Nicolas Jarry

Nicolas Jarry : un auteur de bd d’héroïc-fantasy à rencontrer

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Après avoir suivi des études universitaires à la faculté de Biologie de Bordeaux, Nicolas Jarry choisit de s’essayer à la littérature. Son premier ouvrage se nomme les Chroniques d’un guerrier Sînamm, un cycle de fantasy (éditions Mnémos). Aux éditions du Rocher, il a co-écrit ensuite avec France Richemond, une saga historico-mythologique : « Sphinx » (t. 1) et « Le peuple de la mer » (t. 2) et est l’auteur d’une trilogie de fantasy : « Le Loup de Deb ». C’est au Festival du film fantastique de Bruxelles qu’il rencontre Jean-Luc Istin ( dessinateur, scénariste et directeur de collection aux Éditions Soleil que nous avons reçu il y a quelques mois dans le magazine) avec qui il créera les « Brumes d’Asceltis ». Co-fondateur de la série Elfes avec ce dernier, créateur de la Série ‘Troie’ avec le dessinateur Campenella Ardisha et auteurs de 7 albums avec le dessinateur Djief de la série  » Le crépuscule des dieux », Nicolas Jarry est un spécialiste de la bande-dessinée d’héroïc-fantasy que nous sommes heureux de vous présenter!

propos recueillis par

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Fantasy, légendes et mythologie, des univers qui semblent vous convenir parfaitement… Qu’est-ce qui vous en a donné le goût? Votre « ennui du quotidien » et un besoin fort d’évasion?
L’ennui du quotidien ? J’ai dû écrire ça dans une interview, il y a une quinzaine d’années… non, aujourd’hui je trouve le quotidien tout sauf ennuyeux. J’ai commencé à écrire de la fantasy je devais avoir une quinzaine d’années. J’étais un gamin assez solitaire et mes jeux étaient peuplés de toutes sortes de créatures et d’ennemis imaginaires, de lieux lointains et d’épreuves improbables… Quand j’ai découvert mon premier roman de fantasy, vers quatorze ans (les princes d’ambres), j’ai pris une claque. Ca m’a ouvert tout un univers dans lequel je me suis engouffré. Depuis ça ne m’a pas lâché…

Vous souvenez-vous d’un mythe ou d’un héros qui vous ait particulièrement fasciné et qui ait déclenché votre intérêt pour la mythologie?
J’ai découvert la mythologie, qu’elle soit nordique, celtique ou grec assez tard. J’y suis vraiment venu après avoir travaillé sur Le trône d’argile, une série historique. J’ai compris à ce moment-là que l’histoire, ou la mythologie pouvaient être des matériaux fascinants pour donner une dimension supplémentaire aux scénarios…Mais pour être honnête, j’ai lu Le seigneur des Anneaux peu après les Princes d’Ambres… donc, sans le savoir, j’étais déjà dans un univers profondément mythologique. Tolkien a fait un travail incroyable dans ce sens.

Si vous deviez citer une oeuvre essentielle pour vous dans le domaine fantastique, laquelle serait-ce et pourquoi?
Sans Tolkien, le monde du fantastique aurait un tout autre visage. Le seigneur des anneaux a servi de fondations sur lesquelles des générations continuent de s’appuyer… Mais si je n’avais à choisir qu’un livre, il s’agirait de Dune qui m’a hanté et continue de me hanter comme quelque chose de vivant. Pourquoi ? Pour tout vous avouer, j’étais amoureux de Chani, la compagne de Paul… vraiment. Et je crois que je le suis encore un peu.

Comment êtes-vous devenu scénariste?
J’écrivais des romans et Jean-Luc Istin a croisé ma route (ou j’ai croisé la sienne), il a lu un de mes livres, il a aimé, il m’a demandé de lui écrire une histoire… Avec le recul, c’était vraiment osé, je ne connaissais rien à la BD et je ne savais pas construire une intrigue. Mais au final, on a fait Les brumes d’Asceltis et les lecteurs ont aimé. Comme quoi, parfois la passion peut compenser l’inexpérience !

