
Christian Benedetti : « Changer la façon de faire ne suffit pas si elle ne met pas en perspective une autre façon de regarder et de voir. »
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Acteur et metteur en scène, Christian Benedetti est également le directeur du Théâtre-Studio à Alfortville depuis 1997. Après le Conservatoire de Marseille, il poursuit sa formation théâtrale au Conservatoire de Paris et a pour professeur Antoine Vitez avec lequel il aura l’occasion ensuite de partager la scène.
Dirigé par Marcel Maréchal, Jean-Pierre Bisson, Marcel Bluwal,Otomar Krejca ou encore Sylvain Creuzevault, il a notamment mis en scène de nombreuses pièces d’auteurs étrangers comme Edward Bond, Sarah Kane, Fausto Paravidino, Ferenc Molnár, Biljana Srbljanović, Gianina Cărbunariu ou encore Anton Tchekhov. A ses tout débuts au Conservatoire, Christian Benedetti avait monté la Mouette. 32 ans plus tard, il a choisi de retravailler ce texte du dramaturge russe et part en tournée également avec Oncle Vania. L’occasion de l’interroger sur ses choix avant d’aller rencontrer Vania, Sonia, le professeur Serebriakov, Treplev et Nina…
Vous aviez déjà monté La Mouette en 1980 ; pourquoi le désir de remonter cette pièce? Parce que c’était une mise en scène « de jeunesse » et que vous souhaitiez parfaire et retravailler un texte qui vous tenait à coeur?
Exactement. Revenir à ce texte comme à des origines pour mesurer le chemin parcouru, voir les écarts, les fidélités et les trahisons,… ce qu’il reste à faire.
D’Anton Tchekhov, vous avez également mis en scène Oncle Vania et les Trois Soeurs…Pourriez-vous nous dire ce qui vous séduit dans l’écriture du dramaturge?
Pour moi la question fondamentale au centre de l’oeuvre de Tchekhov, et reprise comme titre par Giorgio Agamben, c’est » Qu’est-ce que le contemporain? « .
Avec LA MOUETTE, Anton Tchekhov interroge nos capacités, nos moyens et nos obligations. Quelle forme pour quel théâtre aujourd’hui ? « Il faut des formes nouvelles. Des formes nouvelles, voilà ce qu’il nous faut, et s’il n’y en a pas, alors, tant qu’à faire, plutôt rien. » Changer la façon de faire ne suffit pas si elle ne met pas en perspective une autre façon de regarder et de voir. Faire bouger celui qui regarde, le faire changer de point de vue. Sur la place du spectateur, il y a un combat à mener avec le théâtre et l’acte de création en général, c’est …