be) Catalogue édité par Jean-Patrick Duchesne / Collections artistiques de l’Université de Liège

Liège sort de sa profonde torpeur provinciale, le temps d’une exposition inédite, puisqu’elle rassemble pour la première fois une trentaine des œuvres dispersées à Lucerne. Devenue en 1914 la première ville étrangère à se voir décerner la Légion d’honneur, en reconnaissance de sa résistance héroïque à l’envahisseur allemand, Liège consacre à la Grande Guerre deux expositions de grande facture. La plus retentissante et, proclament les concepteurs, la plus grande jamais organisée dans le monde , « J’avais 20 ans en 14 », est incomparable, tant par son envergure et sa vision mondiale que par ses décors saisissants de réalisme, ses reconstitutions scrupuleuses et ses pièces emblématiques. Pour rassembler quelque 3000 objets authentiques, les concepteurs liégeois ont pu compter sur l’aide appréciable de David Bardiaux, érudit conservateur du Musée militaire de la Targette, à Neuville-Saint-Vaast (Nord-Pas-de-Calais). La visite impressionne, qui immerge dans l’ambiance d’une tranchée, la vie quotidienne des populations (dont une scène d’exécution de civils), donne à lire des lettres émouvantes, à voir des mutilations et surtout, à réfléchir à l’horreur de toute guerre. Le Traité de Versailles du 28 juin 1919 entérinera la défaite de l’Allemagne, face aux 32 états vainqueurs. Au moment de la signature, un délégué allemand confiera « Je me demande ce que l’Histoire dira de tout cela ! ». Morts, où est votre victoire ? Une scénographie de 5000 m2 répartie sur deux sites.

« J’avais 20 ans en 14 », gare TGV de Liège-Guillemins

« Liège dans la tourmente », musée de la Vie wallonne, Liège

Des expositions ouvertes jusqu’au 31 mai 2015 – www.liegeexpo14-18.be

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