Aron Wiesenfeld

Aron Wiesenfeld : le mysticisme intrinsèque d’un peintre californien

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Né à Washington, dans la capitale fédérale des États-Unis, Aron Wiesenfeld vit aujourd’hui à San Diego en Californie. Après avoir étudié la peinture au Collège de Cooper Union à New-York, il a poursuivi ses études à l’Art Center de Pasadena ( Californie). Si, un temps, il a illustré des comic books ( périodiques américains de bandes-dessinées), très vite, il décide de se consacrer entièrement à la peinture. Ses œuvres ont été exposées dans des galeries du monde entier ( New-York, L.A, Seattle, Toronto, San Francisco, Oslo, Amsterdam, Rome…). En septembre 2014, il a présenté à l’Arcadia Contemporary à New York une exposition nommée  » Solstice ».
Nous vous invitons à plonger dans l’univers mystérieux de ses toiles : les paysages y sont empreints d’un mysticisme intrinsèque et l’on y croise des êtres fragiles, esseulés, souvent insaisissables, qui incitent à réveiller notre imagination pour expliquer leur présence, leur destination, leur histoire. Des images pour aider à mieux voir…

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Quel a été le déclencheur de votre vocation de peintre? 
Enfant, je n’avais pas d’affinités particulières ou de talents pour la peinture. Mon frère et moi faisions souvent des constructions et jouions de la musique. Je faisais également des dessins mais rien de très sérieux. J’ai commencé à m’intéresser aux dessins quand j’ai découvert vers 11 ans les BDs.

Qu’est-ce qui vous a fait arrêter la carrière d’illustrateurs de comic books? L’envie de travailler sur d’autres supports et avec d’autres matières?
C’était la suite logique des choses. J’ai poursuivi le rêve que j’avais depuis que j’étais jeune en devenant un illustrateur de comic books. Ce qui fut génial tant que cela a duré. A un moment donné cependant, j’ai dépassé le sujet et je me sentais constamment frustré par le côté «linéaire de la nature du travail » et les affreux résultats qui en résultaient : il était temps de changer.

Sur quels supports et avec quelles matières travaillez-vous?
Je travaille le plus souvent sur toile pour la peinture à l’huile et sur papier pour le fusain. J’aime ces deux supports parce qu’ils sont très flexibles et qu’il est facile de faire des changements. J’ai tendance à passer en revue beaucoup d’images sur toile avant de me concentrer sur l’une d’entre elles. De ce fait, ces deux supports collent très bien à ma méthode de travail.

Avez-vous des mentors en matière de peinture? J’ai eu un grand nombre de professeurs géniaux à l’école des beaux-arts. F. Scott Hess a été d’une aide toute particulière : j’avais tendance à vouloir faire des images très chargées. Il m’a appris que beaucoup plus de choses pouvaient être exprimées avec beaucoup moins (que la simplicité pouvait exprimer beaucoup de choses). Ce fut une leçon d’une très grande valeur.

Comment travaillez-vous vos toiles?A partir d’images, de modèles? Ou les images sont-elles uniquement le fruit de votre imagination?
D’habitude, l’origine de mes idées vient de ce que je vois dans la “vraie vie”. Ensuite j’en fais des croquis (de mémoire). Je dessine un grand nombre de croquis sur feuilles volantes. De ce fait, il m’est possible de voir un grand nombre d’entre eux en même temps – je peux les juxtaposer. Souvent les idées se combinent de cette façon-là. Oui, c’est ainsi : lorsque je fais une peinture ou un dessin, je les élabore à partir d’un croquis et les continue à partir de mon imagination.
Les photos entrent en jeu si nécessaire, mais je préfère travailler à partir de mon imagination.

Vos paysages bucoliques mêlent réalisme et onirisme : l’expression picturale d’un grand rêveur? 
Un rêveur, oui, mais je rêve mieux avec un pinceau dans la main (sourire). Les images arrivent ensemble petit à petit. De ce fait c’est toujours une surprise pour moi de voir à quoi cela ressemble à la fin.

Dans vos œuvres, on trouve de nombreux portraits : certains en noir et blanc, d’autres en couleurs…quand et pourquoi décidez-vous qu’un portrait sera en noir et blanc? J’aime travailler en noir et blanc, particulièrement les portraits. La couleur peut être une distraction. Mon but est de rendre l’image pure et singulière ; souvent, lorsque je finis une peinture, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup trop de couleurs. De ce fait, je pense que je me dirige davantage vers des œuvres monochromatiques en général.

Vos toiles font l’effet d’apparitions que vous auriez eu… d’images que vos promenades champêtres feraient naître dans votre imagination… Peindre est une forme de voyage. C’est une expérience directe, comme faire une randonnée ou avoir une conversation. Durant toute ma vie j’ai dû affronter des personnes qui pensaient que je passais trop de temps dans mon studio, et pas suffisamment à l’extérieur ( « en expérience de vie »). Peindre est à la fois une réaction face aux expériences extérieures et intérieures.

Beaucoup montrent des êtres solitaires…ce qui rend vos personnages plus touchants, plus fragiles aussi? Les peintures sont des histoires, et les histoires que je souhaite raconter ont généralement un seul protagoniste. Du fait de cela, je trouve que les personnages sont fragiles et courageux. L’antagoniste de l’histoire est généralement une force invisible, ou un environnement contre lequel il faut se battre, à l’instar d’un vent violent.

Vos toiles sont narratives: elles réveillent des histoires étranges dans la tête du lecteur…des histoires qui ont souvent d’intrinsèques rapports avec la mort… on se trompe?
Je me pose des questions sur la nature de ma vie, et ce qui se passera après ma mort. La mort est l’une de mes préoccupations depuis que je suis petit.
Je suis vraiment attiré par ce qui est mystique, surnaturel, peut-être afin de trouver une réponse à ce qui se passera après ma mort, bien que je sache cela impossible. Cela me permet au moins d’avoir l’impression d’approcher davantage ces « mystères ». J’ai le sentiment que la réponse se trouve quelque part dans les parties anciennes et sombres de la nature, où les choses sont immortelles. Et si je ne trouve pas de réponses, je veux, au moins, pouvoir aller en ces lieux.

Pouvez-vous nous expliquer le titre de votre dernière exposition  » Solstice »?
Un solstice est un moment entre une saison et celle d’après, entre une chose qui se termine et une autre qui n’a pas encore commencé. Un moment de quiétude, une respiration temporaire. Un moment que je souhaite figer à jamais en images.

Enfin, vous venez de publier un ouvrage  » The Well HC ». Qu’y trouve-t-on? En France, est-il possible de l’obtenir autrement que sur Amazon?
Vous pouvez le commander sur le site : www.idwpublishing.com

Le site d’Aron Wiesenfeld

Traduction de l’américain : Gaëlle Der Hagopian

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