Le Bois du rossignol : le pays des cendrillons ?

par
Partagez l'article !

Par Félix Brun – bscnews.fr/ Dès les premières pages du livre, le lecteur a l’impression de pénétrer dans un musée provincial de l’époque victorienne. On y découvre la bourgeoisie anglaise engluée dans ses principes et un puritanisme qui contraste avec la volontaire désobéissance des jeunes générations attirées par la Londres de l’entre-deux-guerres(1919/1939). L’archétype de la « bonne société » va s’effondrer peu à peu à travers les aventures amoureuses de Viola et Tina. Le roman expose une galerie de personnages qui illustre, avec précision et humour, cette société britannique en pleine évolution.

Imaginez un maître de maison qui ne vit que de ses rentes et de ses placements financiers, suintant la pingrerie et la mesquinerie ; il dirige avec autorité et sans concession une maisonnée de femme, filles et belle-filles, prisonnières des bonnes manières, des préjugés et des traditions, résignées à paraître, à faire semblant et à glisser dans l’oisiveté. Tout est question d’argent, les hommes de la bonne société – par opposition aux hommes du commun- , s’enrichissent dans l’indifférence , l’égoisme outrancier et l’opportunisme déplacé : « L’argent change décidément beaucoup de choses « . La rebellion contre cette caste guindée et d’un autre temps est incarnée par Tina, la fille qui épouse le chauffeur :« Elle avait déshonoré sa famille et trahi sa classe » ,et Viola la jeune veuve qui va épouser un « prince charmant ». Une satire sociale délectable où la « conformité de la femme », l’épouse potiche « et surtout si docile et peu désireuse de dominer et de briller », est remise en cause dans un conflit de générations et une Angleterre en pleine transformation. L’émancipation prend racine et l’amour triomphe.

Titre : Le Bois du rossignol
Auteur : Stella Gibbons
Editions: Héloïse d’Ormesson

A lire aussi:

New-York : Jean Zimmerman revient aux origines dans un roman

Véronique Olmi : un mélodrame familial réussi

L’hypothèse des saisons et la part de nos vies blessées

Bugarach, le mystère de la femme à l’oiseau: Une histoire qui sent le soufre

Un roman plein de vie, grinçant et peu ordinaire

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à