ÔE Kenzaburô : les conversations pleines de sagesse d’un « fils de la forêt »

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Par Félix Brun – bscnews.fr/ Entre 2005 et 2007, 2011 et 2013, le romancier japonais ÔE Kenzaburô, prix Nobel de littérature en 1994, a entretenu une série de conversations avec la journaliste et critique littéraire Ozaki Mariko. Dans ces entretiens, il se dévoile depuis l’enfance, avec une troublante sincérité, sans complaisance, avec sagesse, discrétion, réserve et délicatesse. « L’ensemble de mes romans constitue une expérience qui se superpose à celle que je vis dans ce monde-ci. » L’importante oeuvre de ÔE Kenzaburô sera couronnée de nombreux prix et de la consécration du Nobel 1994.

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L’auteur a neuf ans quand son père disparait : « Ecrire un roman, c’est aussi un moyen de reconstruire sa vision de la vie et de la mort, de continuer à vivre par le biais du roman. » En 1963, naît son premier enfant Hikari qui est autiste ; ce dernier deviendra un musicien et un compositeur reconnu : « Si je dois exprimer aujourd’hui ce que j’ai pensé quand Hikari est né, je dirais : « Ses problèmes sont ceux de la condition humaine. Du moment qu’on est vivant, on avance nécessairement vers une solution. » « 
Du fait de son engagement contre la violence du nucléaire (civil ou militaire) et son antiaméricanisme, ÔE Kenzaburô va être confronté à une série de menaces et de dénigrements : il développe ainsi dans ces conversations une analyse objective et réaliste sur la culpabilité des dirigeants du monde à travers la force nucléaire ; « ….il s’agit au fond d’un problème d’hommes, les choses devraient finir par se résoudre avec le temps, j’ai donc espoir. » Avec l’âge, l’auteur aborde sereinement le problème de la mort, lui qui présente chacun de ses romans comme s’il s’agissait du dernier. « Je me rends compte que je peux maintenant envisager ce que la disparition dans la mort a de naturel. Cela dit, quand elle se présentera vraiment devant moi, rien n’exclut que je pense autrement. » ÔE Kenzaburô aime se ressourcer dans la forêt, protégé par les arbres; ces entretiens sont riches d’émotions et de vérités.

« J’ai construit une théorie comme on fabrique un objet avec des allumettes, et j’ai su plutôt bien la recouvrir de la chair que constitue le roman. »

ÔE Kenzaburô, l’écrivain par lui-même. Entretiens avec Ozaki Mariko.
Editions : Philippe Picquier

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