Philippe-Henri Turin et Charles, le dragon aux écailles d’or

par
Partagez l'article !

Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Charles est un dragonnet atypique. Si, comme tous les autres dragons de son âge, il doit apprendre à voler et à cracher du feu, il préfère de loin remplir ses cahiers de poèmes. En plus, ses « ailes de géant » ne lui facilitent pas son apprentissage du vol. Charles est né le 9 avril 1821, le même jour qu’un certain Baudelaire avec qui il partage le goût de l’Idéal et le Spleen de la terre ferme. Mais attention! N’allez pas imaginer que ce dragon va rebuter les jeunes enfants par son caractère poète et ses mots inspirés. Charles a beaucoup de succès auprès des petits et de leurs parents…et comme on les comprend! D’ailleurs, pour vous, on a rencontré son auteur ,Alex Cousseau, et on vous offre, avant que vous ne filiez offrir l’album à tous les bouts de choux que vous aimez, un feu d’artifices de couleurs en accompagnement de ses réponses pertinentes !

Partagez l'article !

Comment avez-vous conçu le dessin de Charles?
Ohlala, quelle question!!! Et il va falloir que je fasse court. En fait, ce petit dragon est né après la parution d’un livre chez Belin , intitulé « Tendres Dragons », dont le texte est plutôt fait pour les grands et sur lequel j’avais travaillé un peu plus de deux ans. Long et difficile travail de recherches et de dessins. C’est un ouvrage (écrit par Sylvie Chausse) qui me tient beaucoup à coeur. Souvent, dans les salons du livre, j’entendais des parents qui disaient que son texte était trop long ou que leur fillette ne s’intéressait qu’aux princesses… Bref je sortais de là un peu vexé. Et un matin, dans l’atelier, j’ai pris une petite feuille de papier et j’ai griffonné une horreur, un dragon mal fait pour les enfants, tellement nul que je l’ai jeté. Puis sur une deuxième feuille, j’ai tracé une tête de dragon chinois, un peu simplifié. Puis j’ai dessiné un petit corps et des petits bras et des grands pieds… Et surtout d’immenses ailes. Et le voilà, Charlie Charlot !
D’où pouvait-il bien venir le bonhomme? Peut-être de tout le travail fait sur « Tendres Dragons » et résumé en un seul petit croquis. Que je n’ai pas retouché. C’est ce qui explique qu’à cette heure, il m’est parfois impossible de lui faire faire certains gestes tout simple. Bras trop courts. Jambes trop courtes. pieds trop longs. Ailes encombrantes. Et ses moustaches. Et ses cheveux bleus et flasques qui ont leur propre vie comme les ailes du casques d’Astérix. Et toutes ces écailles… Bref il faudrait un meilleur dessinateur que moi pour arriver à lui donner une vie plus agréable.

Pourquoi des écailles jaune or ?
Comme il était en partie un dragon asiatique, chinois, j’ai pensé que l’or serait parfait comme pour le dragon qui a emporté le premier empereur chinois dans l’autre monde. Et le bleu allait bien avec tout ce jaune. Mais tout ça s’est créé d’une manière assez instinctive comme pour son aspect. Je fais peu de croquis au préalable. Mauvais ouvrier! mais cette fois, je n’en ai pas fait du tout. Aïe aïe aïe…

Vos images sont un feu d’artifice de couleurs… Diriez-vous que c’est une des raisons qui expliquent le succès de Charles ?
Il semblerait que ce soit un tout. les couleurs, les détails, le dessin… Les enfants restent souvent scotchés sur la page de garde du premier album. En tout cas, même si je mets beaucoup de couleurs, j’essaye de rester harmonieux. J’espère y arriver. Mais le prochain sera plus « monochrome ». Charles traverse un pays détruit, boueux, sous un ciel d’orage de plus en plus sombre… Jusqu’à ce qu’il tombe sur … Il faudra attendre l’année prochaine. Certains enfants dans les écoles où j’interviens ont déjà vu quelques illustrations et leur enthousiasme me ravi. Celui des adultes également.

Avez-vous cherché de votre côté à faire des clins d’oeil aux diverses références littéraires d’Alex Cousseau ? Ou vous êtes-vous simplement laissé porter par la magie de ce texte?
Je me laisse porter et en même temps, nous discutons longuement des histoires. On connait déjà quelques thèmes pour les prochaines aventures. Le seul problème est que je suis lent, trop lent…

Vos images sont denses, fourmillent de détails… Est-ce intrinsèque à votre style ou avez-vous déjà dessiné des albums de façon épurée?
La technique d’encre et de dessins monochomes fait avant le passage en couleur me permet de créer tous ces détails. Il y a longtemps, lorsque je peignais directement à la gouache ou à l’aquarelle, j’avais plus de mal, et mon style était plus lourd. Et surtout je crois que je suis un tardif. il m’a fallu des années pour arriver à ce style. Quand je regarde certains auteurs, jeunes, et déjà si extraordinaires, je les envie. Mais je peux dessiner moins fouillé. je l’ai déjà fait, bien que je saurais jamais dessiner des croquis enlevés. J’admire toux ceux qui sont capables en deux traits de donner la vie…

Lorsque vous dessinez des dragons, on reconnaît les stigmates de la culture picturale chinoise… un hasard ? C’est la première fois qu’on vous le dit?
Non, non, ce n’est pas la première fois. J’aime les dragons asiatiques, leurs formes, la manière des artistes chinois, même si j’en suis loin. Tout ça est le résultat du long travail de recherches sur « Tendres dragons ». Charles est l’aboutissement de vingt ans de création. Et je suis content quand des enfants viennent me parler de ce petit dragon comme s’il était vivant, attendant quelque part, au sommet d’une montagne, de pouvoir s’envoler sur un écran de cinéma…

Enfin, travaillez-vous sur d’autres albums actuellement? Qui parlent eux aussi de dragons?
Je suis en train de dessiner le troisième Charles. Il faut qu’il soit fini pour mars. Et j’ai un retard monstrueux… Ce qui est normal quand on dessine des monstres ailés et des gros cochons…

Charles apprenti dragon
Alex Cousseau & Philippe-Henri Turin
Editions: Seuil Jeunesse
104 pages
Dès 5 ans
Prix: 16€
En librairie le 17 octobre 2013

A lire aussi:

Alex Cousseau et Charles, l’albatros-dragon

David Sala : La Belle et la Bête raconte « l’impossibilité de devenir un être humain entier sans amour véritable »

Mireille et le petit garçon qui rêvait de voler

Au pays des dragons bleus, le feu n’a qu’à bien se tenir!

Catherine Cuenca: l’art du roman jeunesse historique

Antoine Guiloppé : l’art délicat de la découpe

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à