Une parenthèse musicale à Saint Petersbourg
Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ A l’occasion du 400e anniversaire de la dynastie des Romanov, la salle Gaveau a accueilli l’orchestre Confluences accompagné de l’éminent pianiste franco-russe, Mikhaïl Rudy.
Au programme de cette soirée thématique, les compositeurs Moussorgski et Tchaïkovski ont été mis à l’honneur à travers des extraits d’oeuvres telles que Gnomus, La grande porte de Kiev ou l’ouverture de Roméo et Juliette. Parallèlement à ce voyage musical, l’écrivain Vladimir Fédorovski a offert au public une traversée littéraire au sein des mystères de Saint Petersbourg: durant près d’une heure trente, il a évoqué la fondation de cette sublime ville par Pierre le Grand, la mise en place de son architecture fantasmagorique sous Elisabeth et Catherine II, l’émergence de ses peintres et de ses écrivains, mais aussi son triste déclin avec l’arrivée de Lénine…
Malgré son discours bohème et désordonné, Vladimir Fédorovski a séduit l’assistance par le biais d’anecdotes sur « L’amour à la cosaque » ou « la nécessité réelle qu’avait Napoléon de se rendre jusqu’à Moscou… ». Evoquant les Ballets Russes de Diaghilev ou l’influence de Marius Petipa sur les théâtres du Ballet Impérial, il a mis en avant cette symbiose culturelle franco-russe sans laquelle nos deux pays ne pourraient aujourd’hui se vanter de leurs patrimoines respectifs.
D’un point de vue musical, l’un des exemples les plus représentatifs de cette fusion entre la France et la Russie a été l’adaptation orchestrale par Maurice Ravel des Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgski. Cette oeuvre qui évoque la visite imaginaire d’une collection d’art, a dominé les deux parties de la soirée. Elle a tout d’abord été jouée dans sa version pianistique originale par Mikhaïl Rudy qui a souhaité rendre hommage au spectacle visuel réalisé en 1928 par le peintre Kandinsky: à partir des dessins préparatoires de l’artiste, une projection vidéo a recouvert les murs de la salle Gaveau et entrainé le public dans une promenade de sons et de couleurs les plus hypnotiques. Entre un Ballet des poussins piaillant et ludique, une évocation de la Baba Yaga aux dissonances maléfiques et un dernier mouvement solennel dédié à la Porte de Kiev, cette composition kaléidoscopique de Moussorgski a ensuite cédé la place à la version orchestrée de Ravel. Dirigeant ses musiciens avec fougue et passion, le chef d’orchestre Philippe Fournier a fini la soirée autour du Sacre du Printemps de Stravinsky et de la symbolique ouverture 1812 de Tchaikovsky : pour ceux qui ne le savent pas, cette dernière comporte au sein de sa mélodie l’hymne français de la Marseillaise!
Serait-ce un clin d’oeil subtil à la victoire russe qui conclut les guerres napoléoniennes ou une invitation à ne plus créer de conflits entre nos deux pays? Vladimir Fédorovski opte définitivement pour la seconde proposition, selon ses dires : « La rupture historique entre la France et la Russie est impossible » et de rajouter « Il faut aussi éviter toute guerre civile en Ukraine ». Bon sang ne saurait mentir!
Les mystères de Saint Petersbourg
Orchestre Symphonique Confluences dirigé par Philippe Fournier
Récitant: Vladimir Fédorovski
Piano: Mikhaïl Rudy
A la salle Gaveau ( Paris) le 23 mai 2014
Prochaine date: le 27 mai 2014 à 20h – Gare du Midi (Biarritz)
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