Vous êtes en effet l’auteur de plusieurs romans, notamment de fantasy; comment vous êtes-vous familiarisé avec l’écriture d’un scénario ? ( qui répond à des codes, des règles bien spécifiques on imagine…)
C’était à une époque où il était plus facile d’entrer dans le milieu et on vous laissait faire quelques erreurs. C’était une bonne chose, vu que des erreurs, j’en ai fait quelques-unes ! Le plus dur a été de se structurer. Ecrire un roman laisse une grande liberté, un scénario demande une construction, un rythme bien particulier. Les premiers temps, j’ai du faire confiance à mon intuition et demander un peu d’aide à droite à gauche. Puis, petit à petit on apprend, on comprend, un peu comme artisan qui apprend le geste juste.
Quels sont les secrets d’un scénario efficace selon Nicolas Jarry? ou du moins, qu’est-ce qui est rédhibitoire?
Un scénario est efficace quand, en une phrase, vous pouvez donner envie à votre directeur de collection qui, en prenant de l’âge, devient de plus en plus difficile… (je t’aime Jean-Luc!)
Ce qui est rédhibitoire ? Les scènes que l’on écrit pour faire « avancer » l’histoire… on en écrit tous, mais il faut avoir le courage de les effacer et de recommencer. Ce sont les personnages qui font avancer l’histoire et non le scénariste par quelques artifices…

Vous êtes le co-créateur de la série-concept Elfes avec Jean-Luc Istin ; qu’est-ce qui explique ,selon vous, le succès de cette série?
Cette série me fait penser à Asceltis. On a décidé ça sur un coup de tête. On ne savait pas trop ce qui allait en ressortir. On n’a pas trop balisé le projet et on s’est contenté d’avancer nos pions au gré de nos envies et des besoins… Chacun a pu, du coup, s’y exprimer librement, se faire plaisir, tout en sachant qu’il y avait un vrai enjeu. Il y a ça et le talent des auteurs, bien sûr.

Avez-vous une préférence pour un des albums? et si oui, pour quelle(s) raison(s)?
J’ai un petit coup de cœur pour le dessin des elfes blancs. Le scénario doit aussi y être pour quelque chose.

La série « Le crépuscule des dieux » en est à son huitième tome, c’est bien ça? et, comme Tolkien, elle revient sur l’histoire des Nibelungen?
Oui… comme Tolkien, mais aussi Wagner. La mythologie scandinave est fascinante. Il est dommage que sous nos latitudes elle ne soit pas vraiment connue, sans doute parce qu’elle n’est pas aussi accessible que la mythologie grecque ou romaine… ne serait-ce qu’à cause des noms qui sont un peu retors pour nos esprits latins.

Rappelleriez-vous à nos lecteurs qui est Odin?
Odin, Wotan, Alfadir,(le père de tout). C’est le seigneur des dieux, père des Ases. Il règne sur les neuf monde depuis son palais, le Walhalla… C’est un dieu à la fois sage et retord, capable de tout pour arriver à ses fins. Il est complexe de par sa nature, comme tant d’autres protagonistes de la mythologie scandinave. J’aime beaucoup ces dieux qui sont, par bien des aspects, plus humains que les mortels.

Les légendes nordiques sont complexes et nécessitent une connaissance approfondie des divinités, lieux, peuples d’où un travail documentaire conséquent pour chaque tome on suppose? Ou bien êtes-vous aujourd’hui suffisamment passionné ( et donc connaisseur) dans le domaine pour pouvoir improviser à partir de cet univers familier?
Le travail de doc vient en amont, après on doit toujours effectuer de petite vérification, mais il est essentiel de maîtriser son sujet avant même d’écrire la première ligne de son synopsis. `C’est à cette condition que l’on peut s’autoriser quelques petites improvisations (tout en restant dans les clous)…

Enfin, parlons de la série « Troie ». L’objectif est d’y raconter des épisodes précédant la bataille ainsi que la bataille elle-même , c’est bien ça? Combien de tomes sont-ils prévus?
Quatre tomes. Le prochain clôturera l’histoire. La bataille n’est pas forcément le point de mire, le plus important étant les personnages. Cette saga étant plus recentrée sur les mortels, comparé au Crépuscule des dieux.

Dans ces albums, vous revisitez le mythe, c’est à dire qu’il n’y a aucune volonté de « coller » aux récits existants et que vous y insérez d’autres éléments mythologiques qui n’ont rien à voir avec la guerre de Troie?
Oui, l’exercice est périlleux, je cherche toujours à me raccrocher aux mythes contemporains de Troie, mais en imaginant une autre facette de cette guerre. j’essaie de m’amuser avec un grand classique sans trop choquer les lecteurs, finalement..

Ce qui vous séduit, dans les histoires que vous racontez, c’est surtout que les histoires des hommes et des dieux soient toujours intimement mêlées?
Oui… qu’il en ait conscience ou non, qu’il la recherche ou qu’il la rejette, l’homme est toujours confronté à la part de divin qui est en lui… Les dieux eux, sont confrontés à leur part d’humanité. C’est une sorte de chassés-croisés…

Vous écrivez autour de légendes polythéistes… avez-vous envisagé un jour de vous pencher sur des légendes de peuples monothéistes?
Joker ( Clin d’oeil)

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX
NICOLAS JARRY
EDITIONS SOLEIL
17,95 EUROS – 480 PAGES

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