
Roland Gori : lorsque la philosophie rencontre la psychopathologie et la psychanalyse
Par bscnews.fr/ A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage « Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ? » (Éditions Les Liens qui Libèrent), le psychanalyste et Professeur Émérite Roland Gori a accordé une interview épistolaire à notre journaliste Sophie Sendra. Lorsque la philosophie rencontre la psychopathologie, la psychanalyse, le débat autour du bonheur et de la liberté s’engage. Entre langage et concept, bon sens et humanisme, critiques et poésie, Roland Gori nous pousse à réfléchir sur la condition humaine, le monde dans lequel nous vivons, sur le lien social et notre relation à l’Autre.
Le 04 Mars 2014
Cher Roland Gori,
C’est à l’occasion de la lecture de votre ouvrage Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ? (Éditions Les Liens qui Libèrent, 2013) que je me suis dit que je n’avais jamais entretenu de relation épistolaire avec un « psy ». Ce dernier terme n’est pas péjoratif, mais reflète votre parcours lié à tout ce qui concerne le psychisme humain. Ce qui m’a interpelé dans votre ouvrage c’est tout d’abord le titre : évocateur d’une philosophie plus que d’une psychanalyse au premier abord. C’est une question qui pourrait être posée aux futurs bacheliers ! On ne s’attend pas à retrouver une critique de vos propres collègues psychiatres ou encore des nouvelles technologies que nous qualifions de « progrès techniques », mais qui n’ont rien de progressistes selon moi… en tout cas dans la relation à l’autre et au monde. Être « mondain », au sens propre du terme, c’est autre chose…Ce qui m’intrigue également c’est le terme « culpabilité ». Vous exprimez l’idée selon laquelle la technologie « disculpe » celui qui l’utilise – vous pensez aux réseaux sociaux et à leurs dérives sans doute – et propose ainsi une forme de « négation » de l’autre : selon vous il faut reconquérir la culpabilité afin de ne pas oublier la présence – même virtuelle – d’autrui, cet alter ego, cet autre nous-même. La notion de « culpabilité » fait appel à un sentiment religieux selon lequel il faudrait se sentir en faute ; celle-ci a également fait partie d’une « stratégie » politique pour mieux tenir les peuples. A ce mot de « culpabilité », je préfère celui de « responsabilité » qui fait écho à la notion de citoyen autonome dans sa pensée. De plus, la psychanalyse a été peu avare de cette « culpabilité », en insistant sur celle des mères vis …